Un tribunal mis en place par la junte militaire en Thaïlande a ordonné la dissolution du TRT (Thai Rak Thai) parti de l’ex-Premier ministre Thaksin Shinawatra, interdit d’activité politique pendant cinq ans avec 110 autres membres du TRT.

Le Thai Rak Thai (TRT), au pouvoir de 2001 à septembre dernier, a été reconnu coupable d’avoir payé de petites formations pour qu’elles participent à des élections législatives anticipées le 2 avril 2006 afin de les rendre crédibles, et d’avoir utilisé la Commission électorale de l’époque à son avantage.

Ces élections, boycottées par l’opposition, dont le Parti démocrate, avaient été annulées un mois plus tard. Le verdict qui a épargné le Parti démocrate, la plus ancienne formation politique du royaume de Thaïlande, a été suivi en direct à la télévision par des millions de personnes.

La lecture des différents jugements a duré une bonne dizaine d’heures et s’est déroulée dans un climat assez tendu, alors que l’armée avait placé quelque 15.000 hommes en état d’alerte pour parer à toute éventualité.

Des centaines de policiers avaient été déployés dans Bangkok, autour du tribunal, ainsi qu’autour des deux grands partis politiques.

“Le Thai Rak Thai n’a pas respecté la loi en dépit de sa double victoire à des élections”, a déclaré un juge en annonçant la dissolution pure et simple du parti.

Après le verdict, la page d’accueil du site Hi-Thaskin affichait en lettres rouges sur fond noir: “Thai Rak Thai et ses 14 millions de partisans ont été exécutés”.

Elu en 2001 et réélu triomphalement en 2005, M. Thaksin, homme d’affaires converti à la politique, avait été confronté début 2006 à d’importantes manifestations à Bangkok après un scandale financier. Il avait alors dissous le Parlement et convoqué des élections.

Le Premier ministre et son parti, quasiment seuls dans la bataille, avaient facilement remporté le scrutin du 2 avril mais celui-ci avait été annulé un mois plus tard après de multiples plaintes pour irrégularités.

Les juges ont également estimé que le TRT avait payé, via des intermédiaires, un responsable de la Commission électorale pour qu’il modifie des données concernant l’enregistrement des partis.

“Tous les responsables du Thai Rak Thai à l’époque des malversations seront soumis à l’interdiction” d’activité politique pendant cinq ans, a déclaré un juge. “Même s’ils ont quitté (la direction du parti) ensuite, ils ne peuvent échapper à la culpabilité”, a-t-il dit.

M. Thaksin (57 ans) avait finalement été renversé par l’armée en septembre, alors qu’il participait à l’Assemblée générale de l’ONU à New York, et s’était ensuite réfugié à Londres. Il avait démissionné de la direction du TRT juste après le coup d’Etat et aspirait, même s’il ne le disait pas publiquement, à faire son retour sur la scène politique thaïlandaise.