En Thaïlande on l’appelle le Yaba, littéralement la drogue des fous, bhul bhuliya en Inde ou encore le Shabu aux Philippines et en Indonésie. Le nom varie selon les régions, mais l’effet obtenu est le même: un sentiment d’euphorie, qui s’accompagne d’une hyperactivité physique, et d’une perte du sommeil.

Dans les années 1960 les comprimés de Yaba étaient en vente libre dans les stations services thaïlandaises, et couramment utilisés par les camionneurs pour rester éveillé sur de longues distances.

A la suite de nombreux accidents de la route au bilan très lourd et  impliquant des bus, ils ont été interdits par le gouvernement thaïlandais en 1970.

Le Yaba se présente généralement sous forme d’une pilule ronde d’environ 6 mm de diamètre de couleurs vive rouge, orange ou vert avec des logos tels que «R» ou «WY».

C’est une drogue de synthèse relativement facile à produire à partir de composants chimiques dont la plupart sont en vente libre sous une forme dérivée.

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Le Yaba se présente généralement sous forme d’une pilule ronde d’environ 6 mm de diamètre de couleurs vive rouge

 

Bien qu’en 2012 les tendances mondiales de la production, de l’usage et des conséquences sanitaires des drogues illicites soient restées largement stables, le dernier rapport de  l’UNODC a attiré l’attention sur le fait qu’en Asie du Sud -Est et en Thaïlande la consommation de drogue de synthèse, de type amphétamine est en forte augmentation.

D’une manière générale, la réduction de la culture et de la production d’opium et de coca a été contrecarrée par un accroissement de la production de drogues de synthèse.

Selon le Rapport 2012 de l’UNODC, environ 230 millions de personnes, soit 5 % de la population adulte mondiale (âgée de 15 à 64 ans), auraient consommé une drogue illicite au moins une fois en 2010.

On dénombrerait environ 27 millions d’usagers problématiques de drogues, principalement des héroïnomanes et des cocaïnomanes, soit près de 0,6 % de la population adulte mondiale ou une personne sur 200.

Le fléau de la drogue reste un enjeu national en Thaïlande où le nombre de toxicomanes a triplé depuis quatre ans et est aujourd’hui estimé à 1,2 million de personnes. Sur les 80.000 villages que compte le pays, 60.000 seraient directement ou indirectement touchés.

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Au cours d’une conférence de presse au FCCT à Bangkok  (Foreign Correspondents’ Club of Thailand) sur l’utilisation des drogues en Asie par l’office des Nations Unies contre la drogue et le crime dont la tenue concordait avec la journée internationale de la lutte contre le trafic de drogue, le représentant régional Asie Est et Pacifique de l’UNODC Garry Lewis,  a présenté la situation concernant le trafic de stupéfiant dans la région et a soutenu la nécessité d’une action plurilatérale et collective afin d’y mettre un terme.

L’héroïne, la cocaïne et les autres drogues continuent de tuer environ 200.000 personnes chaque année et contribuent à la diffusion du SIDA, à bouleverser des familles et générer misère et insécurité.” a relevé Yuri Fedotov, le directeur exécutif de l’ONUDC.

Le marché des stimulants de type amphétamine est stable, mais la méthamphétamine et l’ecstasy sont en hausse

La consommation et les saisies mondiales de stimulants de type amphétamine, la deuxième drogue la plus consommée dans le monde, sont restées largement stables. Toutefois, en 2010, les saisies de méthamphétamine (45 tonnes) ont plus que doublé par rapport à 2008 (21,5 tonnes), en raison d’importantes saisies opérées en Amérique centrale et en Asie du Sud-Est.

En Europe, les saisies de comprimés d'”ecstasy” ont plus que doublé (passant de 595 kg en 2009 à 1,3 tonne en 2010), ce qui indique un marché plus important sur ce continent. L’offre et la consommation de drogues semblent en hausse aux États-Unis et en Océanie, et les saisies ont augmenté en Asie de l’Est.

Le Myanmar s’est maintenu au rang de deuxième producteur mondial de pavot et d’opium après l’Afghanistan, avec des cultures en hausse de 14 % en 2011 et une part de 9 % de la production mondiale d’opium.

La République démocratique populaire lao a enregistré une augmentation encore plus importante de ses cultures (38 %), bien qu’elles restent en deçà des estimations mondiales. La production potentielle de pavot à opium du Myanmar est estimée à environ 610 tonnes et celle de la République démocratique populaire lao à environ 25 tonnes.

Les stimulants de type amphétamine (STA) figurent parmi les drogues les plus consommées en Asie du Sud-Est.

En effet, bien que le travail de l’ONUDC s’est concentré durant la dernière décennie sur la réduction des zones de production de la coca et du pavot, les chiffres des saisies démontrent que les STA sont en pleine ascension.

La croissance du trafic d’amphétamines et d’autres drogues couplés à l’augmentation conséquente de la culture du pavot reflètent une importante menace pour la sécurité et la santé publique.” affirma M. Lewis.

Tandis que les confiscations d’héroïne, de cocaïne et de cannabis ont été stationnaires entre 2005 et 2009, les confiscations de STA ont marqué un essor sans équivoque pendant la même période.

À l’inverse des drogues issues de plantes tel que l’opium, les drogues synthétiques peuvent être produites partout avec un faible investissement et restent simples à produire.

Elles représentent pour les trafiquants de nouveaux marchés, surtout dans une région où les infrastructures et institutions ne sont pas toujours suffisamment puissantes pour résister.

D’après le compte rendu de L’ONUDC, la quantité de pilules confisquée en Asie du Sud-Est a doublé au cours des dernières années : 21.5 tonnes en 2008 à 45 tonnes en 2010, le nombre de laboratoires de STA démantelés est quant à lui passé de 288 à 458 entre 2008 et 2009.

Le marché des STA a évolué d’une industrie artisanale de petits producteurs à un marché semblable à celui de l’héroïne ou la cocaïne avec un plus fort degré de participation de groupes criminels organisés dans la production et la distribution. Nous assistons à une évolution de la production qui affecte désormais des marchés et des cheminements de trafic qui n’étaient pas affectés par les STA jusqu’à présent.” a déclaré Yury Fedotov.

En réponse, M. Lewis recommande le besoin de se concentrer sur les piliers des organisations criminels ainsi que sur leur complices bureaucrates. “Il faut suivre l’argent et trouver une meilleur manière de lutter contre son blanchiment” énonce t’il.

Le besoin en matière d’équipements et d’informations concernant le trafic au niveau des frontières se fait grandissant, c’est pourquoi des stratégies de surveillance basées notamment sur la prévention sont mises en route,  mais cela reste insuffisant pour diminuer la demande de stupéfiants.