En principe cette tache revient au premier ministre M. Somchai Wongsawat, dont le parti (le PPP, pro Thaksin) a largement remporté les élections législatives en décembre dernier.

Mais celui-ci, de retour du sommet de l’APEC au Pérou, va probablement être obligé de se poser à l’aéroport de Chiang Mai, à plus de 800 kilomètres de Bangkok.

Ceci pour éviter les manifestants de la PAD (Alliance du peuple pour la démocratie, opposition se réclamant du soutien de la monarchie), qui occupent désormais les deux aéroports de Bangkok.

La situation pourrait presque prêter à sourire si trois attaques à la grenade contre la PAD n’avait déjà fait trois morts et une cinquantaine de blessés. Pour beaucoup d’observateurs, cette explosion de violence contraste singulièrement avec l’image de “pays du sourire” et d’hospitalité qui a fait de la Thaïlande une des principales destination touristiques du sud est asiatique.

M.Somchai Wongsawat, chef du gouvernement du royaume de Thailande

Le réveil est assez brutal lorsqu’on apprend que l’on tire à vue à l’arme à feu dans l’avenue qui mène à Survanabhumi (le nouvel aéroport international de Bangkok)  et qu”on s’entraine au lancer de grenades à Don Mueang (l’ancien aéroport de Bangkok).

Quelle crédibilité peut encore avoir un gouvernement qui campe dans un ancien aéroport et qui n’ose plus faire atterrir son premier ministre à moins de 800 kilomètres de sa capitale ?

Comment ne pas s’étonner que circulent librement dans Bangkok des milices transportant des armes à feu, qu’elles n’hésitent pas à utiliser en cas de besoin ?

En théorie c’est bien au gouvernement de faire régner un minimum d’ordre en Thaïlande, mais pour cela il a besoin du soutien l’armée.

Or l’armée semble avoir son propre agenda depuis le début de la crise, et surtout préférer assez clairement la tranquillité des casernes aux sorties de rue. Le fait est que les généraux ne semble pas avoir vraiment l’intention de soutenir le gouvernement dans sa tentative de rétablir un minimum de sérieux dans la vie politique thaïlandaise.

Lorsque le précèdent gouvernement de M.Samak avait déclaré l’état d’urgence au mois de septembre, il l’avait levé au bout de 48 heures en reconnaissant benoîtement qu’il “avait servi à rien”.

D’une certaine façon, cette crise politique pourrait être salutaire pour la Thailande et l’obliger à clarifier le fonctionnement de son système politique, qui est en principe celui d’une démocratie parlementaire et d’une monarchie constitutionnelle.

Le roi de Thailande n’a en théorie aucun pouvoir, et a cette fois adopté un mutisme complet depuis le début de la crise politique. Immensément révéré par ses sujets qui se tournent vers lui en temps de crise, il représente toujours un ultime recours au cas où les choses devraient mal tourner. C’est bien sur la dessus que compte la PAD en essayant de mettre le gouvernement le dos au mur.

1 comment
  1. Une fois de plus on ignore le rôle prépondérant des Sino-Thaïs qui se disputent le pouvoir et tirent les ficelles aussi bien d’un côté que de l’autre. En fait, l’ancien Siam est gouverné par les conglomérats sino-thaïs qui contrôlent la finance, l’économie et la politique. Les paysans qui attendent désespérément d’être payés pour leur récolte de riz ne se font pas plus d’illusions sur les promesses du clan Shinawatra que sur les sirènes élites de Bangkok.

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