La Thaïlande serait “au bord de la guerre civile” ou encore “sur le point de s’effondrer” selon certains commentaires d’officiels repris par des articles et dépêches d’agence.

Le chef du Département des enquêtes spéciales (DSI, l’équivalent du FBI américain en Thaïlande), Tarit Pengdith, a confié récemment ses craintes d’une « escalade vers une guerre civile ».

Un ton assez alarmiste repris par le chef de l’armée de terre, le général Prayut Chan-O-Cha, qui a dit craindre un « effondrement » du pays après la mort de quatre enfants dans des attentats terroristes ce week-end.

Un climat tendu depuis les attentats de dimanche

Depuis l’attentat à la grenade de dimanche devant le Big C de Radjprasong qui a fait trois morts dont deux enfants, le climat s’est brusquement tendu dans les rues de Bangkok, à proximité des lieux de manifestation.

Après de le décès lundi d’une petite fille de 5 ans blessée ce week-end lors d’une fusillade à Trat, le bilan des affrontements s’établit à 22 morts, dont quatre enfants, depuis le débuts des manifestations qui réclament le départ de la première ministre, Yingluck Shinawatra.

Comme d’habitude, chaque camp se rend responsable de l’escalade de la violence, et l’opposition accuse le gouvernement d’être à l’origine des attentats contre les manifestations.

Mais pour le moment aucun indice concret n’est venu étayer ces accusations.

Cette nuit les manifestants passant la nuit sur les lieux de rassemblement de Pathumwan et Ratchaprasong ont entendu des coups de feu et des explosions pendant plus de deux heures.

Aucune victime n’a été signalée mais pour la première fois les affrontements ont forcé l’opérateur de métro aérien (BTS) à fermer la station Siam pendant quelques heures.

Thaksin a t-il vraiment les moyens de déclencher une guerre civile ?

La police a demandé aux soldats de garder les zones de manifestations et environ 70 officiers de l’armée sont stationnés à l’intersection de Pathumwan  tandis que la rue Henry Dunant a été temporairement fermée.

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Une “chemise noire” photographiée par Agnès Dherbeys en avril 2010 pendant les affrontements à Bangkok.

Les Chemises Rouges ont déjà annoncé qu’il n’accepterait pas un éventuel verdict de la Commission anti corruption qui pousserait la Première ministre à démissionner, et se disent prêts à envahir Bangkok pour “protéger la démocratie”.

L’armée se dit prête à intervenir si nécessaire, mais Thaksin a t-il vraiment les moyens de déclencher une guerre civile ?

Le nombre de partisans armés que Thaksin pourrait mobiliser en Thaïlande pour mener effectivement une «guerre civile» n’est pas suffisant. Sur les 10.000 à 30.000 partisans qu’il est en mesure de mobiliser rapidement comme en 2010, seulement environ 1000 pourraient être considérés comme fanatiques, et pas tous sont prêts, ou physiquement aptes à prendre les armes contre les ennemis de M. Thaksin.

Thaksin a aussi recours à des mercenaires professionnels, issus des unités paramilitaires à la frontière dans le nord et nord-est, mais ceux-ci n’ont jamais été plus de 300 et ont été facilement dispersés par l’armée thaïlandaise en 2010.

estime Tony Cartalucci, journaliste et chercheur en sciences politiques basé à Bangkok.

Une culture de haine absolue

Dans un éditorial du Bangkok Post, Atiya Achakulwisut dénonce l’apparition d’une “culture de haine absolue” en Thaïlande.

J’ai été extrêmement choquée et attristée par les célébrations des supporters  des chemises rouges lorsqu’ils ont appris les meurtres de manifestants anti-gouvernementaux à Trat la semaine dernière. Après l’annonce par le leader  provincial des chemises rouges sur scène que cinq partisans de Suthep Thaugsuban ont été tués, il y  a eu des applaudissements et des sourires jubilatoires.

La culture de la haine, semée et vigoureusement nourrie par toutes les parties depuis le coup d’Etat en 2006, a fermement pris racine, et se répand dans toutes les communautés, dans chaque foyer dans le pays.

Il ne fait pas de doute que le climat s’est considérablement dégradé en Thaïlande depuis le début de la crise politique déclenchée par le vote de la loi d’amnistie.

Le risque d’affrontements violents entre des groupes extrémistes armés des deux camps et bien réel.

Mais de là à parler de “guerre civile” , il y a peut être un peu d’exagération.

Ni Rouges ni Jaunes, juste Thaïs

24% des Thaïlandais se disent clairement rouges ou jaunes
24% des Thaïlandais se disent clairement rouges ou jaunes

Les sondages suggèrent plutôt une forme de lassitude face au conflit qui empoisonne la vie politique depuis le coup d’Etat de 2006.

La majorité des Thaïlandais ne se range en fait dans aucun des deux camps, et de ce fait n’est sans doute  pas vraiment sur le point de prendre les armes pour participer à une guerre civile.

La Fondation Asie a publié en 2011 les conclusions d’une enquête nationale auprès de 1500 citoyens thaïlandais: ce sondage sur l’électorat thaïlandais est le premier sondage complet et en profondeur de l’opinion thaïlandaise depuis les événements de avril- mai 2010.

Les résultats du sondage suggèrent que les Thailandais ne sont pas aussi politiquement divisés que les politiciens, les analystes et les médias le laissent souvent entendre. En réalité, la grande majorité de la population thaïlandaise (76%) ne se reconnait aucun attachement à l’un ou l’autre des mouvements des chemises jaunes ou rouges.

Parmi les 24 restant, 7% se déclarent « un peu rouge » et 5% « un peu jaune », ce qui ne laisse que 12% de soutien clair et déterminé pour les chemises rouges et jaunes confondues.

10 comments
  1. **De toute façon aujourd’hui il n’y a pas de vraie bonne solution au problème politique de ce pays 🙁
    *** :

    il y a des solutions pour la thailande mais on ne peut pas en parler librement en thailande et sur ce site !
    Que vouliez ou non le changement de la thailande se fera un jour par les rouges et le reste de la population thailandaise ! Et sans le jaunes !!!!!

  2. Prendre position, c’est bien, la justifier par des faits et non du verbiage c’est mieux !
    Qui êtes-vous pour me dire que je ne connais pas la Thaïlande politiquement ? Vous lisez des rapports, vous « collectez » des informations (auprès de qui ?) ou vous vivez comme moi avec les Thaïs ordinaires …
    Moi j’ai vécu, et vis toujours avec (chez) les gens, avant d’Isan, maintenant je fréquente plutôt les gens du sud.
    « je connais les 2 et ils sont tous endoctrines…mais le nord-est le devient de moins en moins… » C’est très vrai à propos du nord ! Depuis que le gouvernement ne peut plus acheter le riz le double de sa valeur certains ont envie de changer de couleur de t-shirt…
    Vous dites que je soutiens Shutep alors que j’ai écrit :
    Je ne défends pas le leader de l’opposition qui a lui-même un lourd passé de corruption et je connais bien des gens qui le suivent tout en disant que c’est un « Bad men » mais pour eux il représente le petit espoir d’en finir avec le système actuel…
    ????
    Apparemment vous avez lu mon commentaire en diagonale…
    De toute façon aujourd’hui il n’y a pas de vraie bonne solution au problème politique de ce pays 🙁 Les gens en sont réduit à choisir entre « un borgne ou un aveugle »

  3. Merci bien !!! La nouvelle photo correspond beaucoup mieux à la réalité.

  4. @Moi aussi je suis mort de rire quand je lis vos commantaires monsieur Navez ! (sans rancune 😉 )

    ***Il y a ce que l’on voit mais aussi une réalité invisible, des lignes de force inconnues qui catalysent, dans un sens ou un autre, la situation actuelle.** :

    cela ne veut rien dire et oui mort de rire ! 😉

    Et moi aussi je prefere la domocratie fancaise (pas parfaite) que thailandaise si il y en a une en thailande…..(avec suthep il y en aura pas )

    @Monsieur marco ambrosi je suis de votre avis aussi !

  5. Je dénonce le caractère partisant du choix des photos concernant cet article.
    Bien sur, vu l’auteur ce n’est pas surprenant .
    Les “mobs” ne sont pas aussi cool que la photo pourrait le laisser penser et les chemises noires sévissent encore aujourd’hui toujours à la solde du chaos organisé!!

  6. Il est très malvenu et tout autant malaisé, d’exprimer une analyse objective de ce qui arrive au Royaume du Siam. Le schéma d’analyse européen ne peut tramer ce qui se passe et augurer quoi que ce soit. Il y a ce que l’on voit mais aussi une réalité invisible, des lignes de force inconnues qui catalysent, dans un sens ou un autre, la situation actuelle. Les enjeux sont énormes. Comme étrangers, on ne peut que s’étonner et comme résidents en Thaïlande on n’a qu’à la boucler. C’est un problème Thaï à régler par les Thaïs. Quand je lis Arlen Bépu, je suis mort de rire. La France, une démocratie, laissez-moi rire, éclater de rire ! Un Président y est élu avec 50,0001% des voix aux élections. Comme le vote n’y est pas obligatoire, qu’à peine 50 % des Français votent, cela nous donne un Président élu par 25% des Français. Et oui, voilà la démocratie à la française, citée en exemple par le brave ami Arlen. L’espoir de tous les résidents étrangers qui ont choisi la Thaïlande, comme terre d’accueil, est que la crise se solutionne au plus vite et que ce beau pays ne perde pas trop de plumes dans ce conflit. Il faut aussi que la presse cesse de dramatiser et d’amplifier pour, comme toujours, attirer plus de lecteurs friands de catastrophisme… hors chez eux !
    La Thaïlande reste une terre d’accueil fabuleuse, merveilleuse et inoubliable !

  7. D’accord avec vous Mr Arlen ;;en plus;;;2 manifs jaunes …l’armée les protège , aide… 1 manif rouge….elle tue 96 citoyens thaïs et 2 journalistes étrangers…comme dirait la fille de l’ empire Singha ; les paysans sont trop bêtes pour voter ! @ Bertrand vous êtes bien endoctriné , pauvre de vous !

  8. Monsieur Bertrand je doute que vous conaissiez tres bien la thailande politiquement. A vous lire vous me semblez du cote des dites chemises jaunes (suthep).
    Je ne comprends pas votre acharnement contre les pauvres du nord-est ? (racisme ? )

    je connais les 2 et ils sont tous endoctrines…mais le nord-est le devient de moins en moins…..

  9. ” La souveraineté du peuple qui s’exprime par les élections” : Pour parler ainsi il ne faut pas connaitre la Thaïlande ! il ne faut pas être allé dans toutes les province du nord où, au moment des élections, les délégués du parti Pheu Thai paient les électeur pour aller voter !
    L’actuelle 1er ministre a été élue grâce à l’achat des voix et au mensonge ( la promesse INTENABLE d’acheter le riz aux paysans le double de sa valeur).
    Je ne défends pas le leader de l’opposition qui a lui-même un lourd passé de corruption et je connais bien des gens qui le suivent tout en disant que c’est un “Bad men” mais pour eux il représente le petit espoir d’en finir avec le système actuel…
    Les gens du sud, que je connais bien, ne reçoivent pas de subventions et préfèrent trimer pour que leur enfants fassent des études…
    Je connais aussi bien l’Isan là où parents envoient leurs filles à Pattaya, Phuket ou Samui en attendant les subventions (aussitôt reçues, aussitôt bues, aussitôt jouées)… Et pourtant que c’est beau l’Isan ! On pourrait y faire tant de choses en dehors du riz ! À condition de vouloir s’en donner la peine… Il faudrait que les mentalités changent …
    Une petite “anecdote” : Durant son mandat Abhisit avait fait voter une subvention supplémentaire pour les écoles du nord afin d’améliorer l’accès à la scolarité. Après son élection Yingluck Shinawatra n’a pas, bien sûr, supprimé cette subvention mais elle a jugé plus “judicieux” de verser ladite subvention DIRECTEMENT aux parents… Comment qualifier cela ? achat de voix ?? populisme ??

  10. Heureusement que votre média n’est pas lu par grand monde, parce qu’il n’est pas tourné vers l’information, mais vers la désinformation partisane. S’il y a des violences en Thaïlande, c’est parce que Suthep a décidé de prendre le pouvoir, en renversant le gouvernement légitimement et démocratiquement élu et toujours largement soutenu par une majorité de Thaïlandais, quitte à violer la souveraineté du peuple qui s’exprime par les élections. Il a à ses coté une bourgeoisie richissime qui n’a jamais accepté de partager ni l’argent ni le pouvoir avec le peuple qu’elle méprise, l’armée qui empile les coup d’état et se pense comme un état dans l’état qui n’a pas à obéir au pouvoir civil légitime, la cour constitutionnelle, la commission électorale, la commission anti corruption et la majorité des tribunaux qui se sont lancés dans une chasse contre le pouvoir par solidarité de classe et pour arranger leurs petits copains. Quand dans un pays la justice est partiale, les gens qui attendent des décisions justes se sentent lésés, et comme ils ne peuvent pas espérer des tribunaux que justice soit faite, ils ont tendance à vouloir faire justice eux mêmes, C’est très dangereux et cela poussent certain au terrorisme. Les menaces et la violence sont exercées par les supporters de Suthep depuis le début. Empêcher par la force à des candidats de s’enregistrer, menacer des électeurs, les empêcher d’exercer leur droit de vote, bloquer indéfiniment de rues, prendre d’assaut des bâtiment publiques en blessant des policiers et même en en tuant, vouloir voler le résultat de la dernière élection et empêcher l’actuelle en violant les droits du peuple tout entier, n’est ce pas de la violence ? Ils ont semés le vent, bien sûr, ils peuvent récolter la tempête. Ce qui manque en Thaïlande, c’est le respect des règles les plus basiques des droits de l’homme et de la démocratie. Suthep et sa bande sont clairement des fascistes et ne respectent ni la démocratie ni les droits de l’homme. Il faut dire que Suthep encours la peine de mort pour meurtre et a à répondre d’une quarantaine d’autres charges. Cet homme est un danger pour le pays. Il est prêt à le mettre à feu et à sang pour éviter la prison et pour voler le pouvoir ! C’est de lui que vient cet état de pré guerre civile. S’il arrive à ses fins, il y aura des millions de gens choqués qui voudront rétablir la souveraineté du peuple par des élections générale ! Ce ne sera pas la fin des troubles, bien au contraire ! Il n’y a donc qu’une seule solution, terminer les élections ou en refaire très vite d’autres et respecter la souveraineté du peuple qui s’exprimera ainsi. Je précise que j’ai moi même ainsi que des amis défenseurs non pas de Thaksin mais de la démocratie, menacés directement par des pro Suthep. Le roman que vous présentez ici est une fable de plus, comme l’extrême droite Thaïlandaise aime à en raconter. Mais elle n’abuse personne dans une vieille et forte démocratie comme la France.

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