Projet phare de l’Association of Southeast Asian Nations (ASEAN), la communauté économique de l’Asean (AEC) commence à prendre sa forme définitive pour un lancement prévu fin 2015.
Plus qu’une simple zone de libre échange, l’AEC se veut créatrice d’un marché unique en vue de stimuler la compétitivité des pays membres.
Dans un premier temps, la mobilité professionnelle sera limité à certaines catégories professionnelles, comme les infirmières, ingénieurs, architectes et professionnels du tourisme.
Un modèle inspiré de l’Union Européene
La population totale des pays de l’AEC s’élève à 600 millions de personnes un marché gigantesque, qui offre de nombreuses possibilités. Son modèle n’est pas sans rappeler celui de l’Union Européenne (505 millions d’habitants) : libre mobilité des biens et services, des investissements, des capitaux et, surtout, de la force de travail.
Néanmoins chaque pays possède des caractéristiques très différentes en ce qui concerne son économie, ses entreprises, et sa population. Selon les recherches du Thailand Development Research Institute (TDRI), 50% du produit intérieur brut (PIB) des pays tels que Singapour, la Malaisie et les Philippines vient du secteur des services. Mais la moitié du PIB de la Thaïlande, Cambodge, Laos, Myanmar et Vietnam (CLMV) est apporté par le secteur agricole.
En 2009 Singapour avait la plus forte proportion d’emplois de professionnels qualifiés, représentant 36,4% de l’emploi total, suivi par la Malaisie (20,8%), la Thaïlande (8,12%) et les Philippines (7,4%).
Quelles conditions requises pour la mobilité professionnelle ?
Pour se voir délivrer un permis de travail, les personnes désirant travailler dans un autre pays devront d’abord s’enregistrer en tant que travailleur au sein des autorités du dit pays.
De plus, elles devront passer un test d’aptitude professionnelle dans la langue locale.
Pour les Thaïlandais, c’est le test de langue qui risque de poser problème. Ces derniers ne sont en effet pas vraiment réputés pour leur bon niveau en langue étrangère.
« Cela va sûrement affecter les opportunités pour les professionnels thaïlandais. De plus notre handicap au niveau des langues étrangères devrait encore plus nous desservir “
confirme Acharn Yongyuth pour le Bangkok Post.
S’ajoute à cela l’autorisation pour les personnes issues d’un des pays de l’ASEAN, de créer une entreprise en Thaïlande et de posséder 70% des parts contrairement au 49% maximum actuellement en vigueur pour les étrangers.
Quelles sont les professions concernées par la mobilité professionnelle ?
Au total, huit secteurs professionnels seront concernés par les nouveaux accords de reconnaissance mutuelle (MRAs) regroupés sous la bannière de l’AEC : le secteur médical, dentaire et infirmier pour la santé. Sans oublier l’architecture, l’arpentage, l’ingénierie, la comptabilité et pour finir le secteur touristique et hôtelier.
Concernant le domaine médical, la Thaïlande se place comme un pays en avance sur beaucoup de ces voisins en termes d’accès et de qualité des soins. Les frais de santé sont également plus faible qu’au sein d’autres états membres.
Pénurie d’infirmières
Paradoxalement, le pays connaît actuellement une pénurie de main d’œuvre importante dans le domaine de la santé publique, de nombreuses personnes se tournant vers le privé où les salaires sont plus élevés. La Thaïlande a ainsi un besoin d’environ 10 000 infirmières.
En ce sens, les nouveaux accords de l’AEC devraient permettre de répondre à ce besoin en autorisant la mobilité de professionnels du secteur en provenance d’autre pays membres Au niveau de l’ingénierie, un nombre important d’ingénieurs en provenance de Singapour et de Malaisie occupe une partie du marché national.
La Thaïlande est moins compétitive dans ce domaine que ces deux voisins. D’où la nécessité pour le royaume d’améliorer la formation de ses ingénieurs en terme de savoir faire d’une part et au niveau de l’anglais d’autre part.
Concernant le domaine touristique et hôtelier, la Thaïlande se place au sein de l’ASEAN comme un des pays les plus compétitif avec la Malaisie, l’Indonésie et Singapour. Cependant il y a une forte demande dans le secteur touristique en Birmanie, au Laos ou encore au Cambodge qui proposent des salaires assez élevés.
Pour Surapong Techaruvichit, président de l’association hôtelière thaïlandaise, si il est probable que de nombreux professionnels du tourisme migrent vers ces pays, cette « fuite » est à relativiser.
En effet si le Laos, par exemple, a accueilli en 2013 environ 2 millions de touristes, la Thaïlande en a quant à elle reçu plus de 26,7 millions et la Birmanie environ un million.