Selon deux études publiées la semaine dernière, un nombre important d’aliments vendus sur le marché thaïlandais, dont les aliments étiquetés bio, contiendraient des quantités de substances chimiques trop importantes.

Alors que la Thaïlande ne cesse de vanter les mérites de sa cuisine comme moyen de promouvoir le tourisme, le royaume est touché par un scandale alimentaire inquiétant.

Deux rapports publiés par le Thai-Pesticide Alert Network (Thai-Pan), et la Fondation pour les  consommateurs (Fondation for Consumers) contiennent des révélations alarmantes qui touchent sérieusement au domaine de la santé publique.

Des saucisses gorgées de conservateurs chimiques

La fondation pour les consommateurs a révélé suite à un test effectué aléatoirement que trois marques sur 15 de saucisses contenaient un taux très élevé de nitrite de sodium.

Dans l’alimentaire, le nitrite de sodium est un additif alimentaire réputé avoir une influence cancérigène sur de nombreux organes.

Selon, les normes de l’organisation des Nations Unies, le taux de Nitrite de sodium doit être limité à 80 milligrammes par kilo de viande.

Le rapport de la fondation pour les consommateurs déplore que les trois marques de saucisses aient un taux bien plus élevé. Or les saucisses sont un aliment très populaire en Thaïlande. Les Thaïlandais en consomment environ 300 000 tonnes  par an.

La cuisine du monde a du plomb dans l’aile

Dans son éditorial le Bangkok Post exige une réaction des pouvoirs publics. Selon eux, la Thaïlande ne peut pas se vanter d’être la « cuisine du monde » et faire face à de tels rapports sur la sécurité alimentaire :

“notre précieux héritage culinaire et son potentiel comme moteur de croissance et de développement sera réduit à néant si les autorités ne se réveillent pas et ne prennent pas des mesures dignes de ce nom en matière de santé alimentaire”.  

Dans un éditorial très critique le Bangkok Post dénonce “La cuisine toxique du monde” et l’inaction des pouvoirs publics dans le domaine de la sécurité alimentaire.

« le mécanisme de sécurité alimentaire doit être entièrement remanié pour faire en sorte que les citoyens consomment les bons aliments. »

Un bio pas très logique

Le Thai-Pesticide Alert Network a lui aussi grâce à des tests d’échantillons de fruits et légumes révélé que 46,6 % contenaient des résidus toxiques dangereux, c’est à dire avec des taux supérieurs aux normes internationales

thaipan
L’étude de Thaipan a porté sur 10 légumes et six fruits, examinés dans 138 échantillons collectés en Thaïlande. Pour les fruits, seule la pastèque a été trouvée sans traces de pesticides.

Un quart de ces produits échantillonnés sont certifiés comme biologiques, ou organiques, ce qui exclut en principe l’utilisation de pesticides et de produits chimiques.

La place de l’agriculture biologique en Thaïlande

Depuis quelques années, l’agriculture biologique prend une place de plus en plus importante au sein du royaume, mais l’absence de contrôle public sur les normes à respecter rend son implantation compliquée, voire dans certains cas peu crédible.

Selon Chutima Bunyapraphasara, secrétaire permanente du ministère du commerce :

« La population est de plus en plus concernée par les risques qu’implique la consommation de nourriture industrielle utilisant des produits chimiques »

À Bangkok,  il existe des exploitations 100% bio où les fertilisants utilisés sont entièrement naturels.

Pour le moment 7405 fermes biologiques ont été recensées en Thaïlande pour un total de 35 058 hectares cela équivaut donc à 0,21% du territoire.

La Thaïlande se classe en 8e position des pays d’Asie ayant la plus grande surface utilisée pour le bio.

Le bio pour les Thaïlandais aisés et les expatriés

Dans le royaume, la nourriture biologique ne concerne pas l’ensemble de la population.

Les consommateurs sont souvent minoritaires et selon une enquête de l’International Food and Agribusiness Management Association, le profil type est une femme de plus de 35 ans, mère de famille, cultivée et ayant un niveau de vie aisé.

Les plus concernés sont les expatriés et surtout les Américains, Européens et Japonais. Ce sont notamment les plus informés sur les risques de l’agriculture industrielle.