Rarement l’investiture d’un président américain aura suscité autant d’espoirs, non seulement aux États Unis, mais aussi dans beaucoup d’autres pays où l’administration Bush avait envoyé la première puissance mondiale vers des sommets d’impopularité. Qu’en est-il de la Thailande ?


En apparence rien n’a changé, et le message de félicitations du Royaume au nouvel élu américain est des plus chaleureux: “Alors que nos deux pays entrent dans la 176ème année de leurs  relations, j’attends avec impatience de travailler avec vous et  votre nouvelle administration pour développer davantage et faire  avancer notre étroite alliance pour la prospérité de l’Asie et de  la région du pacifique. En tant que pays qui assure la présidence  de l’Association des nations de l’Asie du sud-est (ASEAN), la  Thaïlande se réjouit également d’un engagement plus profond des  Etats-Unis”

La Thaïlande et les États Unis entretiennent en effet depuis longtemps des relations privilégiées, et ce quelque soit le parti du président au pouvoir aux États Unis. De fait l’investiture de Barak Obama à la tête de la première puissance mondiale ne devrait pas sensiblement affecter les relations entre les deux pays. Mais dans un contexte de crise mondiale, le tournant démocrate de la politique américaine pourrait avoir des répercussions sur les relations commerciales entre la Thaïlande et les États Unis.

Barak Obama : une élection qui suscite beaucoup d'espoirs, surtout aux Etats Unis.

Les États Unis sont en effet le principal partenaire commercial de la Thaïlande (légèrement surpassés depuis cette année seulement, par le Japon), et les industriels thaïlandais craignent qu’une présidence démocrate signifie des mesures plus strictes en matière d exportations vers les États Unis. En 2007 les exportations thaïlandaise à destination des États Unis ont représenté 22,7 milliards de dollars, soit 12.6% du total des exportations de la Thaïlande (152 milliards de dollars). Pour les 10 premiers mois de 2008, la tendance est identique, et la Thailande a exporté vers les États Unis pour 20 milliards de dollars, dont près de 20% sont des ordinateurs, pièces pour ordinateurs, périphériques et semi conducteurs.

Pendant le même période la Thaïlande n’a importé des États Unis que 9,5 milliards de dollars. La balance commerciale des États-Unis envers la Thaïlande est donc largement déficitaire, et une administration démocrate pourrait réexaminer l’attitude libérale envers le commerce extérieur de la précédente équipe. La Thaïlande figure toujours aussi sur la “US-Priority Watch List (PWL)”, qui recense les pays qui ne respectent pas les règles de propriété intellectuelle (copyrignt). Cette liste ne comprend que 9 pays (la Chine, le Venezuela, la Russie, Égypte, Argentine, Chili, Israël, Liban, Turquie, Ukraine) et cette classification a été considérée comme injustifiée par le gouvernement thaïlandais.

Sur le plan diplomatique, les relations entre les deux pays sont aussi susceptibles d’évoluer : le président sortant George W. Bush aura consacré beaucoup de temps, et d’argent, a sa «guerre contre le terrorisme», entrainant un cout élevé  y compris pour ses alliés stratégiques en Asie du Sud Est, dont la Thaïlande fait partie. Bangkok aura été un allié réticent des campagnes militaires américaines, en fournissant un petit nombre de troupes a la coalition des volontaires en Irak, tout en permettant l’accès des avions américains a ses base aériennes pour la campagne d’Afghanistan.

La Thaïlande a participé aux missions secrètes de la CIA, où des agents du renseignement thaïlandais ont travaillé main dans la main avec leurs homologues des États-Unis, mettant en pratique certains exercices assez peu en rapport avec le respect de la loi et de la démocratie.
Même si le gouvernement thaïlandais l’a toujours fermement démenti, Bangkok a très probablement hébergé des prisons secrètes de la CIA, où des terroristes présumés en provenance des pays tiers ont été arrêtés et apparemment torturés. Ces graves accusations, toujours démenties par les fonctionnaires thaïlandais, ont été révélées pour la première fois dans un article du Washington Post, et plus tard confirmées par des responsables américains, lors de la controverse qui a éclaté sur l’usage de la torture sur des personnes soupçonnées de terrorisme.

1 comment
  1. L’influence américaine en Thaïlande est présente, cela est une certitude. Toutefois c’est la crise qui va définir les priorités des 2 côtés..

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