Décidément voilà un fait divers qui ne passe pas et qui continue à faire parler de lui, même plus d’un an après les faits.

Cette fois ce n’est pas seulement de l’affaire elle même dont il est question, mais du verdict de la justice thaïlandaise, et de l’enquête de police qui a eu lieu après le double meurtre de Koh Tao.

Même si la décision s’appuie en apparence sur des preuves assez solides, comme les traces d’ADN relevées sur les lieux du crime, les méthodes assez peu orthodoxes de la police locale sont une nouvelle fois critiquées.

Double meurtre à Koh Tao
Zaw Lin et Win Zaw Tun ont été reconnus coupables du meurtre de David Miller, 24 ans, et du viol et de l’assassinat de Hannah Witheridge, 23 ans

La condamnation à mort des deux travailleurs birmans appréhendés sur l’île de Koh Tao a aussi provoqué des manifestations de mécontentement en Birmanie : plusieurs milliers de personnes ont manifesté devant l’ambassade de Thaïlande à Yangon, et au poste frontière de Mae Sai.

Le mécontentement des Birmans

Le chef de l’armée du Myanmar, le Général Min Aung Hlaing, a appelé la Thaïlande à réviser la condamnation à mort des deux jeunes birmans accusés du meurtre d’un couple de touristes britanniques à l’issue d’un procès controversé.

Le chef militaire du Myanmar a demandé à la Thaïlande de “réexaminer les preuves” produites contre les deux hommes.

Zaw Lin et Win Zaw Tun ont été reconnus coupables du meurtre de David Miller, 24 ans, et du viol et de l’assassinat de Hannah Witheridge, 23 ans, dont les corps avaient été retrouvés sur une plage de la station balnéaire du sud de la Thaïlande de Koh Tao en septembre de l’année dernière.

Un verdict qui passe mal

La déclaration des généraux birmans est la preuve que les hauts dirigeants du Myanmar sont mécontents de la décision de la cour thaïlandaise, alors qu’une vague de sympathie pour les deux accusés prend de l’ampleur dans leur pays.

Les manifestants prévoyaient une nouvelle série de rassemblements devant de la célèbre pagode Shwe Dagon de Rangoun dimanche après-midi.

Les procureurs et la police thaïlandaises insistent sur le fait que leurs preuves sont solides, y compris l’ADN trouvé sur le corps de Witheridge.

Mais la défense, qui a promis de faire appel du verdict, a contesté la preuve médico-légale, en disant que les échantillons avaient été mal collectés et traités.

Hier Zaw Zaw Win et Lin Tun ont été transférés dans une prison de haute sécurité de Nakhon Si Thammarat dans le sud de la Thaïlande, où de nombreux condamnés à mort sont détenus.

Bien que la Thaïlande applique toujours la peine capitale, les exécutions sont rares.

Pour la Thaïlande l’enjeu de la sécurité des touristes est de taille, car le tourisme représente environ 14% du PIB, et des millions d’emplois dans le secteur hôtelier et de la restauration.

Cette année la Thaïlande s’apprête à battre un nouveau record d’affluence touristique avec plus de 29 millions d’arrivées.

Koh Tao, l’enfer du décor

Jusqu’au 15 septembre 2014, le nom de Koh Tao n’évoquait rien d’autre que des plages paradisiaques, et un endroit bien connu des amateurs de plongée sous-marine.

Aujourd’hui ce n’est plus tout à fait la même chose : Koh Tao existe toujours et reste un endroit pacifique très fréquenté par les touristes, mais le nom est aussi devenu un synonyme de la résurgence d’un coté sombre de la Thaïlande.

Un coté que les touristes n’ont généralement pas l’occasion de rencontrer au cours de leur séjour en Thaïlande, qui n’a d’ailleurs pas du tout la réputation d’être un pays dangereux.

Après des semaines d’enquête, la police thaïlandaise (qui a négligé de boucler l’île après avoir découvert le meurtre) avait arrêté deux jeunes travailleurs migrants originaire de Birmanie.

Mais les deux jeunes hommes âgés de 21 ans ont maintenant rétracté leurs aveux, en déclarant qu’ils avaient été torturés pendant les interrogatoires. Une accusation qui a été démentie par la police lors du procès.

La mafia locale ?

Il existe plusieurs théories circulant sur Koh Tao à propos de qui a tué Witheridge et Miller. La plupart mettent en cause des hommes associés à une famille thaïlandaise dominante sur l’île, une de celles qui gèrent plusieurs écoles de plongée, clubs et bars.

La police locale a pourtant a priori exclu la possibilité qu’un Thaïlandais puisse être coupable, orientant immédiatement ses recherches vers d’autres touristes, ou des travailleurs birmans présents sur l’île.

Une arrestation d’un routard qui avait rencontré le couple la vieille du meurtre a d’abord eu lieu, puis rapidement suivie d’une mise hors de cause.

Ensuite la police s’est dirigée vers la communauté des travailleurs immigrés birmans illégaux, qui comme dans tous les centres touristiques les plus populaires de la Thaïlande, effectuent les travaux les plus pénibles et sont souvent maltraités par leur employeur thaï.

Les activistes chargés de défendre les accusés estiment que le cas de Koh Tao reflète une tendance plus large liée à l’exploitation de travailleurs migrants faiblement rémunérés : ils sont facilement accusés de crimes en Thaïlande où le système judiciaire est facilement biaisé par l’argent et le pouvoir.

Toutefois, les autorités thaïlandaises ont reçu l’approbation de la famille des victimes qui a soutenu les enquêteurs après que le verdict a été annoncé, en disant qu’ils estimaient que les preuves contre les deux accusés étaient «accablantes». (voir vidéo en tête d’article).

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