Cinq ans après son coup d’État, le chef de la junte thaïlandaise Prayuth Chan-ocha a peut-être réussi la mission la plus difficile de sa carrière de militaire: se faire élire.

Depuis des mois le général qui a pris le pouvoir en mai 2014 à la suite d’un coup d’Etat, parcourt le pays pour préparer les élections de dimanche, tentant de donner de lui une image plus sympathique que celle du général putschiste au tempérament ombrageux.

« On peut tout faire avec des baïonnettes, sauf s’assoir dessus », la citation que l’on attribue à Talleyrand, est censée illustrer les limites d’un pouvoir qui se maintient par la force.

C’est aussi le défi que tente de relever le général Prayut : essayer de faire approuver démocratiquement le pouvoir qu’il a conquis par les baïonnettes.

Pour cela il s’est efforcé ces derniers mois de donner une image un peu moins rigide que celle du général bougon sanglé dans son uniforme qui menace les journalistes qui osent lui poser des questions.

Les photographes ont montré récemment le Premier ministre, âgé de 65 ans, en train de siroter un café glacé dans des marchés en plein air, ou rejoignant des villageois pour une danse folklorique improvisée.

Prayut est également doué la chanson, ayant composé lui-même huit chansons depuis son accession au pouvoir après le coup d’État de 2014.

La première chanson, «Returning Happiness to Thailand», a été publiée peu de temps après le coup d’État, et la dernière chanson, « A New Day », est sortie le 4 mars.

Un large éventail de pouvoirs

Mais le général Prayut, qui vient de fêter ses 65 le 21 mars, a surtout été critiqué pour son large éventail de pouvoirs. En plus d’être Premier ministre et chef de la junte, il a également le pouvoir de nommer les 250 sénateurs de la prochaine Chambre haute.

Conformément à la Constitution en vigueur, les sénateurs seront habilités à désigner avec les 500 députés élus dimanche le futur Premier ministre pour un mandat de cinq ans.

Le général Prayut est né le 21 mars 1954 dans la province de Nakhon Ratchasima, dans le nord-est du pays. Son père était un colonel de l’armée et sa mère, une enseignante. Il a deux frères et une sœur – un frère est général de l’armée et sa sœur, est général de l’armée de l’air.

Prayut a fait ses études primaires à Lop Buri et ses études secondaires à Bangkok, et a obtenu son diplôme de l’école préparatoire des académies des forces armées en 1971 et de l’académie militaire royale de Chulachomklao en 1976.

Après avoir obtenu son diplôme, il a commencé sa carrière militaire dans le 21e régiment d’infanterie, appelé « le régiment de la Reine », ou Queen’s Guards.

Il devint ensuite commandant adjoint de la 2e division d’infanterie, dont les officiers commandants formaient la puissante faction «Burapha Phayak» (Tigres de l’Est) de l’armée. 

https://youtu.be/5g7D-HCg7JM

«Returning Happiness to Thailand», publiée peu de temps après le coup d’État

Les «frères d’armes» de Prayut, issus de factions influentes, sont aussi des anciens anciens chefs de l’armée, le général Prawit Wongsuwan et le général Anupong Paochinda, tous deux membres clés de son cabinet.

En 2003, Prayut fut promu commandant de la 2e division d’infanterie. Deux ans plus tard, il est devenu commandant adjoint de la 1re Zone d’armée, qui comprend la 2e Division de l’infanterie, et a été promu à nouveau commandant dans un délai d’un an.

Le général a été chef d’état-major de l’armée royale thaïlandaise de 2008 à 2009. Il est devenu commandant en chef de l’armée en 2010, succédant à Anupong. Quatre ans plus tard, en mai 2014, il dirigeait le dernier coup d’État du pays, entrainant la destitution du gouvernement de Yingluck Shinawatra élue en 2011.

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