Ce livre n’est pas pour les âmes sensibles, Bienvenu en Enfer vous emmène derrière les barreaux du Bangkok Hilton, la plus tristement célèbre prison de Thaïlande. La chronique autobiographique de Colin Martin est le récit d’un innocent  qui lutte pour survivre à l’intérieur de l’une des plus dangereuses prisons au monde

Après s’être fait arnaquer d’une fortune Colin Martin a tenté, sans succès, d’obtenir l’aide de la police thaïlandaise. Obligé de s’en remettre à lui-même, il a poursuivi l’homme qui l’avait arnaqué, mais il se retrouve alors obligé de se battre. Dans la bagarre, il a accidentellement poignardé et tué le garde du corps de celui qu’il avait poursuivi.

Colin Martin a été arrêté, torturé, on lui a refusé un procès équitable.Il a été reconnu coupable de meurtre et jeté en prison – où il est resté pendant huit ans.
Honnête et souvent dérangeant – mais malgré tout raconté avec un certain humour, Bienvenu en Enfer est l’extraordinaire histoire de la façon dont on a refusé de rendre justice à Colin Martin pendant toutes ces années. Dans cette extraordinaire tranche de vie, il raconte comment il a été arnaqué, son arrestation et la séance de torture qu’il a subie par la police, le procès injuste et les huit années de brutalité et de conditions misérables qu’il a du endurer

Extrait de “Bienvenu en enfer” par Colin Martin

Je viens tout juste d’être libéré de la prison de Lard Yao à Bangkok. J’y ai été emprisonné pour meurtre mais je n’étais pas coupable. J’ai été attaqué par un homme qui essayait de me tuer, je me suis défendu pour sauver ma vie. Qui ne l’aurait pas fait ? Ce qui est arrivé ensuite : l’homme était mort et je me suis retrouvé en prison. Vous avez peut-être déjà entendu des histoires horribles sur la vie dans les prisons thaïes.

Bienvenu en Enfer, la traduction francaise de Welcome to Hell, est un témoignage brutal sur les prisons et le système judiciaire thaïlandais

Moi aussi. Quand on m’a envoyé pour la première fois en prison, j’ai demandé à l’un de mes codétenus, un Suisse du nom de Bruno, si c’était vraiment aussi terrible qu’on le disait.

C’était impossible que ce soit aussi terrible que ça, non ? Bruno a rit sèchement en disant : – Bienvenu en enfer. J’ai passé huit ans en prison et je peux vous le dire, le terme enfer n’était pas exagéré. Tout dépend de la façon dont vous voyez l’enfer. Cette expérience a été pour moi en tout point identique à l’image que je me fais de l’enfer. Pour commencer, je n’aurai jamais dû aller en prison. J’ai été torturé par la police jusqu’à ce que je fasse une fausse confession.

Une fois en prison j’ai été roué de coups sans fin par les gardes. La nourriture était tellement abjecte que j’ai passé des jours et des jours à ne pas manger. J’ai été forcé de porter des chaines aux jambes pendant deux ans. Je suis presque mort de tuberculose parce que les responsables de la prison ne m’ont pas soigné. J’ai vu des choses que personne ne devrai voir.

J’ai vu des prisonniers tués. J’ai vu des prisonniers se violer les uns les autres. C’était un cauchemar éveillé – un de ceux dont je ne peux encore pas sortir. Certains souvenirs de ce qui est arrivé sont plus vifs que d’autres. Un en particulier est vivant dans ma mémoire. Le premier jour de mon arrivée à la prison, on m’a déshabillé, une fois nu j’ai été fouillé avec les autres nouveaux prisonniers.

Les flics, les avocats les gardes et les directeurs de prison chercheront tous les moyens possibles pour vous déposséder de votre argent. Quand j’ai été arrêté, la première fois, on m’a dit que si je payais 300 000 Bahts (environ 7 500 Euros) je serai libéré. Si j’avais payé je serai sorti libre. Mais je n’avais pas l’argent et donc je suis allé en prison. Aussi simple que ça. Je sais maintenant qu’il y a eu beaucoup d’affaires comme la mienne.

Je m’appelle Colin Martin mais ceci n’est pas très important. Ce qui est important c’est ce qui m’est arrivé et ce que vous allez lire – parce que vous auriez très bien pu être à ma place.

En Thaïlande il n’est pas nécessaire de commettre un crime pour qu’on se retrouve en prison. Parfois, ils vous mettent en cabane parce qu’ils pensent avoir une chance que vous payerez quelques bahts – ou bien parce que vous ne pouvez pas payer. Il suffit que vous soyez au mauvais endroit au mauvais moment. Je vais vous donner un exemple. Kevin, un Anglais, rentrait chez lui après une soirée arrosée et s’arrêta pour une dernière bière avant d’aller se coucher. Tandis qu’il était au bar une pute lui fit des avances. Il déclina ses propositions.

Cinq minutes plus tard elle revint – avec un flic derrière elle. Elle accusa Kevin de lui avoir volé ses cigarettes. Kevin fut fouillé et on ne trouva aucune cigarette. Comme cette femme était en plein désarroi, on demanda fort justement à Kevin de sortir 3 000 Bahts pour solutionner l’affaire. Il refusa. Il n’avait pas pris les cigarettes et même s’il l’avait fait, un paquet de cigarettes ne vaut que 30 Bahts Kevin fut arrêté, accusé de vol et envoyé en prison. Il paya au bout de quinze jours d’emprisonnement.

Pour les étrangers c’est toujours pire. S’il y a un argument entre un Thaï et un étranger, c’est l’étranger qui sera arrêté. Mais ce n’est pas parce que les flics prennent parti pour les Thaïs ou qu’ils n’aiment pas les étrangers. J’ai finalement compris que c’est une affaire d’argent. Les étrangers en ont, les Thaïs non. Pour les flics il n’y a aucun intérêt à arrêter un Thaï. Il n’a pas d’argent. Le flic arrêtera toujours l’étranger, parce que celui-ci peut payer. Et il y a fort à parier qu’après un jour ou deux dans le système judiciaire thaï, il le fasse. En Thaïlande la justice n’est qu’une affaire de mathématiques.

Editions Bamboo Sinfonia, 245 pages. Traduit de “Welcome to Hell” par Colin Martin

Bienvenu en enfer est en vente sur Livres de Thailande

 

1 comment
  1. Monsieur Colin Martin raconte hélas une bien triste vérité de la Thaïlande et de son système judiciaire, le farang a toujours tort car il est supposé avoir de quoi alimenter l’argent de poche de certain policer et autres.

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