L’affaire avait pourtant bien commencé. J’avais reçu un coup de téléphone d’une agence de détectives hollandais à Amsterdam avec lesquels j’avais déjà travaillé quelques fois.

C’étaient de bons payeurs et les bons payeurs sont comme les dents des poules dans le métier de détective.

Ils agissaient pour un homme d’affaires hollandais connu qui avait épousé une fille de Bangkok cinq ans auparavant.

L’homme d’affaires avait pris l’habitude d’emmener sa femme dans un restaurant thaï local et il craignait qu’elle ait entamé un rapprochement avec un jeune serveur.

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Les détectives hollandais avaient mis sa femme sous surveillance mais jusque là n’avaient rien trouvé d’anormal dans sa conduite.

Maintenant, elle avait prévu de venir en Thaïlande pour Songkran, le Nouvel An thaï. C’est le moment de l’année où toutes les familles thaïes se rassemblent et l’homme d’affaires était trop occupé à compter ses millions pour partir avec elle.

Un drapeau rouge monta en haut du mât quand les détectives hollandais découvrirent que le serveur thaï avait réservé sur le même vol pour Bangkok.

Il se peut très bien que ce soit une coïncidence mais le Hollandais voulait que je monte une opération de surveillance dès leur arrivée à Bangkok.

Les parents de la fille habitaient à Chiang Mai dans le Nord de la Thaïlande donc la première chose à faire était de vérifier si elle avait réservé une correspondance de Bangkok à Chiang Mai.

Elle n’en n’avait pas mais il se peut qu’elle ait prévu d’acheter le billet à son arrivée, ou qu’elle monte en train ou en bus.

J’ai demandé une description des bijoux et de la montre qu’elle portait en permanence, parce que les photos sont souvent insuffisantes pour aider à identifier les gens et il y aurait plusieurs douzaines de jeunes et jolies filles, toutes avec des cheveux noirs et des yeux bruns, qui descendraient du vol KLM 747 en provenance d’Amsterdam.

Les informations demandées, accompagnées du numéro de son passeport et d’une copie de sa carte d’identité thaïe arrivèrent avec des photos d’elle et une photo du serveur. De plus un acompte conséquent fut transféré sur mon compte à la Bangkok Bank.

Elle devait arriver à Don Muang à onze heures du matin dans deux jours. Le problème c’est que je ne savais pas ce qu’elle allait faire une fois arrivée.

J’ai acheté des tickets en classe affaires sur les trois vols qui devaient partir sur Chiang Mai après son arrivée, au cas où elle déciderait de monter dans le Nord tout de suite après son arrivée.

Mais si elle prenait une voiture pour aller dans Bangkok, j’avais un problème. Il fallait que je sois au Terminal pour vérifier son arrivée et ça voulait dire qu’il fallait que je gare ma voiture dans le parking à étages.

Si elle sautait dans un taxi, je la perdrais avant de revenir avec ma voiture. Si elle était récupérée par des amis, ses amis auraient garé leur voiture au même parking que moi et au moment où j’aurai identifié leur voiture il serait trop tard pour retourner à la mienne.

Je ne pouvais pas demander à des motos de la suivre, parce que ces dernières ne sont pas autorisées sur les autoroutes du pays, et le chemin qui va de l’aéroport au centre ville est une autoroute.

Je n’avais pas assez d’argent pour commencer à payer une demi-douzaine de types à faire le pied de grue dans l’aéroport pour prévenir toutes les possibilités. Donc j’ai décidé d’attraper un chauffeur de taxi à l’aéroport, je lui ai offert deux milles Bahts pour quatre heures de son temps.

Il m’a presque embrassé. Je lui ai donné cinq cents Bahts d’avance et je lui ai demandé d’attendre devant le Terminal pour moi. Il avait un portable et donc si la fille partait en direction du parking, je pourrais la suivre et appeler le taxi pour qu’il me récupère. Si elle prenait un taxi j’avais de l’avance, je n’avais plus qu’à monter dans mon propre taxi et la suivre Et si elle partait vers le Terminal des lignes intérieures et achetait un ticket pour Chiang Mai, tout ce que j’avais à faire c’était de prendre l’avion en même temps qu’elle. J’étais content de moi et je m’installais avec une tasse de café dans la zone des arrivées.

Le terminal était plein parce que des milliers de Thaïs se dépêchaient de rentrer à la maison à temps pour les fêtes du Nouvel An. Il y avait aussi beaucoup de touristes, qui pensent que c’est drôle de s’arroser les uns les autres avec de l’eau comme c’est la coutume pour célébrer le Nouvel An.

Franchement, comme depuis dix ans on me jette de l’eau à la figure chaque mois d’avril, je fais la fête en restant à la maison et je commande de la pizza et de la bière par téléphone. Mais ça c’est tout moi.

Le vol atterrit pile à l’heure et il leur suffit d’une heure pour passer l’immigration et la douane. J’ai repéré la fille au milieu d’un groupe de thaïs. Elle poussait un chariot rempli de valises et de sacs en plastiques, probablement des cadeaux pour sa famille.

Le serveur était à quelques pas derrière elle, poussant son propre chariot. Rien de suspect là-dedans, il était sûr qu’ils se seraient rencontrés dans l’avion s’ils n’avaient pas prévu de voyager ensemble.

Les photos que l’agence hollandaise avaient envoyé ne rendaient pas justice à la beauté de la fille. Elle avait des cheveux jusqu’à la taille, des joues hautes et elle était belle comme un mannequin avec des courbes là où il fallait. Elle était grande pour une thaïe, environ un mètre quatre vingt et elle portait une courte jupe en jean qui faisait voir une superbe paire de jambes.

Elle était attendue par quatre personnes, dont deux de quelques années plus jeunes qu’elle, ils lui firent rapidement un wai de bienvenue en pressant leurs mains l’une contre l’autre et en plaçant la pointe des doigts contre leur menton. Une marque de respect. C’est la façon dont les Thaïs s’accueillent même après de longues absences. Pas de grandes démonstration d’émotion, pas d’étreintes pas d’embrassades. Un joli wai, respectueux.

La fille répondit en premier au wai des deux personnes les plus âgées du groupe, puis elle répondit au wai de la fille et du garçon. Elle les présenta ensuite au serveur. Il leur fit un wai commun et ils poussèrent leurs chariots en direction du parking. Et là j’avais la réponse à deux de mes questions précédentes. Elle ne prenait pas de correspondance sur Chiang Mai et elle voyageait bien avec le serveur.

Je gardais mes distances mais le terminal était tellement bondé que je doute qu’ils m’aient repéré même s’ils avaient regardé dans ma direction. Ils marchèrent jusqu’au parking et commencèrent à charger les sacs dans un van Toyota. J’ai noté le numéro de la plaque et je me suis dépêché de repartir vers le taxi qui m’attendait.

J’étais encore plus satisfait de mon plan quand le van sortit du parking. J’ai dit au chauffeur du taxi de suivre le van et je me suis installé confortablement dans mon siège. Tout ce qui restait à faire c’était de garder le van en vue sur l’autoroute et de s’assurer qu’on prenait la même sortie. Le fait que je suive le van dans un taxi de Bangkok rendait pratiquement nulle les chances qu’ils ne me repèrent. Les taxis représentent environ dix pour cent des voitures qui circulent à tout moment.

J’ai appelé l’agence hollandaise et je leur ai raconté une histoire en leur disant que j’avais une bonne idée de l’endroit ou se trouvait la fille. Je leur ai dit que j’avais besoin d’une note de téléphone récente de leur client pour voir si la fille avait appelé des numéros à Bangkok avant d’arriver en Thaïlande. Une heure après ils me faxaient une note de téléphone. J’avais de la chance, il y avait quatre numéros de Bangkok avec le préfixe 02. J’ai mis les numéros dans un annuaire inversé que j’utilise et l’ordinateur m’a donné les adresses. Il y en avait trois qui correspondaient à des bureaux et un qui était celui d’un appartement dans Bangna (un des quartiers de la ville). J’ai roulé jusqu’à Bangna dans une voiture louée et je me suis installé devant l’immeuble pour le restant de la journée…

Warren Olson and Stephen Leather

Mémoires d’un détective privé à Bangkok.

de Warren Olson.

Pendant plus de dix ans Warren Olson a parcouru les  rues de la Bangkok. Parlant parfaitement le Thaï et le Khmer, il était capable d’aller là où les autres détectives n’osaient pas trainer.

La plupart des histoires des “Mémoires d’un détective privé à Bangkok” sont donc des histoires vraies, basées sur les dossiers de Warren Olson. Pour protéger les innocents et les coupables, elles ont été arrangées par l’auteur de best-sellers Stephen Leather.

Les mémoires d’un détective privé à Bangkok est édité en Thaïlande par Bamboo Sinfonia (Format : 19 x 13 cm , 306 pages)  et est en vente sur Livres de Thailande