Weenarin Lulita, ancienne économiste de la Banque mondiale, est la cofondatrice de Thailand Clean Air Network, une ONG qui tente de forcer le gouvernement à s’attaquer à ce qui est devenu l’une des catastrophes environnementales les plus graves de la région.

« L’air que les gens respirent dans le nord de la Thaïlande raccourcit leur vie de trois ou quatre ans. Il cause des cancers, des problèmes de santé mentale, d’autres problèmes. Et presque personne ne prend fait et cause pour cela, il y a beaucoup de passivité », a-t-elle déclaré à Al Jazeera.

Chaque année, entre février et avril – maintenant simplement appelée la « saison de la brume » – le nord de la Thaïlande est recouvert par une épaisse couche de pollution : un dangereux de smog constitué de particules fines (PM2,5) réputées très dangereuses pour la santé.

Les PM2,5 sont des particules fines qui ont un diamètre de 2,5 microns ou moins et qui peuvent pénétrer profondément dans les poumons et sont liées à des problèmes de santé tels que la bronchite aiguë et chronique, ainsi que des crises d’asthme.

Pour lutter contre le problème, les autorités pulvérisent de l’eau dans l’air dans les centres-villes et ensemencent les nuages des avions militaires…

Dans le nord de la Thaïlande, les autorités pulvérisent de l’eau dans les villes pour “nettoyer” l’air pollué par les feux de forêts sauvages. Mais cette eau ne serait-elle pas plus utile pour éteindre directement les feux ????

Chiang Mai ville la plus polluée du monde

Chiang Mai, la principale ville et centre culturel et touristique de la région s’est classée au début du mois d’avril comme la ville la plus polluée du monde pendant plusieurs jours consécutifs devant d’autres villes fortement polluées telles que Lahore, Téhéran et Pékin.

Le 6 avril, le pire jour de cette année, le niveau a atteint 223, selon la société suisse de qualité de l’air IQAir, soit près de 15 fois plus que la limite quotidienne conseillée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Il n’est pas nécessaire d’avoir un équipement élaboré pour voir le problème : la brume toxique limite la visibilité à quelques centaines de mètres dans la plupart des régions du nord de la Thaïlande.

Cette année la pollution s’est étendue jusque dans la capitale, provoquant un des épisodes les plus long de concentration de PM2,5 sur Bangkok.

13 000 personnes soignées dans les hôpitaux

Des milliers de personnes souffrent de problèmes respiratoires – un seul hôpital de Chiang Mai a signalé près de 13 000 patients cherchant un traitement pour des problèmes respiratoires au premier trimestre de 2023, selon le média local Prachatai.

Une blague courante à Chiang Mai est que la politique du gouvernement semble être « Attendons Songkran » – le Nouvel An lunaire thaïlandais qui tombe cette année mercredi 13 avril – car il coïncide habituellement avec le début de la saison des pluies.

La plus grande source de fumées toxiques est le brûlage des champs : selon Somporn Chantara, professeur de chimie à l’Université de Chiang Mai, pendant la période de brume, plus de la moitié du smog provient de la combustion de la biomasse agricole. Les agriculteurs utilisent des feux contrôlés pour nettoyer les sous-bois et fertiliser leurs champs de canne à sucre, de maïs et de riz.

Le rôle des multinationales agro-alimentaires

Le vrai problème, selon Weenarin, est l’agriculture contractuelle. Les petits exploitants agricoles, qui dominent en Thaïlande, concluent des contrats avec de grandes entreprises, qui leur vendent des semences et des engrais, et s’engagent à acheter les récoltes.

Cela pousse les agriculteurs à maximiser la production à tout prix. Comme ils n’ont pas suffisamment de capital pour investir dans des moissonneuses-batteuses modernes, le brûlage des champs est la méthode la plus simple et le moins couteuse pour augmenter la productivité.

« C’est presque de l’esclavage moderne »

Selon Weenarin, même une moissonneuse d’occasion coûterait à un agriculteur 5 millions de bahts (150 000 dollars) – beaucoup plus que ce qu’il peut se permettre. « C’est presque une forme d’esclavage sous contrat dans un monde moderne », a-t-elle ajouté.

On peut citer l’exemple de Charoen Pokphand et de sa filiale CP Foods, qui est le plus grand producteur mondial d’aliments pour animaux et appartient au magnat le plus riche de Thaïlande, Dhanin Chearavanont.

Bien que le CP ne soit pas le seul géant de l’agro-industrie, il a considérablement élargi le modèle d’agriculture contractuelle en Thaïlande et dans les pays voisins. « Cela lui permet d’avoir une approche non interventionniste – CP ne brûle directement aucun champ »

Weenarin est déçue que même dans le nord, où le smog saisonnier sévit depuis 20 ans, les gens protestent rarement contre la situation. Il y a des exceptions – le 10 avril, environ 1 700 habitants de Chiang Mai ont intenté une action en justice contre le gouvernement, alléguant une négligence – mais la plupart des actions sont fragmentaires et ne visent pas à demander des comptes à l’industrie agricole ou au gouvernement.

3 comments
  1. 1- Je ne vois pas le rapport entre entre moissonneuses batteuses et brûlage.
    2- Les brûlages des champs sont sans doute en cause mais pourquoi ne site t on pas le brûlage des bords de route en forêt pour nettoyer facilement ni la pratique de certains GARDES FORESTIERS qui incendient tous les ans des grands pans de forêt (pour nettoyer) au détriment des jeunes arbres et même de plus vieux tek brûlés jusqu’à 10 m de haut. On met en place des panneaux “défense d’entrer, danger d’incendie” puis on allume les feux. Après quoi, on accuse, comme vous le faites, les paysans. Mais beaucoup de ces incendies se déroulent bien loin de toutes parcelles cultivées. Enfin c’est leur pays, laissons les faire et toussons en choeur avec eux.

  2. Ils s’en foutent complètement de la pollution et de l’écologie . Il suffit de les questionner et vous comprendrez. Seule solution les touchés au portefeuille. Après ont nous demande de sauver la planète ! C’est mission impossible tant que personne ne se sent concerné.

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