Alors que le mouvement qui demande l’acquittement de “Oncle SMS” (20 ans de prisons pour quatre SMS) gagne chaque jour du terrain en Thaïlande, la cour pénale de Bangkok vient de rendre un nouveau et très sévère verdict de 15 ans de prison pour lèse majesté à l’encontre d’une militante du mouvement politique des «Chemises rouges».

La Cour pénale de Bangkok a reconnu coupable Daranee «Da Torpedo» Charncherngsilapakul de trois chefs d’accusation de lèse-majesté, et l’a condamnée à 15 ans de prison.

Le juge présidant le tribunal, Chanathip Muanphawong, qui a récemment rendu le verdict de 20 ans à l’encontre de “Oncle SMS”, a déclaré jeudi matin que Daranee Charncherngsilapakul avait commis le délit de diffamation royale en vertu des articles du Code criminel 112 et 91, et méritait donc une peine de cinq ans pour chacune des trois infractions – commises les 7 juin et 13 et 18 juillet de l’année 2008 – soit un total de 15 ans.

Seul recours possible: le grâce royale

Comme c’est toujours le cas dans ce type de condamnation, le public ne connaitra pas le contenu exact des propos reprochés au condamné, et la presse n’est pas non plus autorisée à le reproduire, sous peine de commette à son tour le crime de lèse majesté

La loi de lèse-majesté en Thaïlande est l’une des plus restrictives au monde en matière de liberté d’expression et d’information.
La Thaïlande fait partie des pays sous surveillance dans la liste des Ennemis d’Internet et se place au 153ème rang sur 178 pays dans le classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières en 2010.

L’avocat de Daranee Charncherngsilapakul a déclaré qu’il allait s’entretenir avec sa cliente sur la possibilité d’obtenir une grâce royale.

“Il y a deux canaux possibles, la procédure normale en laissant simplement la limite d’appel de 30 jours expirer, ou un moyen plus rapide, en envoyant un document à la cour indiquant que le défendeur renonce au droit de faire appel. Après cela, nous devrons passer par les canaux appropriés pour demander une grâce royale “,

a déclaré M. Prawais cité par le Bangkok Post

Le mois dernier, la même Cour pénale a prononcé une peine d’emprisonnement de 20 ans à l’encontre d’un homme de 61 ans, Ampon Tangnoppakul, connu comme l’oncle de SMS, après avoir établi que son téléphone cellulaire avait été utilisé pour envoyer quatre messages SMS considérés comme insultants contre la monarchie au secrétaire personnel du premier ministre d’alors, Abhisit Vejjajiva. Ampon a toujours nié les faits, déclarant que le téléphone n’était pas en sa possession à l’époque des faits, et qu’il ne savait pas comment envoyer un message SMS.

Un citoyen américain condamné pour un message sur son blog

Maintes fois critiquées par les ONG de défense de la liberté d’expression et même par l’ONU, la loi a résisté à tous les changements gouvernementaux qu’a connu récemment la Thaïlande, et continue d’être appliquée aussi bien pour des cas absurdes (comme celui des SMS), que pour réduire au silence des médias hostiles au gouvernement.

Le 8 décembre dernier, un tribunal de Thaïlande a condamné pour la première fois un citoyen américain à deux ans et demi de prison pour avoir diffamé la famille royale. Joe Gordon, qui possède également la nationalité thaïlandaise, a été accusé de traduire des extraits sur son blog en 2007 d’une biographie du roi interdite en Thaïlande et de les publier en ligne.

Le verdict indique que Gordon devait être condamné à cinq ans de prison, mais le juge a réduit de moitié la sentence parce qu’il a plaidé coupable. Joe Gordon agé de 55 ans était  détenu depuis le mois de mai.

La Thaïlande au 153e rang du classement de la liberté de la presse

A cause des lois ultra répressives qui punissent le délit de lèse majesté, la Thaïlande fait partie des pays sous surveillance dans la liste des Ennemis d’Internet et se place au 153ème rang sur 178 pays dans le classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières en 2010.

La loi de lèse-majesté en Thaïlande est l’une des plus restrictives au monde en matière de liberté d’expression et d’information. La Premier Ministre Yingluck Shinawatra avait pourtant affirmé, après sa victoire aux élections du 3 juillet 2011, que « le crime de lèse-majesté ne [devait] pas [être] utilisé de façon inappropriée ». Une déclaration contredite le 26 août dernier par le vice-Premier ministre Chalerm Yubamrung, qui a fait de lutte contre le crime de lèse-majesté sa priorité. En parallèle, les arrestations et condamnations se sont récemment multipliées.

note RSF dans un récent communiqué.