Reportrice vidéo, Hmu Yadanar a été arrêtée alors qu’elle couvrait une manifestation spontanée à Rangoun, la principale ville du Birmanie.

Face à l’ampleur de l’arbitraire qui entoure sa condamnation à dix ans de réclusion, prononcée le 26 mai, Reporters sans frontières (RSF) appelle le rapporteur spécial de l’ONU à s’emparer de ce cas pour imposer un nouveau régime de sanctions contre les généraux birmans.

Dix ans de prison pour avoir filmé une manifestation hostile au régime

La sentence, implacable, a été donnée dans le plus grand secret, derrière les murs de la sinistre prison d’Insein, en banlieue de Rangoun. Hmu Yadanar Khet Moh Moh Tun, reportrice d’images pour la Myanmar Press Photo Agency (MPA), a été condamnée, ce 26 mai, à une peine de dix ans de réclusion selon les termes de la loi antiterroriste. Son avocat, qui préfère rester anonyme, rapporte à RSF qu’elle est accusée d’avoir violé l’article 50 (j) de ce texte, qui punit le “financement du terrorisme”.

En fait de “terrorisme”, la journaliste s’était contentée de filmer, le 5 décembre 2021, une manifestation populaire organisée par le biais d’un “flash mob”, une mobilisation éclair sur les réseaux sociaux. Un véhicule militaire avait alors foncé sur elle, provoquant de sérieuses lésions à la tête et aux jambes. Elle a été placée en détention dans la foulée.

“Avec cette peine de dix ans de prison supplémentaires prononcée contre Hmu Yadanar, la junte dirigée par le général Min Aung Hlaing montre, s’il le fallait encore, l’étendue abyssale de l’arbitraire qui règne contre les acteurs de l’information en Birmanie. Nous appelons le rapporteur spécial des Nations unies sur la situation des droits de l’homme dans le pays, Tom Andrews, à s’emparer du cas hautement symbolique de Hmu Yadanar pour demander des sanctions internationales efficaces contre les dirigeants militaires birmans.

Daniel Bastard Responsable du bureau Asie-Pacifique de RSF

Hmu Yadanar a été condamnée une première fois, en décembre dernier, à trois ans de prison pour “incitation” à la rébellion, selon l’article 505 (a) du Code pénal. Selon son avocat, elle a décidé de ne pas faire appel de cette nouvelle condamnation pour ne pas voir sa peine alourdie.

La journaliste fait partie des 70 acteurs de l’information actuellement détenus dans les prisons birmanes, selon le baromètre des exactions contre la liberté de la presse mis à jour par RSF.

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