Les plus d’un million de travailleurs clandestins présents en Thaïlande auront trois mois supplémentaires pour légaliser leur situation. Un délai qui leur permettra de ne pas se faire expulser, et de continuer à travailler pour des  entreprises thaïlandaises confrontées à une  pénurie croissante de main d’oeuvre.

Le porte parole du gouvernement thaïlandais, Tossaporn Serirak, a annoncé qu’un délai de trois mois allait être mis en place pour que les travailleurs clandestins puissent rester sur le territoire pour compléter leur processus d’enregistrement.

Ce délai permettra aux migrants clandestins, ainsi que leurs enfants de moins de 15 ans, de s’enregistrer légalement en demandant un passeport temporaire ou un certificat d’identité de leur pays d’origine.

Un salaire minimum de 300 bahts par jour depuis le 1er janvier

Les immigrés originaires du Myanmar, du Laos et du Cambodge qui peuvent  prouver qu’ils séjournent dans le pays légalement, peuvent bénéficier d’une augmentation de salaire ainsi que de l’accès aux prestations gouvernementales, mais seulement moins de la moitié des 2,5 millions de travailleurs migrants en Thaïlande ont respectés l’échéance de la régularisation.

Migrant workers Thailand
Les travailleurs immigrés constituent l’essentiel de la main d’oeuvre employée dans l’industrie du bâtiment en Thaïlande.

Les travailleurs provenant des pays voisins représententjusqu’à 10% de la main d’oeuvre thaïlandaise, et plus d’un million d’entre eux sont toujours sans papiers. La majorité n’ont pas les moyens ni le temps de légaliser leur séjour. Ce délai devrait donc les aider dans leur démarche, et leur permettre d’éviter l’expulsion dont les menace le gouvernement.

Ces travailleurs migrants sont un pilier de la construction en Thaïlande, ainsi que des usines du secteur textile,  de la pêche et des travaux agricoles. Mais la plupart se retrouvent sans papiers et leur statut illégal les rend vulnérables face aux abus.

Ce programme de vérification de nationalité cherche aussi à mieux protéger les migrants en collaborant avec les pays voisins pour qu’ils délivrent des passeports temporaires afin qu’ils puissent faire une demande de permis de travail. Mais ce programme est lent et coûteux, et demande le soutien des employeurs.

Une population vulnérable

« Plus il y a de confusion autour de la loi, plus il est probable que les migrants devront payer des frais de corruption » a annoncé Andy Hall, un expert en travailleurs migrants à Mahidol University’s Institute pour la Population et Recherche Sociale à Bangkok. Ces frais incluent le versement d’argent aux services d’immigration en Thaïlande, ce qui peut, selon lui, entraîner un endettement des migrants.

Nilim Baruah de l’OIT, spécialiste principal des migrants pour la région Asie-Pacifique, a déclaré qu’il aimerait voir changer les lois thaïlandaises afin de mieux protéger les travailleurs migrants.

“Le Job Seekers (sorte de Pôle Emploi thaïlandais) et la loi sur le recrutement devraient être révisés pour inclure la régulation du recrutement pour les travailleurs entrants. Deuxièmement, je pense qu’il devrait y avoir des mécanismes de plainte plus efficaces.”

Le gouvernement de Thaïlande s’investit de plus en plus dans la régulation économique du pays en préparation de l’échéance de 2015. Sa politique est en pleine évolution car le royaume se prépare pour son entrée dans l’AEC, la communauté économique de l’ASEAN, une union douanière rassemblant 10 pays du sud-est asiatique. Cette intégration rendra les déplacements entre les pays plus facile pour certains travailleurs, mais surtout dans un premier temps pour les emplois hautement qualifiés.

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