Qui a tort, qui a raison dans la querelle frontalière qui oppose le Cambodge et la Thailande ? Difficile de se prononcer avec certitude, mais en attendant le nombre de victimes augmente de part et d’autres, et le conflit qui déchire les deux pays membres de l’Asean a déjà provoqué le déplacement de 40000 réfugiés en Thaïlande.
Des combats à l’arme lourde ont repris entre soldats thaïlandais et cambodgiens autour d’un groupe de temples disputés entre Bangkok et Phnom Penh, les deux pays se rejetant la responsabilité d’avoir ouvert le feu. Le bilan provisoire des combats s’élève déjà à 10 morts, alors qu’aucune solution diplomatique ne semble être à l’horizon pour le moment.
En fait deux conceptions s’opposent dans la résolution du conflit: la Thailande insiste pour entamer des négociations bilatérales avec le Cambodge et refuse toute autre intervention, alors que le Cambodge demande des négociations multilatérales supervisées par l’ONU ou l’Asean.
Le ministre de la Défense thaïlandais a appelé à la reprise des pourparlers bilatéraux pour résoudre le différend territorial entre les deux pays.
«Nous devons faire pression sur eux pour revenir à la table de négociation”
a t-il déclaré.
Le Porte-parole du gouvernement thaïlandais Panitan Watanayagorn a estimé que le Cambodge essaye d’impliquer un pays tiers dans le conflit frontalier en demandant au Conseil de sécurité des Nations unies d’intervenir entre les deux pays. Le Premier ministre thaïlandais Abhisit Vejjajiva a accusé le Cambodge de vouloir “internationaliser” le conflit.
Lors d’une réunion de l’ASEAN à Jakarta, l’Indonésie a demandé l’envoi d’observateurs dans la zone litigieuse du Temple de Preah Vihear. Le Cambodge a salué cette décision alors que la Thaïlande n’a pas encore accepté la présence de ces observateurs indonésiens.
L’impuissance de l’Asean à résoudre le conflit pose problème
En théorie l’Asean ambitionne de fonctionner comme un seule et même entité économique, pour constituer une zone économique intégrée de 600 millions de personnes et disposant d’un PIB de 1,8 milliard de dollars. Ce serait alors la troisième économie d’Asie et un pont culturel et commercial entre la Chine, l’Inde, le Moyen-Orient et le Pacifique.
Mais comment défendre l’intégration économique d’une zone dont certains pays membres sont en guerre et incapables de résoudre leur différend autrement que par les armes ?
Le ministre indonésien des Affaires étrangères Marty Natalegawa a appelé le Cambodge et la Thaïlande à mettre fin à tous actes militaires, suite aux affrontements intervenus entre leurs troupes vendredi matin.
Il a déclaré qu’en tant que président de l’ASEAN, l’Indonésie demande au Cambodge et à la Thaïlande de mettre fin immédiatement à tous actes d’hostilité et de régler leurs litiges par la voie pacifique, a rapporté la presse cambodgienne. Selon le dirigeant indonésien, le recours à la violence est inacceptable au sein de l’ ASEAN.
Carl Thayer, un spécialiste de l’Asie du Sud de l’Australian Defense Force Academy estime que la résolution de cette crise est un test pour l’Indonésie, en tant que président de l’ASEAN. Parce que l’Indonésie est un pays respecté, et une partie neutre, elle pourrait réussir à convaincre les deux parties de négocier avant que la région entière ne soit affectée.
« Le conflit entre la Thaïlande et le Cambodge affecte également la perception globale de la région. Les pays les plus vertueux et mieux gouverné sont pénalisés par l’action de la Thaïlande et du Cambodge, en raison de revendications nationalistes exagérés. »
estime Thayer.
La Chine, dont l’influence va croissante dans la région a aussi appelé le Cambodge et la Thaïlande à résoudre leurs différences par le dialogue.
“Le Cambodge et la Thaïlande sont deux membres de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (ASEAN) et ils sont tous deux de bons voisins de la Chine. La Chine espère que les deux pays vont rester calmes, faire preuve de retenue et résoudre leurs différences par la consultation”,
a déclaré vendredi le porte-parole du ministère chinois des Affaires Hong Lei, dans un communiqué.
Les combats ont ému les autres membres de l’ASEAN, et constituent un premier test de l’un des ses principaux objectifs de l’organisation: maintenir la stabilité et la paix dans la région. Certains experts de la sécurité régionale estiment que le principe de base de l’organisation de ne pas interférer dans les affaires intérieures de ses membres, montre aujourd’hui les limites de son efficacité.
7 comments
j’habite kokkacchai près de la frontère cambodgienne à 5 km à vol d’oiseau nous sommes parti de la maison le 23 avril les combats faisaient rages mitrailleuses et canons nous avons été diriger vers un camp du secours de la crix rouge THAILANDAISE après PRASAT le 26 avril on nous appelle pour nous dire qu’une bombe est tombée sur la maison le 27 avril nous allons à la maison pour constater les dégats et bien nous ne pouvons plus vivre dedans il n’y à plus de toit tous les plafonds sont tombé après renseignements auprès des autorités militaires 5 bombes ont explosées dans la maison et 5 bombes à fragmentations à l’extérieur à l’intérieur c’est un ramassis de gravats pas d’eau pas d’électricité je suis le seul farang à avoir eu la maison bombardée les familles thailandaises sont rentrez chez eux MA FAMILLE IMPOSSIBLE nous sommes des réfugiés. moupas
Autant je ne suis pas un supporter de Hun Sen, autant, sur cette affaire, il me semble avoir fait preuve de retenue et de sens des responsabilités (ce qui n’est pourtant vraiment pas son fort sur les autres sujets).
Une querelle frontalière est par définition une affaire internationale, et pourtant, cette fois, elle me semble beaucoup plus être une affaire intérieure de la Thaïlande, avec les chemises jaunes qui font tout leur possible pour dé-crédibiliser le premier ministre et son gouvernement…
Espérons que les prochaine élections mettent tout ça au clair (Mais j’en doute).
Le Cambodge est déjà une démocratie puisqu’il y a des élections libres organisées tous les 5 ans, si M. Hun Sen est au pouvoir depuis 25 ans, c’est aussi grâce à la volonté de son peuple, contrairement aux pays du Moyen-orient et de l’Afrique du nord (barhein, Yemen, Oman, Egypte, Tunisie, Lybie, Maroc, Syrie etc…).
En ce qui concerne les révoltes et les bains de sang, le Cambodge n’a pas attendu ces derniers évènements pour commencer, il l’a connu depuis 1970 jusqu’à la mort de Pol Pot en 1998.
Hun Sen est au pouvoir depuis 25 ans, juste un peu moins que Moubarak au début de cette année !
A quand une révolution pour ramener la démocratie au Cambodge ? (Non, je ne parle pas d’une succession à la Kim Jong Il, avec le fiston …)
@ Angelo Michel,
Je vois que le côté thailandais vous inspire plus que le côté cambodgien, mais néanmoins, cela ne vous empêche pas d’être plus honnête vis-à-vis de la réalité des évènements.
Vous avez dit que la Thaïlande est une démocratie avec ses qualités et ses défauts, je suis tout à fait d’accord, et cela est aussi vrai pour le Cambodge, et aussi que pour tous les pays en voie de développement qui inspirent à la démocratie et à l’état de droit, de l’Afrique en passant par l’Amérique Latine jusqu’aux pays du Moyen-Orient et en Asie.
Parlant de la démocratie à la Thaïlandaise, vous avez oublié d’énumérer le nombre de coups d’états qui se sont produites ces dernières décennies, j’imagine que je dois vous laisser le luxe de le faire vous-même.
Pour vous aider, pas moins de 18 coups d’états…
Je précise également que le petit royaume du Cambodge n’a pas connu de révoltes politiques ces dernières années, ni instauré une loi martiale comme en Thaïlande, non plus, vu de défilé de blindés dans sa capitale, de bain de sang, ni même le son d’une Kalaschnikov comme sa grande voisine, et ne parlons pas des têtes coupées dans le sud de la Thaïlande, cela ne ferait que vous rappeler les mauvais souvenirs.
M. Abhisit Vejjajiva est un petit Oxfordien des plus classique, monté au pouvoir grâce à des manoeuvres de coup d’état, tandis que M. Hun Sen est un fin politicien avisé et autodidacte, qui a fait ses armes depuis la plus basse classe hiérarchique, donc un modèle de réussite sociale.
Vous qui êtes français ou “pharang” en siamois, devez connaitre le sens du mot “pogrom”, et le mot “émeute” il ne faut pas confondre les mots, puisque entre l’un est l’autre, c’est totalement différent.
Je vous laisse encore le luxe de faire une petite recherche sur le petit Robert.
Il n’y a jamais eu de progrom, mais une émeute anti-thaïlandaise de la part des étudiants cambodgiens, à cause des déclarations calomnieuses d’une actrice thaïlandaise dont je vous laisse encore un 3è luxe de faire quelques recherches.
Aucun observateur étranger a donné raison à la Thaïlande pour le moment, ils savent tous le petit jeu dont jouent les politiciens thaïlandais du P.A.D envers le gouvernement de Phnom-Penh…le petit jeu du chat et à la souris, sauf que cellui-ci est un éléphant, et le Cambodge, une fourmi.
“La Thaïlande est une démocratie (avec ses qualités et ses défauts), avec à sa tête un Oxfordien des plus classiques …”
Il y en a qui croient encore au Pere Noel, ou qui ont interet a minorer l’importance du complexe militariste qui tient les renes de ce pays (et ne tient pas a les lacher, par exemple lors d’une election).
Excellent article, mesuré (comme il se doit), du vrai travail de journaliste …
Pour ma part, je pense que l’efficacité de l’ASEAN n’est pas en cause, c’est la dissymétrie des deux pays en conflit qui en est la vraie cause.
La Thaïlande est une démocratie (avec ses qualités et ses défauts), avec à sa tête un Oxfordien des plus classiques …
Le Cambodge est une dictature avec à sa tête un ex-KhmerRouge issu de la jungle qui ne respecte aucun accord ni aucune règle …
Le Monsieur est allé jusqu’à organiser des pogroms anti-thaïlandais dans son pays, alors des incidents frontaliers sont peu de chose pour lui !
Pour les observateurs, la Thaïlande a raison de les refuser, HunSen est fort capable d’utiliser la tactique “libanaise” (on se place à proximité des observateurs, on tire au mortier, les observateurs reçoivent la riposte …
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