À l’occasion de la journée mondiale de la lutte contre le sida, la Thaïlande célèbre le 1er décembre une étape importante en matière de santé publique.

Un médicament antirétroviral produit dans le pays vient tout juste de passer les critères de l’Organisation Mondiale de la santé (OMS) : l’Efavirenz.

En Thaïlande, environ 440 000 adultes et enfants, 0,6% de la population totale, vivent avec le VIH selon les statistiques de l’ONUSIDA.

Plus de 70 % des personnes infectées ont reçu des médicaments antirétroviraux qui sont très importants pour améliorer leur qualité de vie.

“La stratégie nationale thaïlandaise de lutte contre le VIH/sida consiste à administrer aux patients des médicaments antirétroviraux le plus tôt possible après le diagnostic afin de supprimer rapidement la charge virale et d’améliorer ainsi leur qualité de vie tout en réduisant les risques de transmission du virus”,

a déclaré le président du conseil d’administration de l’Organisation pharmaceutique gouvernementale (GPO), le Dr Sopon Mekthon.

Les médicaments antirétroviraux ou ARV permettent d’empêcher la prolifération du virus mais ne guérissent pas les personnes atteintes.

Une étape importante pour la Thaïlande

Le médicament Efavirenz est le premier médicament fabriqué en Thaïlande à avoir satisfait les critères internationaux et à avoir passé la pré qualification de l’OMS.

Selon le Dr Sopon, le fait que l’Efavirenz ait dépassé le seuil de pré qualification de l’OMS est l’un des chapitres les plus importants de l’histoire de la santé en Thaïlande.

En plus d’une garantie de qualité pour les patients, ce médicament est aussi porteur d’une nouvelle valeur économique pour le pays.

L’Efavirenz est fabriqué par le Government Pharmaceutical Organization, un groupe phramaceutique qui dépend du gouvernement thaïlandais.

D’après Kannikar Kijtiwatchakul, ancien militant pour l’accès à Médecins Sans Frontières (MSF) Thaïlande, le traitement du VIH/Sida dans le pays a parcouru un long chemin depuis l’arrivée de MSF en 1995.

Avant, être diagnostiqué séropositif était synonyme de désespoir.

” À l’époque, personne ne pensait aux antirétroviraux, ” a déclaré Kannikar Kijtiwatchakul.

Depuis 2005, les médicaments antirétroviraux sont couverts par le régime des soins de santé.

Tous les patients ont donc le droit de recevoir ces médicaments gratuitement. À l’heure actuelle, 300 000 Thaïlandais infectés sont sous ARV sur les 440 000 recensés.

300 000 Thaïlandais infectés sont sous ARV sur les 440 000 recensés
À l’heure actuelle, 300 000 Thaïlandais infectés sont sous ARV sur les 440 000 recensés

Si la Thaïlande décide de créer de la durabilité dans la fabrication de ses produits pharmaceutiques, le pays sera moins dépendant des importations des autres pays.

Par exemple, si le pays produit ses propres ARV, les soins de santé seront allégés et il sera plus simple de traiter toutes les personnes infectées par le virus afin qu’elles puissent continuer à mener une existence normale.

La stigmatisation pose toujours problème

Le meilleur accès aux soins médicaux a amélioré la santé de nombreuses personnes vivant avec le VIH, malheureusement, la stigmatisation empêche toujours certains d’entre eux de vivre une vie normale.

D’après Nimit Tien-udom, directeur de la Aids Access Foundation, la stigmatisation reste un problème majeur. En raison des conséquences négatives et des réactions de leurs proches, les personnes vivant avec le VIH ont peur de le révéler.

Beaucoup de travailleurs thaïlandais atteints du virus du VIH sont victimes de discrimination au travail. En effet, il existe un test sanguin obligatoire et il n’est pas rare que les personnes atteintes perdent leur travail après l’arrivée des résultats du test.

Les adultes ne sont pas les seuls à être stigmatisés en Thaïlande, les enfants atteints du VIH ou qui ont des parents atteints, sont eux aussi rejetés à l’école et doivent souvent aller étudier loin, où ils ne connaissent personne.

“Les médicaments antirétroviraux permettent aux patients séropositifs de vivre leur vie comme des gens normaux “, a déclaré Kannikar Kijtiwatchakul

“Et quand c’est le cas, les patients ne devraient plus être stigmatisés socialement parce qu’avec les ARV, ils peuvent étudier, travailler et vivre avec nous. Ils peuvent être d’une grande aide dans la société.”