Le gouvernement d’Abhisit semble apparemment décidé à s’attaquer à une pratique assez répandue en Thaïlande : la vente de bien piratés, ou plus exactement contrefaits. Le marché de nuit de Patpong fait partie des ces quelques endroits de Bangkok, où il est possible de se procurer des montres, des sacs, et toutes sortes de biens ornés de sigles de marques connues, pour un prix défiant toute concurrence.La pratique de la copie plus ou moins légale n’est certes pas nouvelle en Thaïlande, loin s’en faut, mais cette fois le gouvernement thaïlandais veut montrer qu’il est décidé à aller de l’avant en ce qui concerne la répression à l’égard de marchandises piratées et les violations de propriété intellectuelle. Quitte à devoir employer la manière forte.

Évidemment cette politique n’est pas très appréciée par les vendeurs de Patpong, qui ont accueilli les fonctionnaires du ministère du Commerce à coup de bâtons,  et en leur jetant des bouteilles de verre et des pierres.

Selon certains témoignages, des coups de feu ont même été tirés pour dissuader les fonctionnaires. Environ 10 fonctionnaires ont été blessés dans la mêlée, dont un est dans un état grave. Les agents du ministère du commerce ont cependant eu le temps d’arrêter plusieurs vendeurs (qui seront plus tard libérés sous caution), et confisqué quatre camionnettes de marchandises, le plus souvent des copies de sacs et de vêtements.

Le gouvernement a déclaré que la lutte contre le piratage devrait se poursuivre, et les vendeurs peuvent s’attendre à d’autres descentes dans les jours qui viennent.

“Le gouvernement doit continuer de mener à bien sa politique visant à réprimer les marchandises piratées, et la lutte contre le piratage est bien une politique de ce gouvernement.”

a déclaré Mr Alongkorn, le vice-ministre du commerce de Thaïlande.

Toutefois, le gouvernement devrait également prendre des mesures contre tout fonctionnaire qui a utilisé une force excessive contre les vendeurs. Cependant, M. Alongkorn a également estimé que les vendeurs qui ont attaqué les fonctionnaires bénéficient de l’appui de personnalités influentes (aucune précision à ce sujet), dont certaines seraient liés à de hauts fonctionnaires de police.

Suite aux incidents du marché de Patpong, le Parti démocrate a demandé au vice-ministre du commerce Alongkorn Ponlaboot de chercher à cibler les producteurs, plutôt que de s’en prendre aux revendeurs. L’initiative a été annoncée hier par le porte-parole démocrate Buranaj Samuttaraks, après quelques 200 commerçants de Patpong se sont réunis devant le siège du parti.

La négociation de produits piratés a coûté au pays plus de 200 milliards de baht par an, toujours selon M. Alongkorn, qui va commander une étude sur les autorités de l’État dans les zones où de grandes quantités de produits piratés sont disponibles, ce qui suggère que les fonctionnaires responsables de la répression ont manqué de motivation dans leur travail.

Le ministère du Commerce a déclaré qu’il allait réprimer le piratage de la propriété intellectuelle après que le United States Trade Representative (USTR) ait mis la Thaïlande sur sa “liste de surveillance spéciale” des nations qui ne parviennent pas à réprimer les violations du droit d’auteur et des brevets, à la fin du mois d’avril. Cette liste comprend aussi la Chine, la Russie, Algérie, Argentine, Canada, Chili, Inde, Indonésie, Israël, le Pakistan et le Venezuela. En vertu de la politique américaine, la liste des pays pouvant être soumis à des sanctions, les barrières commerciales et les embargos.

À Bangkok, l’USTR a identifié cinq quartiers populaires comme les plus «célèbres marchés pour les marchandises pirates” : Pantip Plaza, centre commercial MBK, Klong Thom, Sukhumvit Road et Patpong Road.  Le ministère du Commerce a fixé un délai de 30 jours aux grands centre commerciaux comme le MBK, pour cesser de vendre des produits piratés.

Depuis 2007 la Thaïlande est répertoriée par les États Unis sur leur “liste de surveillance”, qui énumère un certain nombre de pays soupçonnés de ne pas respecter les règles de propriété intellectuelle. Cette classification a depuis le début été considérée comme préjudiciable par le gouvernement thaïlandais. Mais pour le moment, et malgré quelques efforts récents, la Thaïlande reste toujours susceptible de demeurer sur la “US-Priority Watch List (PWL)”, concernant les infractions au droit de propriété et les ventes de contrefaçons. Selon un rapport de l’International Intellectual Property Alliance (IIPA) les pertes commerciales dues à des infractions au droit d’auteur en Thaïlande à s’ élèvent a 219,7 millions de dollars par an.

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