Il ne se passe désormais guère plus d’une semaine sans qu’une nouvelle condamnation ne soit prononcée pour lèse majesté. Pour la première fois un ressortissant étranger (un Américain né en Thaïlande et possédant la double nationalité) a fait les frais de la très stricte protection dont bénéficie la famille royale en Thaïlande. En l’occurrence, Joe Gordon a été condamné pour avoir traduit certains passages d’une biographie du roi, dont la vente et la diffusion sont interdites dans le royaume

Le fait que vous soyez un étranger ne change d’ailleurs rien à l’application de la loi: en tant que touriste ou expatrié vous devez savoir que toute critique de la monarchie ou de la famille royale vous expose à des sanctions très lourdes. La même chose vaut pour l’image de la famille royale, qui est protégée de la même manière par la même loi.

Maintes fois critiquées par les ONG de défense de la liberté d’expression et même par l’ONU, la loi a résisté à tous les changements gouvernementaux qu’a connu récemment la Thaïlande, et continue d’être appliquée aussi bien pour des cas absurdes (cinq ans de prison pour un SMS), que pour réduire au silence des médias hostiles au gouvernement.

La Thaïlande est dans la collimateur de nombreuses ONG . Elle fait partie des pays sous surveillance dans la liste des Ennemis d’Internet et se place au 153ème rang sur 178 pays dans le classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières en 2010.

 

Cinq ans de prison pour un SMS

La Thaïlande fait partie des pays sous surveillance dans la liste des Ennemis d’Internet et se place au 153ème rang sur 178 pays dans le classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières en 2010.

La loi de lèse-majesté en Thaïlande est l’une des plus restrictives au monde en matière de liberté d’expression et d’information. La Premier Ministre Yingluck Shinawatra avait pourtant affirmé, après sa victoire aux élections du 3 juillet 2011, que “le crime de lèse-majesté ne [devait] pas [être] utilisé de façon inappropriée”. Une déclaration contredite le 26 août dernier par le vice-Premier ministre Chalerm Yubamrung, qui a fait de lutte contre le crime de lèse-majesté sa priorité. En parallèle, les arrestations et condamnations se sont récemment multipliées.

note RSF dans un récent communiqué.

Récemment un Thaïlandais de 61 ans, a été condamné  pour crime de lèse majesté pour avoir envoyé des SMS jugés offensant pour la famille royale.  Cinq années de réclusion ont été requis pour chacun des messages envoyés, soit un total de vingt années de prison. Un nouvel exemple de l’application, et des conséquences parfois excessives, de l’application très stricte de la loi qui protège le roi et la famille royale en Thaïlande. La sévérité de cette condamnation a provoqué une certaine émotion dans la société thaïlandaise, pourtant habituée à de genre d’excès. Une campagne online sur Facebook a même été lancée, avec des photos de personnes en faveur de sa libération.

Le cas d’Ampon Tangnoppakul, surnommé “Uncle SMS”, condamné le 23 novembre 2011 à vingt ans de prison pour des SMS “insultants à l’égard de la monarchie”, a éveillé l’attention de la communauté internationale. Les Etats-Unis ont notamment exprimé leur préoccupation en déclarant que de telles condamnations violaient le droit fondamental à la liberté d’expression.

note Reporters sans frontières.

20 ans de prison pour un commentaire?

Le procès de Jiew est toujours en cours. Elle risque vingt ans de prison en vertu du Computer Crimes Act, pour des commentaires “nuisant à la monarchie” postés sur son blog en 2010. Somyos Prueksakasemsuk, ancien rédacteur en chef du journal Voice of Thaksin, interdit depuis 2010, est en détention provisoire depuis sept mois pour “insulte à la monarchie” .

Plusieurs net-citoyens sont toujours emprisonnés pour des crimes de lèse-majesté. Surapak Phuchaisaeng est en attente de son jugement pour des messages postés sur Facebook. Thanthawut Thaweewarodomkul a été condamné, le 15 mars 2011, à treize ans d’emprisonnement pour des articles publiés sur un site web lié aux “Chemises rouges”, Nor Por Chor USA. Norawase Yotpiyasathien, étudiant et blogueur, a été arrêté le 5 août 2011.