Alors que des voix s’élèvent pour protester contre l’absence de couverture ou le traitement biaisé par les chaînes d’État, particulièrement Channel 3, 5, 7, 9 et 11, des manifestations anti-gouvernementales qui secouent le pays depuis le début du mois, Reporters sans frontières condamne le ciblage des acteurs de l’information par les manifestants, dans les rues de la capitale.

“Une couverture impartiale des rassemblements pro et anti-gouvernementaux par la télévision d’État est un enjeu de taille. Les frustrations des manifestants vis-à-vis du pouvoir ne sauraient en aucun cas justifier une telle focalisation sur la couverture médiatique ni l’agression dont a été victime un journaliste freelance allemand. Il est inacceptable que des journalistes soient physiquement pris à parti pour leur couverture supposée “pro-gouvernementale”. Ce type d’attaque à l’encontre d’un journaliste, clairement identifié par son brassard, remet sérieusement en cause la légitimité du mouvement”,

a déclaré Reporters sans frontières.

Un journaliste freelance allemand agressé

L’Association des journalistes de l’audio-visuel thaïlandais et l’Association des journalistes thaïlandais ont toutes deux publié un communiqué de presserappelant à la presse nationale l’importance d’une couverture impartiale des événements.

Elles ont toutefois réfuté les accusations de couverture biaisée des événements portées contre les médias et ont appelé au maintien du caractère pacifique des protestations. Les associations demandent notamment aux organisateurs de ne pas diriger leur marche vers les locaux des chaînes télévisées.

Les manifestants anti-Thaksin encerclent les locaux de Channel 3 à Bangkok

Le 24 novembre 2013, les manifestations à Bangkok ont dégénéré lorsque des véhicules appartenant à Channel 3 et Channel 7 ont été encerclés par les manifestants.

Le 25 novembre, un journaliste freelance allemand, Nick Nostitz, a été pris à parti par la foule après avoir été désigné comme un soutien du gouvernement, une “chemise rouge”, par l’un des leaders politiques de la contestation, Jumpol Chumsai, incitant la foule à le “chasser” du rassemblement. Le journaliste a été légèrement blessé mais est parvenu à s’échapper avec l’aide de la police.

L’agression a été immédiatement condamnée par le Club des correspondants étrangers de Thaïlande qui a appelé les leaders de la manifestation à reconnaître publiquement que les droits de tous les journalistes nationaux ou étrangers devaient être respectés.

La Thaïlande se situe à la 135ème position sur 179 selon le classement de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières en 2013.

Benjamin Ismaïl
Head of Asia-Pacific Desk
Reporters Without Borders
CS 90247 – 75083 Paris Cedex 02