Après voir accepté de transférer son bureau dans l’ancien aéroport de Don Muang, tout en demandant poliment aux manifestants de bien vouloir cesser leur occupation sauvage des bureaux du premier ministre, le nouveau gouvernement a visiblement décidé de reprendre les choses en main. Discrètement, mais fermement, la nomination de Somchai Wongsawat au poste de premier ministre a été l’occasion d’un changement de tactique vis à vis de l’Alliance du peuple pour la Démocratie (PAD, opposition). C’est tout l’opposé du style de Samak, fort en gueule et finalement assez mou du genou sur le terrain. Depuis son arrivée Somchai Wongsawat a au contraire évité tout écart verbal, appelant chacun à faire preuve de responsabilité et ouvrant des portes à la négociation. La carotte ayant été refusée par le PAD, voici venu semble t-il, le moment du bâton: un premier, puis un deuxième membre de la direction du PAD ont été mis sous les verrous depuis le début de la semaine. La police thaïlandaise a arrêté vendredi Chaiwat Sinsuwong, l’un des neuf dirigeants de l’Alliance du peuple pour la Démocratie (PAD), accusé de sédition. Dimanche matin, c’était au tour de Chamlong Srimuang, un autre dirigeant de  l’Alliance du peuple pour la Démocratie, contre  qui un tribunal thaïlandais a lancé un mandat d’arrêt.

Chamlong Srimuang est un des plus célèbres et actif dirigeant de l’Alliance du peuple pour la Démocratie, formation créée en 2005 contre le  gouvernement de l’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra et  qui a déclenché cette année une série de manifestations  pour demander le départ de l’ancien Premier ministre Samak  Sundaravej, élu dans les élections générales après le coup d’Etat  militaire de 2006.

Le 27 août, la justice thaïlandaise avait lancé des mandats d’arrêt à l’encontre des neuf dirigeants de la PAD, après que le mouvement a conduit  la veille plusieurs milliers de manifestants pour s’emparer d’une station de télévision d’Etat, de bâtiments de plusieurs ministères,  et du siège du gouvernement au centre de Bangkok, réclamant la  démission du Premier ministre d’alors, Samak Sundaravej. L’Alliance du peuple pour la Démocratie a continué à occuper le siège du gouvernement, bien que M.  Samak ait été destitué pour violation de la Constitution.

Outre Chaiwat, et Chamlong Srimuang les sept autres dirigeants recherchés de la PAD  sont Sondhi Limthongkul, Somsak Kosaisuk, Pipop Thongchai, Somkiart Pongpaiboon, Suriyasai Katasila, Amorn  Amornratananont et Therdpoom Chaidee. Ils feront face à plusieurs chefs d’accusation, dont la  trahison, troubles à l’ordre social et désobéissance à la loi.

Le PAD a jusqu’à présent fait preuve d’une grande résilience face aux pressions du gouvernement : après avoir déclaré l’état d’urgence , provoquant ainsi une chute spectaculaires des entrées touristiques, M.Samak avait été obligé de reconnaître son échec au bout de 48 heures devant le refus de l’armée d’évacuer les manifestants par la force.

Peu après son élection Somchai Wongsawat, avait fait un geste vers l’opposition en levant l’état d’urgence et en demandant au vice-Premier ministre Chavalit Yongchaiyudh de négocier avec le PAD. Devant l’intransigeance du PAD le nouveau Premier Ministre thaïlandais a demandé que le siège du gouvernement soit libéré avant la cérémonie de crémation de la sœur du Roi, la Princesse Galyani Vadhana, qui débutera le 14 novembre. En cause également, le sommet régional de l’ASEAN prévu du 15 au 18 décembre prochain à Bangkok, dont la Thailande doit assurer la présidence.