Avec cette plongée au cœur du monde du Ya-ba, le remède qui rend fou (Ya = médicament, Ba = fou), Olivier Pin Fat livre une vision très personnelle d’un univers sombre et marginal : celui de la drogue et de l’adiction.
Bien plus qu’un reportage, c’est à une sorte de voyage intime que nous convie Olivier Pin Fat avec cette série de clichés prises lors d’un épisode assez sanglant de l’histoire récente de la Thaïlande : la guerre contre la drogue, déclarée par le gouvernement Thaksin en 2003.
Dans un texte qu’il a lui même écrit, le photographe britannique de l’agence Vu, explique de façon assez directe sa démarche. J’ai essayé d’en traduire quelques passages :
”C’est autant un voyage pour ceux photographiés ici que pour moi. Leur Bangkok est devenu mon Bangkok et vice-versa. Il a pris la forme d’une bête prédatrice de proportions monstrueuses, ses routes étaient des artères et les os, ses autoroutes. Il n’y avait aucune évasion. Les salles anonymes d’hôtel sont devenues des intérieurs du crâne. Les trous de serrure étaient l’œil de l’esprit sur le monde extérieur pendant des jours et des jours. Des mois et des mois. Le temps a perdu sa signification. Des fils de communication ont été empêtrés, brouillés, noués dans des boucles de bégaiement. Les paysages urbains étaient des rêves. Souvent cauchemars. Paysages de l’esprit. Le sommeil n’est jamais venu. Seulement l’horreur de l’accident final. Un tsunami d’inquiétude et de crainte noires visqueuses, folie, nihilisme.
La photographie est devenue une forme d’exorcisme pour moi. Un compagnon silencieux, une justification. Le film a été voilé et porté au soleil, ce qui devait resté est resté. Images exposées sacrifiées à l’aléatoire et accidentel. Epreuve de survie de la vie et de la mort. Le peu qui ont survécu ont semblé destinés à l’être. Plus efficace. Tout et hors du temps et de la lumière ….. tout au bon endroit.”
Kathmandu Photo Gallery, 87 Pan road off Silom road, Bangrak, Bangkok 10500 THAILAND. Du 6 Octobre au 30 Novembre 2007