l’Alliance populaire pour la démocratie (PAD) a annoncé l’organisation d’ une grande manifestation antigouvernementale,  ce dimanche 23 novembre à partir de 14 heures. La PAD a publié sa 24e annonce, précisant que la manifestation de dimanche vise à renverser l’actuel gouvernement, et à mettre un terme au “régime Thaksin” en Thaïlande.

La tension est rapidement remontée en Thaïlande après qu’un manifestant antigouvernemental a été tué et au moins 24 (vingt-quatre) autres blessés dans un attentat à la grenade commis à Bangkok dans la nuit de mercredi à jeudi dernier. La trêve observée depuis une semaine à l’occasion des funérailles de la sœur aînée du roi la princesse Galyani, a fait long feu.

Sondhi Limthongkul leader de la PAD

L’attentat a eu lieu à Bangkok au siège du gouvernement, que des milliers de partisans de l’Alliance du peuple pour la démocratie (PAD) occupent depuis près de trois mois pour obtenir le départ du gouvernement accusé d’être un “proxy” de Thaksin, l’ex premier ministre en exil condamné à deux années de prison par la justice thailandaise.

Le principal dirigeant de la PAD, Sondhi Limthongkul a fait valoir que le gouvernement était à l’origine de  cet attentat, sans toutefois apporter de preuve à l’appui de son accusation.

Des armes de guerre ont été utilisées à plusieurs reprises pour tuer le militants de la PAD, y compris des femmes, des vieillards et des jeunes.

précise son communiqué.

Depuis que la crise politique a débuté en 2006 en Thaïlande, la PAD (People Alliance for Democracy) a tenté de s’opposer à la domination de Thaksin et de ses alliés sur la vie politique thaïlandaise an pariant sur une stratégie de tension pour provoquer une démission du gouvernement.

Cette tactique de harcèlement a beau avoir un impact médiatique certain, elle ne semble pas être en mesure de déstabiliser le pouvoir en place. Bruyante, mais assez peu précise sur le contenu de son opposition, l’Alliance du Peuple pour la Démocratie, est une grande coalition des forces anti-Thaksin assez peu homogène. Celle-ci est à l’origine des manifestations organisées depuis le mois de mai pour réclamer la démission du Parti du pouvoir du peuple (PPP) pro-Thaksin, victorieux aux élections législatives de décembre.

Mais il semble que la PAD soit passé d’anti-Thaksin à anti-démocratique:  son programme politique défend davantage un recul de la démocratie, et s’appuie sur une conception élitiste du pouvoir. Elle milite pour un Sénat nommé au deux tiers, ce qui bénéficierait à l’élite politique traditionnelle thaïlandaise, la bureaucratie, les militaires. Spectaculaires, les actions de la PAD n’en sont pas moins très minoritaires et s’apparentent plus à des coup de main “gauchistes” qu’à un véritable mouvement de contestation s’appuyant sur un mouvement de masse.

La manifestation de dimanche sera sans doute un test décisif pour la PAD: après trois mois de troubles, la majorité des thaïlandais sont las d’une lutte stérile entre deux parties qui n’ont fait aucune tentative sérieuse de conciliation. Le tourisme est en baisse, les investisseurs étrangers fuient la Thaïlande car leur confiance est minée par deux années d’incertitudes et d’instabilité, et la crise économique commence à avoir des effets tangibles (General Motors et Toyota ont annoncé coup sur coup la fermeture partielle de leurs usines d’assemblage en Thailande). Le royaume a besoin d’un gouvernement qui gouverne, et recouvre son autorité rapidement, pas d’une énième manifestation de rue qui ne fera qu’attiser les divisions du pays.