Les exportations de la Thaïlande au sein de l’Asean au premier trimestre de 2010 ont bondi de 67%, grace à l’entrée en vigueur de l’Accord de libre échange de l’Asean (AFTA) au début de l’année. Les pays de l’Asean sont désormais le premier partenaire commercial de la Thaïlande.

Selon le vice-ministre du Commerce Alongkorn Ponlaboot, la valeur des échanges commerciaux de la Thaïlande avec les 9 autres pays de l’ASEAN au premier trimestre de l’année s’élève à 17,6 milliards THB, une augmentation de 52% depuis l’année dernière, lorsque l’AFTA n’avait pas encore été adopté. Ce chiffre représente plus de 20% de la valeur globale du commerce de la Thaïlande.

Il comprend une augmentation de 67,3% des exportations de la Thailande vers l’ASEAN, d’une valeur de 10,5 milliards THB, et une augmentation de 33,9% des importations d’une valeur de 7,1 milliards THB, conduisant à un excédent commercial de la Thailande sur la zone de l’ASEAN de 3,4 milliards de baht.

L'entrée en vigueur de l'accord de libre échange au sein de l'Asean, est un succès pour la Thaïlande

Au cours des trois premiers mois de cette année, les principaux produits exportés par la Thaïlande sont le sucre, le manioc, le riz, l’huile, des pièces automobiles, des climatiseurs, des circuits intégrés, et le caoutchouc. Les pays d’exportation les plus importants pour la Thaïlande dans l’ASEAN sont la Malaisie, Singapour, l’Indonésie et le Vietnam.

L’Asean est donc le principal commercial de la Thaïlande pour les exportations, soit 23,7% du marché total des exportations dépassant les autres grands marchés habituels du royaume, tels que l’Union européenne, le Japon et les États-Unis, qui contribuent à 11,7%, 10,3% et 10% respectivement.

La Thaïlande en deuxième place derrière le Japon

Derrière le Japon, le plus grand importateur de produits de l’ASEAN, la Thaïlande occupe la deuxième place avec 16,8% des marchandises importées de l’Asean. Les articles importés par la Thaïlande comprennent  des matières premières, comme le gaz naturel et le pétrole brut, du matériel informatique et des pièces d’automobiles. Ces produits sont importés principalement de la Malaisie à 37,5%, suivie par Singapour à 20,9%, l’ Indonésie (18%) et le Myanmar à (8,2%).

L’accord Asean Free Trade Area (AFTA) ne concerne pour le moment que les six principaux pays de l’Asean que sont l’Indonésie, la Thaïlande, les Philippines, la Malaisie, Singapour et Bruneï. Cet accord dont la mise en place remonte à 1993 prévoit de ramener les taxes douanières de 0 à 5% d’ici la fin 2010. Il devrait être étendu aux quatre autres pays membres d’ici 2015. La Communauté économique de l’Asean formera alors un marché immense de près de 584 millions de personnes, avec un PIB cumulé de plus de 1506 milliards de dollars et un volume d’échanges de 1710 milliards en 2008.

Un bloc régional très disparate

Pour parvenir à créer ce bloc régional, il faudra intégrer des économies aussi diverses que celles de Singapour et de la Birmanie. A ce titre, certains analystes parlent de l’AEC comme d’un « vœu pieux ». Avec un PIB de 511 milliards de dollars, l’Indonésie a une économie qui pèse 100 fois plus que celle du Laos, le plus petit pays de l’Asean. L’activité économique de l’Asean est aussi très concentrée sur les cinq plus importants pays que sont l’Indonésie, la Thaïlande, les Philippines, la Malaisie et Singapour qui représentent à eux seuls 90% du PIB  du groupe. Pour tenter de diminuer ces disparités, un programme ambitieux d’aide aux pays en voie de développement (Birmanie, Laos, Cambodge, Vietnam…), notamment en matière d’infrastructure, de formation professionnelle et de télécommunication, semble indispensable.

Un rapport de la Banque asiatique de développement (ADB) montre par exemple qu’il faut trois jours pour importer un produit à Singapour, contre 78 au Laos. « Pour l’instant, déclarait récemment l’analyste Hiro Katsumata, de la Rajaratnam School of International Studies de Singapour, ces pays ne sont toujours pas prêts pour la Communauté économique de l’Asean.» Jusqu’à présent, une mauvaise coordination – et probablement un manque de volonté de certains pays ayant plus à y perdre qu’à y gagner- a retardé l’intégration de la région.

Olivier Languepin avec Marie Normand et Kritayapimonporn Dolsinee (TNN)