Le 22 janvier 2008, le célèbre journaliste U Win Tin, emprisonné depuis juillet 1989, a été transféré dans une chambre gardée de l’hôpital général de Rangoon suite à une hernie très douloureuse. Il devrait être opéré dans les jours qui viennent, après une série de contrôles médicaux. Ses proches ont pu lui rendre visite, malgré les policiers qui ont été déployés devant sa chambre.
Le même jour, Saw Wai a été arrêté pour avoir publié un poème de la Saint-Valentin contenant un message codé, critique à l’encontre du chef de la junte militaire, le général Than Shwe.
“Dans ces deux affaires, ces hommes n’ont fait qu’exprimer pacifiquement leurs opinions. Nous demandons leur libération immédiate. Dans le cas de U Win Tin, la junte militaire a une attitude criminelle vis-à-vis de ce vieil homme malade. Nous sommes très inquiets avant cette opération. Concernant le poète Saw Wai, nous redoutons qu’il soit soumis à de mauvais traitements en détention. Son seul crime est d’avoir réussi à contourner la censure pour dire ce que la majorité des Birmans pensent du régime”, ont affirmé Reporters sans frontières et la Burma Media Association.
Condamné à vingt ans de prison, notamment pour “propagande antigouvernementale”, U Win Tin ne reçoit plus de visites de représentants du Comité international de la Croix-Rouge depuis le début de l’année 2006. Même s’il est détenu dans une cellule spéciale de la prison d’Insein, son état de santé s’est lentement dégradé. Il a été victime de plusieurs malaises cardiaques et souffre d’hypertension artérielle.
Le poète birman Saw Wai, connu pour ses poèmes romantiques, a été arrêté le 22 janvier par des militaires, au lendemain de la publication d’un poème de la Saint-Valentin contenant un message codé critiquant le chef de la junte. Le poème intitulé “14 février” a été publié dans l’hebdomadaire populaire Achit Journal (Love Journal). Lus verticalement, les premiers mots de ce poème en birman forment la phrase “Le généralissime Than Shwe est fou de pouvoir”.
Le poète et des cadres du journal ont été interrogés par les censeurs militaires à propos de ce texte qui s’est rapidement répandu à Rangoon, multipliant les chiffres de vente du magazine avant qu’il ne soit retiré des étalages. Myat Khine, rédacteur en chef de la revue, a dû s’expliquer sur la publication du poème.
Un cryptogramme du même genre avait été utilisé en juillet 2007 dans une publicité parue dans le Myanmar Times, pour une agence de voyage suédoise fictive, où l’on pouvait décrypter “Than Shwe est un assassin”.