Des montres de grandes marques, des grands crus et un nombre impressionnant de peintures, sculptures et statuettes religieuses : même les plus sceptiques ont du avouer leur étonnement en constatant l’ampleur du butin accumulé par le chef de la police de Bangkok.

Anciennement chef du bureau central des investigations (sorte de FBI thaïlandais), Pongpat Chayaphan a été jugé le 26 février.

Le tribunal l’a déclaré coupable de blanchiment d’argent, d’extorsion de fonds et de corruption, entre autres. Âgé de 59 ans, il a été condamné à 32 ans de prison.

Le public thaïlandais est pour le moment surtout étonné de voir que quelqu’un d’aussi puissant puisse être effectivement condamné.

Ceux qui étudient la corruption en Thaïlande disent la même chose : ce cas expose de manière crue et inhabituelle la corruption dans la société thaïlandaise, et plus particulièrement dans la police.

C’est un fait rare en Thaïlande : cet officier de police très haut placé avait de plus des liens avec la famille royale, puisqu’il est l’oncle de l’ancienne princesse Srirasmi.

27.000 objets mis aux enchères

Lui et ses officiers condamnés ont laissé derrière eux un “butin” considérable, composé de 27 000 objets précieux : montres de luxe, peintures, sculptures, et même bouteilles de vin.

Photos : Thai PBS
Photos : Thai PBS

L’AMLO, (AntiMoney Laundering Office) qui s’occupe des affaires en lien avec le blanchiment d’argent, a lancées de grandes enchères mercredi, pour revendre ces objets.

Selon l’organisation, cette action visait à “rendre son argent au pays”.  La semaine dernière, 220 objets ont été vendus, pour une valeur de 15,7 millions de bahts, mais le montant total des objets est estimé à plus de 130 millions de baht (environ 3,6 millions d’euros).

Un lot de quatre montres Rolex est parti à 1,5 million baht, mais une toile ancienne estimée à 15 millions de baht et une bouteille de Petrus à 120.000 baht n’a pas trouvé preneur.

Jomdet Trimek, professeur en criminologie à Bangkok, a affirmé que la corruption fait partie de la culture de la police locale.

“Ai-je été surpris? Je suis surpris surtout qu’une arrestation puisse avoir lieu. Jamais un policier avec le rang de général  n’a été arrêté auparavant. Mais si il y a eu une arrestation, c’est  parce que il a y eu un ordre  venu d’en haut”,

a déclaré Jomdet, professeur de criminologie à l’Université de Rangsit à Bangkok.

 

Selon lui, “les grands patrons ont beaucoup d’argent. Et cela ne vient pas uniquement de leur salaire”.

Une partie des articles sont des objets volés. Leurs possesseurs légitimes ont donc la possibilité de réclamer leurs biens avant leur mise en vente.

L’AMLO a certifié qu’aucun objet vendu ne sera réclamé par la suite à son acheteur. D’autres enchères se dérouleront du 23 au 26 mars.

Retards volontaires à l’aéroport de Bangkok

Ce n’est pas la seule action rigoureuse menée actuellement au sein de la police thaï. Le commissaire de l’immigration à l’aéroport de Suvarnabhumi, Pol Maj Gen Suwichpol Imchairat, a été transféré à un poste inactif.

Celui-ci a été accusé d’avoir retardé 21 vols de la compagnie Thaï Airways sans motifs valables. L’information avait pris une telle ampleur, qu’elle circulait massivement sur les réseaux sociaux.

Les internautes accusaient l’officier d’avoir par exemple ordonné de ralentir les procédures administratives d’un départ, pour pouvoir discuter avec sa femme avant qu’elle ne prenne l’avion.

Cependant, le porte-parole de la police royale thaï Pol Lt Gen Prawuthi Thavornsiria a démenti cette allégation, expliquant que ce retard était du à sa volonté de saluer un haut fonctionnaire s’apprêtant à prendre l‘avion.

Le chef de la police thaïlandaise Somyot Pumpanmuang, s’est adressé à ses officiers lors d’un séminaire contre la corruption :

«Merci de servir le peuple. Et plus important encore, obéissez aux lois».

Ces récents événements donnent à penser que Somyot Pumpanmuang pourrait ne pas s’arrêter en si bon chemin : jamais un personnage de si haut rang n’avait été inquiété auparavant.