Le 3 février, était organisée une exposition d’art contemporain au Black Pagoda, un go-go bar situé dans le quartier de Patpong à Bangkok.

Trois artistes français ont présenté leur travail dans le cadre des Galleries night de Bangkok, un parcours urbain nocturne dédié à l’art contemporain.

Un photographe, un sculpteur et performeur ainsi qu’une DJ, ont été choisis par Myrtille Tibayrenc pour l’exposition « Lost in the flesh ».

En plus d’être l’organisatrice de l’événement, la galeriste est directrice du Bukruk Street Art Festival.

Une série de photographies érotiques

À partir de 22h, les visiteurs ont pu découvrir une série érotique de l’historien de la photographie japonaise, Claude Estebe.

Série érotique de l'historien de la photographie japonaise, Claude Estebe.
Série érotique de l’historien de la photographie japonaise, Claude Estebe.

Ce dernier puise son inspiration dans la culture japonaise. À partir d’objets fabriqués en série, il travaille sur la matière et principalement sur le plastique.

Pour le photographe, les objets sont représentatifs des valeurs de notre société : « Si c’est produit en série c’est qu’ils représentent une tendance ».

Il s’intéresse particulièrement à la pop culture, très dynamique au Japon, elle influence toute l’Asie du Sud-Est.

Claude Estebe affectionne la macro-photographie pour détourner les objets. Comme dans sa série présentée au Black Pagoda, il joue sur l’ambiguïté entre femmes réelles et figurines plastiques.

Le photographe joue à la poupée

Une autre ambivalence l’amuse, puisque la poupée est à la fois un jouet enfantin et un objet de désir. Il nous trompe avec un éclairage neutre ou sensuel.

"Lost in the flesh" by Claude Estebe
« Lost in the flesh » by Claude Estebe

De plus, les adultes projettent leurs critères esthétiques sur la poupée, objet principalement destiné aux enfants.

« Les poupées représentent les codes de beauté et les créent ». L’artiste en a de toutes sortes, qu’il chine et met en scène, toujours dans le but de les photographier.

Les objets sont utilisés tels quels ou presque : « Parfois j’enlève des éléments, comme des vêtements, mais je n’en ajoute jamais ».

Une performance « tributaire de l’instant »

À minuit, au milieu du bar bondé d’expatriés et de Thaïlandais, Skall réalise sa performance. Celle-ci, reprise d’une représentation parisienne réalisée en décembre dernier, est adaptée à ce lieu atypique. Il aborde le sujet des filles de plaisir par une intrigue plus sensuelle. En effet,

«l’idée première de Myrtille était semble-t-il de déplacer le sujet et l’acte de l’art dans ce que Bangkok est mondialement connu pour: ses bars à filles ou à garçons, son marché du sexe, soumis et/ou libre ».

 

La performance de Skall au Black Pagoda de Bangkok
La performance de Skall au Black Pagoda de Bangkok

Comme Claude Estebe, il travaille sur la matière, ici le papier aluminium est au centre de sa propre mise en scène. De même, le détournement est l’une de ses marques de fabrique.

Bien que la performance soit une reprise, l’artiste laisse toujours place à une part d’improvisation.

« Le déroulement est toujours tributaire de l’instant présent, de l’incident et du hasard… ».

Ce soir là, elle ne s’est pas déroulée comme prévu puisqu’un brouhaha a couvert le travail de la DJ Marine Caillat alors qu’ils avaient préparé la musique ensemble. Skall a été quelque peu déstabilisé dans sa prestation.

La DJ Marine Caillat au Black Pagoda de Bangkok
La DJ Marine Caillat au Black Pagoda de Bangkok

Lui qui espérait trouver son « énergie » dans la musique, a dû « la puiser dans ce contexte et son déroulement chaotique », explique l’artiste.

Par ailleurs, le performeur a été surpris par cette confrontation entre art et go-go bar. « En effet , au début de la performance, il est curieux que le gérant du bar ait demandé aux filles de monter sur le podium que j’avais prévu pour mon  » jeu » ».

Ainsi, des filles en tenues légères se sont appropriées un espace destiné à l’art.

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