Il y a exactement un an le 25 mars 2020 le Premier ministre thaïlandais déclarait l’état d’urgence pour un mois dans tout le pays, une mesure qui a eu, entre autres, pour conséquence de restreindre considérablement les voyages à destination de la Thaïlande.

Le décret d’urgence a donc été prorogé à onze reprises depuis son entrée en vigueur pour la première fois le 25 mars. Une mesure d’exception qui a permis au général Prayuth de diriger le pays avec un petit groupe de fidèles et d’officiers militaires regroupés dans un organisme ad hoc appelé, le CCSA (Center for COVID-19 Situation Administration).

Le décret d’urgence donne également aux gouverneurs des provinces de Thaïlande des pouvoirs assez étendus comme de prendre des mesures restrictives interdisant ou limitant l’accès dans leur province pour endiguer la propagation du virus.

Mais la proclamation de l’état d’urgence permet aussi au gouvernement thaïlandais de limiter les droits civiques et de restreindre les libertés de la population, tout en donnant à l’ancien chef de la junte militaire des prérogatives spéciales.

Une utilisation disproportionnée?

Les organisations internationales de défense des droits ont déjà critiqué plusieurs fois la Thaïlande, pour ce qui est considéré comme une utilisation disproportionnée des lois sur l’état d’urgence.

“Il n’y a aucune raison légitime pour prolonger ce décret, qui permet la restriction arbitraire et disproportionnée des droits garantis par le droit international et la constitution thaïlandaise “

Brad Adams, directeur de Human Rights Watch pour l’Asie

Aujourd’hui les parlementaires de l’association de l’ASEAN pour les droits de l’homme (APHR) ont estimé dans un communiqué que “L’urgence qui dure un an en Thaïlande est inutile et disproportionnée”.

«Il est absurde que la Thaïlande soit toujours sous le régime de l’état d’urgence après un an, alors que le nombre de cas de COVID-19 est tombé à un niveau bas. S’il est crucial que le gouvernement prenne des mesures pour protéger sa population du virus, l’utilisation répétée de l’urgence par les autorités contre les critiques et les manifestants pacifiques montre clairement que cette mesure a été utilisée pour mettre fin aux manifestations plutôt qu’à la pandémie », a déclaré Mu Sochua, membre du conseil d’administration des parlementaires de l’ASEAN pour les droits de l’homme (APHR), et ancien membre du Parlement (MP) au Cambodge.

Selon l’organisation de défense des droits de l’homme Thai Lawyers for Human Rights (TLHR), les mesures restrictives de l’état d’urgence ont été invoquées contre au moins 314 personnes.

Quatre-vingt-six de ces cas ont été signalés dans le cadre de l’urgence actuelle pour répondre à la pandémie. Les autres cas se trouvaient dans une situation d’urgence grave déclarée en réponse aux manifestations, qui ont duré du 15 au 22 octobre 2020. La plupart des personnes inculpées sont des manifestants pacifiques et des critiques du gouvernement.

Selon Amnesty International, plus de 380 manifestants, dont 13 mineurs, font face à des poursuites pénales alors que les chefs présumés des manifestations sont toujours en détention préventive.

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