Krung Tep (Bangkok), cité des anges et des fantômes. Si les premiers restent invisibles, les seconds, eux, errent jours et nuits dans les vestiges de la crise financière de 1997, ces immenses tours abandonnées, surnommées « ghost tower » dans la capitale.

Au cours des années 90, la Thaïlande a connu un boom économique sans précèdent. En l’espace de quelques années, Bangkok est devenue une métropole en construction. Partout dans la capitale, les tours que l’on connait aujourd’hui commencent à percer le ciel, financées en partie par des capitaux de Hong-Kong et Singapour.

En l’espace de quelques mois Bangkok devient un immense chantier et compte des milliers de mètres carré inoccupés. De nombreux propriétaires se retrouvent endettés auprès des banques, elles même financées par des capitaux étrangers en quête de rendement rapide.

En juillet 1997, le baht chute brutalement et déclenche une crise économique sans précèdent qui s’étend rapidement à l’ensemble de l’Asie du Sud-Est et entraine une crise généralisée des marchés financiers des pays émergents.

Les constructions s’arrêtent, laissant dans Bangkok nombre de tours vides à moitié construites. Aujourd’hui trop fragiles à retaper et trop chers à démolir, ces buildings font partie du paysage urbain de Bankok, spectres de la crise de 1997.

Le Sathorn Unique

Parmi ces tours gigantesques, Sathorn Unique est de loin la plus imposante. Avec ses 55 étages de fer et de béton, elle surplombe le fleuve du Chao Praya dans le quartier de Sathon.

La tour dégage une atmosphère oppressante, liée à son aspect post-apocalyptique étrange. Pour certains locaux, elle serait hantée par des fantômes (Pii comme les surnomment les thaïs), d’où le nom de « ghost tower ».

Difficile d’accès elle n’attire aujourd’hui plus que quelques curieux avides d’exploration urbaine. Pourtant si l’ascension de la cinquantaine d’étages n’est pas de tout repos, entre passage dans le vide, obscurité et grincements oppressants, l’accès au sommet de l’immeuble et sa vue magnifique sur la cité des anges valent toutes les peines du monde.