C’était il y a à peine deux ans: l’occupation du centre de Bangkok par les alliés de Thaksin prenait fin dans un chaos indescriptible. Les dirigeants de l’UDD (dont Jatuporn qui s’apprête à rejoindre l’actuel gouvernement) lançait des appels au meurtre et à “mettre le feu partout” sur la place publique. Le mirage de la souriante et pacifique Thaïlande disparaissait derrière la fumée opaque des shopping center et des barricades de pneus en flamme. Personne n’avait encore entendu parler de Yingluck Shinawatra, la plus jeune soeur de Thaksin, qui dirigeait alors une entreprise de promotion immobilière. Mais Thaksin a fait preuve d’une incroyable résilience pour atteindre son but: après avoir joué sans succès la carte du pardon royal, de l’amnistie et de l’insurrection de rue, il remportera finalement la victoire par les urnes.

 

Scènes de pillages, couvre-feu et incendies volontaires : les chemises rouges sont en roue libre dans la capitale thailandaise qui offre le spectacle d’une ville en état de siège livrée à la violence gratuite de petites bandes armées.Complètement débordée par son aile gauchiste, celle qui a fait capoter les négociations pour l’organisation d’élections en accord avec le plan de paix du gouvernement, l’UDD est maintenant totalement déconsidérée alors qu’il y a une dizaine de jours un accord était à portée de main pour de nouvelles élections.

Joint par téléphone, notre correspondant sur place à confirmé une attaque contre le centre commercial Tesco d’ On Nut : une explosion suivie d’une prise d’otages dans le centre commercial.

La direction de l’UDD, ou plutôt l’absence de direction, porte une lourde responsabilité dans l’enchainement de violences qui a commencé aujourd’hui. Elle a transformé un mouvement de masse, au départ pacifique, en une fraction minoritaire livrée à des leaders extrémistes et irresponsables. A n’en pas douter, le pouvoir va sauter sur l’occasion pour organiser une repression sans merci, provoquant un cycle de repression/attentats qui risque de durer longtemps.

D’habitude ce sont les flics infiltrés qui organisent des provocations dans les mouvements de masse pour permettre aux forces de l’ordre d’intervenir et pour déconsidérer les manifestants : le gouvernement thaïlandais n’a même pas eu besoin de se donner cette peine. L’UDD a elle même organisé la présence de milices para militaires lourdement armées parmi les manifestant, utilisant des civils, femmes et enfants, comme bouclier humain.

La carte des endroits dangereux et des immeubles incendiés selon l'Ambassade de Belgique à Bangkok

L’UDD a finalement atteint ce qui a toujours été son but : le maximum de violence et de destruction pour tenter de déstabiliser le gouvernement et provoquer un retour de Thaksin au pouvoir, et de ses milliards sur son compte en banque.

Les pro Thaksin ont fait preuve de leur totale mauvaise foi en refusant l’offre du gouvernement qui correspondait au mandat qui leur avait été donné par leur base : l’organisation de nouvelles élections anticipées. Ce faisant ils ont traité avec un profond mépris les masses qui leur ont fait confiance, parfois au péril de leur vie.

On ne sait pas sur quelles bases légales ont été arrêtés les leader de l’UDD qui ont jusqu’au dernier moment encouragé la violence, mais l’utilisation de bouclier humain est devenu explicitement interdit depuis la quatrième convention de Genève du 12 août 1949.

En attendant la situation reste très tendue et imprévisible comme l’indique le site de l’Ambassade de France.

La situation est particulièrement tendue et volatile dans la capitale thaïlandaise où des opérations armées sont en cours dans le centre. Par ailleurs, des pillages et des violences incontrôlées sont rapportés dans plusieurs points de Bangkok. Un couvre-feu est décrété par les autorités, à partir de 20h00 ce 19 mai, et jusqu’à jeudi, 6h00 du matin.

L’Ambassade demande donc aux ressortissants français se trouvant actuellement à Bangkok de rester à leur domicile et d’éviter de se tenir à proximité des fenêtres et balcons. S’ils doivent impérativement se déplacer, la plus grande vigilance est requise, à pied comme en voiture.