Alors que le mandat de la Thaïlande à la présidence de l’Asean est sur le point de se terminer, M.Surin Pitsuwan, son secrétaire général tire un premier bilan de son mandat à la tête de l’organisation qui regroupe  les 10 principaux pays de la région.

Quel peut être le rôle de l’Asean dans la communauté internationale de demain ?

Le monde se dirige un peu plus chaque jour vers l’ouverture et la concurrence. Chaque état membre de l’Asean ne peut plus prétendre affronter la concurrence  mondiale individuellement. Collectivement nous avons obtenu la reconnaissance de la communauté internationale parce que nous représentons un groupe de 580 millions de personnes, et un PIB combiné de 1500 milliards de dollars. L’Asean a déjà permis de signer des accords de FTA (Free Trade Agreement) avec l’Inde, le Japon et la Chine. C’est aussi un premier pas vers la constitution d’un groupe Asean +3.

Quelles ont été les conséquences de la crise sur l’Asean ?

Nous avons su tirer les enseignements de la crise de 1997. La crise Tom Yam Kung (NDLR : ainsi surnommée car elle a pris son origine en Thaïlande avec la dévaluation brutale du baht) nous a tous touchés collectivement et nous avons alors réalisé l’interconnexion de nos économies. La même chose s’est produit avec la crise des sub-prime américaine, mais cette fois elle ne venait pas de chez nous. Nous avons mis en place nos propres mécanismes de compensation (un fonds de 120 milliards de dollars, dit initiative de Chiang Mai) et nos propres plans de relance. Avec cette crise le monde a réalisé que le G8 ne pouvait plus prétendre à la représentation du monde entier. L’Asean a été invitée aux réunions du G8 élargi en tant qu’organisation, alors que chacun des pays qui la compose aurait probablement été ignoré.

Quelles sont les prochaines étapes pour l’Asean ?

L’ancien modèle de croissance qui reposait sur un investissement venant de l’étranger, destiné à produire des bien vendus à l’exportation est obsolète. Le nouveau modèle de croissance pour les pays d’Asie consistera à générer notre propre marché avec nos propres investissements et notre propre technologie. C’est tout le sens de l’accord tarifaire (droits de douanes ramenés à 0 à 5%) qui rentrera en vigueur à partir du 1 janvier 2010 entre les six principaux pays de l’Asean (Indonésie, Philippines, Thaïlande, Singapour, Malaisie, Brunei). C’est un début qui appelle de nombreux développements dans le sens d’une meilleure intégration de nos économies. Il n’y a de toutes façon pas d’autres choix que celui de la concurrence : le mur du protectionnisme est fissuré de partout et il ne tiendra pas longtemps.

Interview reconstituée à partir de l’allocution de M. Surin Pitsuwan pour l’ouverture de l’Asean Business Forum à Bangkok le 26 Octobre.