Coup dur pour la Thaïlande qui se retrouve en compagnie de la Malaisie et du Vietnam pour le classement 2009 de la liberté de la presse dans le monde de RSF. En Thaïlande, l’affrontement sans fin entre “chemises jaunes” et “chemises rouges” a eu un effet très négatif sur le travail de la presse. Le royaume se positionne aujourd’hui à la 130e place.
Par ailleurs la Thaïlande reste toujours sur la liste de surveillance de RSF en ce qui concerne Internet.
La fin du règne du roi Bumibol Adulyadej approchant, la monarchie devient un sujet de plus en plus sensible. Début janvier 2009, la ministre de l’Information et de la Communication a également annoncé que le gouvernement allait investir 500 millions de bahts (1,1 million d’euros) afin de mettre en place un filtre national consacré au blocage des sites Internet hébergés à l’extérieur des frontières du royaume, qui porteraient atteinte à la monarchie. Car, depuis décembre 2008, le ministère de l’Information et de la communication a décidé de lutter plus fortement contre le crime de lèse-majesté sur Internet. Plus de 4 000 sites Internet ont été bloqués depuis le début de l’année 2009. Pourtant, de source officielle, seules 4 800 pages Internet auraient été bloquées depuis le mois de mars 2008 pour ce motif.
Selon le Cyber Crime Act, adopté en 2007, la police est autorisée à saisir le matériel informatique des personnes suspectées de diffuser des messages à contenu insultant ou pornographique. Le crime de lèse-majesté ne figurait pas dans cette loi. Or, début 2009, un amendement prévoyant des peines de prison pour toute personne suspectée de crime de lèse-majesté a été déposé afin d’augmenter les peines en cas de “diffamation”, “insulte” ou “menace envers la monarchie”.
Le crime de lèse-majesté est puni de 3 à 15 ans de prison ferme et n’importe quel citoyen thaï peut demander l’ouverture d’une enquête s’il soupçonne l’un de ses concitoyens de s’en être rendu coupable.
Les coups de force politiques ont, cette année encore, porté un tort très fâcheux à la liberté de la presse. Un coup d’Etat militaire a ainsi fait chuter les Fidji (152e) de 73 places. Les militaires se sont installés pendant plusieurs semaines dans les rédactions pour censurer les articles avant publication et des journalistes étrangers ont été expulsés.
L’autoritarisme des gouvernements en place, par exemple au Sri Lanka (162e) ou en Malaisie (131e), empêche les journalistes d’informer correctement sur des sujets sensibles comme la corruption ou les abus aux droits de l’homme. Le pouvoir de Colombo a fait condamner un journaliste à vingt ans de prison et contraint à l’exil des dizaines d’autres. En Malaisie, le ministère de l’Intérieur impose censure et autocensure en menaçant les médias de retraits de licence et les journalistes de séjours en prison.
Les pays les moins respectueux sont, évidemment, la Corée du Nord, membre du “trio infernal” de fin de classement ; la Birmanie, toujours malade de la censure préalable et des emprisonnements ; et le Laos, dictature immobile où aucun média privé n’est autorisé.
En pleine évolution, notamment dans le domaine des médias, la Chine (168e) reste très mal classée en raison des emprisonnements à répétition, notamment au Tibet, de la censure d’Internet et du népotisme des autorités centrales et provinciales. De même, au Viêt-nam (166e), le parti unique a visé des journalistes, des blogueurs et des militants de la liberté de la presse pour leurs écrits sur les faveurs qu’il accorde à la Chine.
Au chapitre des bonnes nouvelles, les Maldives (51e), au bénéfice d’une transition démocratique réussie, ont gagné 53 places. De même, le Bhoutan (70e) a encore gagné quatre places grâce à de nouveaux efforts en faveur du pluralisme.Les rares démocraties du continent occupent de très bonnes places. Ainsi, la Nouvelle-Zélande (13e), l’Australie (16e) et le Japon (17e) sont classés dans les vingt premiers. Le respect de la liberté d’informer et l’absence de violences ciblées contre les journalistes permettent à ces pays d’être leaders en Asie.
En revanche, la Corée du Sud (69e) et Taïwan (59e) ont chuté cette année. La Corée du Sud perd 22 places en raison de l’arrestation de plusieurs journalistes et blogueurs et les tentatives de contrôle des médias critiques par le gouvernement conservateur. A Taïwan, le nouveau parti au pouvoir a également cherché à influencer les médias publics et privés, et les violences commises par certains activistes nuisent à la liberté de la presse.
Deux nouveaux venus dans le classement 2009 sont issus du continent Asie-Océanie. La Papouasie-Nouvelle-Guinée (56e) à un rang tout à fait honorable pour un pays en développement ; et le sultanat de Brunéi (155e) est dans le mauvais tiers du classement en raison de l’absence de presse indépendante.