Surnommé « le marchand de la mort » ou « le briseur de sanctions » pour sa capacité à contourner les embargos sur les armes, Viktor Bout, 55 ans, était l’un des hommes les plus recherchés au monde avant son arrestation à Bangkok en 2008 pour de multiples accusations liées au trafic d’armes.

L’affaire Viktor Bout avait commencé de manière spectaculaire le 6 mars 2008, avec son arrestation dans un hôtel, en plein cœur Bangkok après avoir été piégé par des agents de la DEA américains.

Piégé par les Américains et arrêté par la police thaïlandaise

Viktor Bout a été filmé en train d’accepter de vendre à des agents américains se faisant passer pour des représentants de la guérilla de gauche des FARC colombiennes, 100 missiles sol-air, qu’ils utiliseraient pour tuer des troupes américaines. Peu de temps après, il a été arrêté par la police thaïlandaise.

Ancien officier de l’armée de l’air soviétique, Viktor Bout est accusé d’avoir vendu des armes aux quatre coins de la planète, y compris pour des pays placés sous embargo a sur la vente d’armes par l’ONU, comme l’Angola, Sierra Leone, République démocratique du Congo… Bout, dont la vie a inspiré un livre – “Le marchand de mort” – et un film – “Lord of War – aurait réalisé ces trafics grâce à plusieurs compagnies aériennes, dont Air Cess, basée à Sharjah, aux Émirats arabes unis.

La grande percée de Bout a eu lieu dans les jours qui ont suivi l’effondrement du bloc communiste en 1989-91, profitant d’une surabondance soudaine d’armes abandonnées de l’ère soviétique pour alimenter une série de guerres civiles fratricides en Afrique, en Asie et au-delà.

Avec la désintégration de la vaste flotte aérienne de l’Union soviétique, Bout a pu acquérir un escadron d’environ 60 vieux avions militaires soviétiques basés aux Émirats arabes unis, grâce auxquels il pouvait distribuer ses produits dans le monde entier.

Faisant l’objet d’un mandat d’arrêt international, il se réfugie en 2001 à Moscou, où il échappe aux tentatives d’arrestation grâce à ses cinq passeports, et ses différentes identités. À partir de 2002 et d’une plainte de la Belgique pour le blanchiment de 325 millions de dollars, Interpol recherche Viktor Bout, mais ce n’est qu’en avril 2005, que le Trésor américain gèle ses comptes aux Etats Unis.

Après plus de deux ans de querelles diplomatiques au cours desquelles la Russie a insisté sur le fait que Bout était innocent et que son cas était politiquement motivé, il a été extradé vers les États-Unis. Il a ensuite été accusé de complot en vue de soutenir des terroristes, de complot pour tuer des Américains et de blanchiment d’argent.

Bout a été jugé pour les accusations liées aux FARC, ce qu’il a nié, et en 2012, il a été reconnu coupable et condamné par un tribunal de Manhattan à 25 ans de prison, la peine minimale possible.

Pour certains experts, l’intérêt continu de l’État russe pour Bout, ainsi que ses compétences et ses relations dans le commerce international des armes, font fortement allusion aux liens du renseignement russe.

Dans des interviews, Bout a déclaré qu’il avait fréquenté l’Institut militaire des langues étrangères de Moscou, qui sert de terrain d’entraînement pour les officiers du renseignement militaire.