Qu’est il arrivé aux chemises jaunes ? Le mouvement a connu son heure de gloire entre 2006 et 2008, démontrant une capacité de mobilisation parfois impressionnante, mais semble maintenant enfermé dans une dérive ultra nationaliste quasi sectaire.

Difficile de croire que “les chemises jaunes” qui appellent aujourd’hui au boycott des élections qui doivent avoir lieu le 3 juillet en Thailande, sont bien le même mouvement qui a fait trembler plusieurs gouvernements, paralysé l’aéroport international de Bangkok et forcé un gouvernement à la démission en 2008.

Alors que les « chemises rouges » ont une nouvelle fois montré leur capacité de mobilisation le 19 mai dernier à l’intersection de Ratchaprasong, le PAD (Alliance du peuple pour la démocratie), mouvement dit des « chemises jaunes », se fait plus discret, en apparence tout du moins.

Compte tenu de l'extreme polarisation du scrutin, l'appel au boycott des chemises jaunes risque de ne pas rencontrer beaucoup de succès

Depuis maintenant fin janvier, quelques centaines de militants campent aux alentours du pont Makkawan Rangsan, tout près du bureau du premier ministre et du parlement thaïlandais à Bangkok. Campement provisoire à l’origine, le temps passant, c’est un petit village qui s’est formé en guise de tribune politique.

Une polarisation sur le conflit avec le Cambodge

Les chemises jaunes espèrent que le comité donnera raison à la Thaïlande concernant le litige frontalier autour du temple khmer Preah Vihear. Ce différend avait entrainé de violents combats en février dernier entre les soldats thaïlandais et les troupes cambodgiennes.

Ils demandent au Premier Ministre Abhisit Vejjajiva de révoquer le protocole d’entente entre la Thaïlande et le Cambodge sur leurs frontières communes, d’annuler la participation du Royaume au comité World Heritage de l’UNESCO et de chasser les Cambodgiens résidant à la frontière que se disputent les deux pays autour du temple Preah Vihear.

Jusqu’a présent, le gouvernement n’a pas accordé beaucoup d’attention aux revendications des chemises jaunes, ce qui entraîne une rupture de fait avec le mouvement qui a pourtant permis de faire accéder le gouvernement Abhisit au pouvoir.

Bien qu’encadré et surveillé constamment par des forces de sécurité toute proche, une petite grenade a été lancée sur le campement fin mai. L’explosion a retenti à une dizaine de mètres de la scène principale où se succèdent les orateurs politiques et des groupes de musiques. Deux personnes ont été blessées, dont un vendeur de glaces.

Quelques heures seulement après cette attaque, les responsables ont décidé que leur campement serait levé d’ici la fin juin. Plus exactement, à la fin du rendez-vous annuel du comité du patrimoine mondial de l’UNESCO qui se réunira à Paris entre le 19 et 29 juin, soit 4 jours avant les élections nationales du 3 juillet.

Une ligne ultra nationaliste

Les chemises jaunes, partisans d’une ligne politique nationaliste dure et anti-establishment, appellent à voter « non » aux prochaines élections, ou plus exactement à ne pas voter. Ils justifient ce choix pour marquer leur totale désapprobation dans la manière dont le pays est gouverné ainsi que sanctionner le premier ministre actuel, Abhisit Vejjajiva, qu’ils considèrent incapable de défendre la souveraineté nationale.

Pour prendre part au débat démocratique et suffisamment se faire entendre dans la campagne électorale, le PAD joue la carte de la provocation. Ils ont en effet lancé une campagne d’affichage représentant des animaux – buffles, tigres, lézards, chiens, singes -, vêtus d’un costard. Ceci accompagnés d’un message écrit en thaï signifiant : « ne laissez pas entrer les animaux aux parlements ».

Le PAD n’étant pas un parti politique mais un mouvement citoyen, c’est par l’intermédiaire du parti « for Heaven and Earth » qu’ils ont placardé ces affiches sur la voie publique, ceci de manière à respecter la législation concernant le droit d’affichage dans les rues de Bangkok.

Confiant dans leur technique de persuasion, le mouvement jaune avait même menacé de poursuites judicaires ceux qui s’amuseraient à vandaliser les affiches, affirmant qu’elles étaient tout à fait légales. Pourtant, le 9 juin dernier, la commission électorale leur a donné tort en affirmant que les affiches n’étaient pas à la taille réglementaire.

La commission a chargé le parti et les autorités de les retirer. Pour autant, la bataille des pancartes n’est pas finie et les chemises jaunes entendent bien porter réclamation. D’ici quelques jours, une nouvelle campagne d’affichage pour appeler à voter « non » le 3 juillet devrait être lancée dans les rues de la capitale.

4 comments
  1. bonsoir

    Je doit voyager en thailande avec ma famille, est ce vraiment prudent. Je pars pour la periode du 6 juillet au
    6 aout Merci des informations sur la situation politique actuelle et dans les futurs mois AMICALEMENT

    1. Vous n’avez rien à craindre si vous évitez les manifestations et rassemblements politiques.

      Le conflit actuel n’a jusqu’à présent jamais impliqué des incidents avec des touristes, il s’agit véritablement d’un affrontement politique entre Thailandais

  2. Le PAD n’est pas un Parti politique, les participants à ses rassemblements sont donc “libres” …
    En 2006 et 2008, ce mouvement était “anti-Thaksin” et, à ce titre, populaire !
    Depuis 2008, il n’a plus de raison d’être et son audience se résume aux extrêmistes …
    Ces extrêmistes, peu nombreux -comme partout- jouent “le chaos” en favorisant l’élection du “Parti Thaksin”.
    Ils n’ont une “chance” de réussir à attirer du monde et ainsi de redevenir “mainstream” que si ce parti gagne les élections et revient au gouvernement ! (les mêmes causes créant les mêmes effets)

  3. Je vais devoir prendre une Surassurance annulation avec mon billet d’avion pour mon 2ème voyage de l’année en Thaïlande avec l’option émeute !
    Pourrais-je faire prendre en charge ce surcoût par le gouvernement actuel ?

Comments are closed.