La Thaïlande est une destination de rêve attirant chaque année de nombreux visiteurs. Un des points forts de l’économie thaïlandaise. Pourtant la crise politique qui touche le pays depuis trois mois pourrait avoir de lourdes conséquences sur l’économie du royaume, et particulièrement Bangkok.
Après trois mois de crise politique en Thaïlande, les conséquences sur l’économie du pays commencent à se faire sentir : selon l’agence Bloomberg, les investisseurs étrangers ont retiré 3 milliards de dollars de la bourse thaïlandaise depuis que les protestations ont commencé le 31 octobre.
Pour la première fois depuis le début de la crise politique en 2006, le président de Toyota Thaïlande Kyoichi Tanada, a exprimé des réserves sur les futurs investissements de la société japonaise.
“Notre nouvel investissement en Thaïlande pourrait ne pas voir lieu si la crise politique actuelle s’éternise”
a déclaré Tanada le 20 janvier au cours d’une conférence de presse, à propos de la construction d’une nouvelle unité de production de 20 milliards de baht (609 millions de dollars) en Thaïlande.
La prudence des investisseurs étrangers
La situation actuelle, qui n’est pas sans rappeler la crise de 2010, contribue à l’instabilité politique du royaume, rendant aussi son économie plus vulnérable aux aléas conjoncturels de l’économie. Les craintes que les mouvements d’oppositions au gouvernement dégénèrent de nouveau en bataille rangée (en 2010 la répression des manifestations avait fait 90 morts et près de 2000 blessés) provoquent de nouveau la méfiance des investisseurs.
“Il y a une sortie générale des marchés émergents, mais elle a été probablement plus prononcée en Thaïlande”
selon Igor Arsenin , directeur des marchés émergents chez Barclays Plc, cité par l’agence Bloomberg .
“S’agit-il juste d’une aversion au risque temporaire, ou d’une réduction plus permanente des investissements en Thaïlande, c’est un peu trop tôt pour le dire. “
Si le conseil national du tourisme se montre inquiet (ce dernier prévoit en effet une perte de 22,5 milliards de bahts pour le premier trimestre de 2014 si la situation politique ne se stabilise pas au plus vite), ce n’est apparemment pas le cas pour tout le monde.
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Bangkok n’est pas la Thaïlande
L’immobilier, par exemple, ne semble pas quant à lui être victime outre mesure de cette crise. Company Vauban, une agence immobilière francophone basée dans différentes villes du pays dont Bangkok, n’a pas enregistré de réelles baisses de ventes ou de location ces trois derniers mois, selon Thibaut Marhuenda, directeur marketing de la société.
Les problèmes concernent principalement Bangkok, les autres destinations touristiques de nos clients ne sont pas concernées. Et les événements sur Bangkok sont aussi assez localisés. On fait nos visites comme d’habitude et les clients ne semblent pas être aussi préoccupés car c’est assez bon enfant finalement à part des événements isolés. Donc il faut pas tomber dans le piège du sensationnel. De plus avec la crise politique le taux de change est assez intéressant.« Mais les entreprises qui envoient leurs expatriés nous demandent tout de même comment ça se passe à Bangkok en ce moment »
a-t-il ajouté.
L’entreprise a même enregistré une légère hausse de la demande à Phuket, dans le sud, qui reste loin de l’agitation de la capitale.
Les hôtels ont pourtant eux ressenti une baisse conséquente depuis ces trois derniers mois, allant jusqu’à 50% d’annulations dans les quartiers les plus touchés par les manifestations.
Au-delà des annulations de la part de certains touristes inquiets de venir dans un pays en pleine révolte, un des gros problèmes rencontrés par les entrepreneurs est celui de la circulation difficile à cause des blocages des manifestants.
François Lecouvez, gérant du restaurant français Le Petit Zinc à Bangkok, a lui aussi relevé un léger ralentissement ces derniers temps, particulièrement en décembre, lorsqu’un couvre-feu a été mis en place.
« Notre clientèle est constituée à 50% de Thaïs et 30% de Français, le reste venant d’un peu partout. On ressent les conséquences de la crise politique car les Thaïs, qui viennent en voiture, ne peuvent plus circuler à cause des manifestants qui bloquent les rues. En décembre, nous avions des tables de 8-10 qui annulaient la veille leurs réservations.»
L’Alliance française qui regorge d’habitude d’une foule de visiteurs était quasiment déserte ce lundi 27 janvier. En effet, elle se trouve en plein cœur de Lumphini, l’un des quartiers les plus occupés par les manifestants. De quoi décourager même les plus motivés qui n’ont pas envie de rester bloqué des heures dans les embouteillages.