Menace d’exécutions à l’encontre des journalistes indisciplinés, irruptions dans les rédactions des principaux médias et projets de lois liberticides : ça faisait sans doute un peu trop pour RSF, qui accueille donc désormais le général Prayut dans son club des «prédateurs de la liberté de la presse».

Le Premier ministre thaïlandais se retrouve donc en compagnie de Kim Jong Un, Raul Castro, Bachar al Hassad et Robert Mugabe.

Le 25 mars dernier, lors d’une conférence de presse, le général Prayut Chan-o-cha, chef du Conseil national pour la paix et l’ordre et Premier ministre, répond à une question sur les mesures qu’il envisage face aux journalistes qui ne suivent pas la ‘ligne officielle’ : “Nous les exécuterons probablement », affirme-t-il sur ton sans équivoque.

Sa vision du journalisme, le Premier ministre l’avait partagée à la presse quelques semaines plus tôt. Le 5 mars, « Journée des reporters » dans le pays, Prayut Chan-o-cha avait expliqué que les journalistes devaient :

« jouer un rôle important en soutenant les actions du gouvernement, entraînant de manière concrète une compréhension des politiques de ce dernier par le public, et ainsi réduire les conflits dans la société ».

Un contrôle toujours plus resserré

La junte de Prayut ne cherche pas seulement à contrôler la presse traditionnelle. Un projet de loi sur la cybersécurité a vu le jour au début de l’année, qui permettrait aux autorités d’exiger la coopération des fournisseurs d’accès à Internet dans le cadre de la surveillance des réseaux par le Conseil national pour la paix et l’ordre.

Sous couvert de « sécurité nationale », un prétexte utilisé quasi quotidiennement, comme le crime de lèse-majesté, pour justifier censure et arrestations d’internautes, le projet de loi autoriserait également la mise sous surveillance des communications électroniques dans tous le pays.

En attendant, la police de la pensée sur Internet continue d’arrêter les acteurs de l’information, les cyber-activistes et les défenseurs des droits de l’homme.

C’est le cas de l’avocat Anon Numpa, défenseur de nombre de personnes inculpées de lèse-majesté et récemment accusé par l’armée d’avoir publié des points de vue hostiles à la junte, notamment sur Facebook.

Le 31 mars 2015, le général a annoncé qu’il révoquerait la loi martiale, en vigueur depuis le coup d’Etat de mai 2014, pour la remplacer par un ordre judiciaire décrit dans l’article 44 de la Constitution intérimaire instaurée en juillet dernier.

L’article 44 donne les pleins pouvoirs au chef du Conseil national pour la paix et l’ordre, en indiquant qu’il peut “donner tous ordre ou conduire ou empêcher toutes actions, sans égard pour le fait que l’ordre ou l’action produise des effets législatifs, exécutifs ou judiciaires”.