Dans une longue allocution télévisée, le général Prayut qui dirige le gouvernement thaïlandais depuis le coup d’Etat du 22 mai, a justifié la prise du pouvoir par l’armée, et donné davantage de détails sur le programme politique du nouveau pouvoir.

En voici les principaux extraits :

La justification du coup d’Etat

Permettez-moi de rappeler qu’il y avait de nombreuses raisons pour lesquelles il était nécessaire pour le NCPO de prendre le contrôle de l’administration nationale à partir du 22 mai.

La plus importante est que nous respectons la démocratie. Notre décision était fondée sur le fait que les trois principales branches du gouvernement – exécutif, législatif et judiciaire – étaient affectées par la situation politique de l’époque.

Il y avait un conflit généralisé dans toutes les couches de la société, ce qui a conduit à l’effondrement de l’Etat de droit.

Les agences indépendantes n’étaient plus capables de s’acquitter pleinement de leurs fonctions, et le système judiciaire ne fonctionnait pas efficacement. Les gens ont commencé à perdre confiance dans l’ensemble du système.

Comme les lois n’étaient pas respectées, nous étions donc en train de devenir une société immorale.

Un Etat contrôlé par des individus et des partis corrompus

Les représentants de l’État étaient contrôlés par des individus corrompus, des partis politiques et des régimes populistes. Le pays a été pratiquement paralysé. Il y avait de bonnes choses aussi, mais je ne fais que mentionner les problèmes ici ce soir.

En conséquence, il y avait un conflit généralisé à tous les niveaux. La société, l’économie, et nos relations internationales ont été affectés. Nous étions en train de perdre la confiance de la communauté internationale.

Nous comprenons que nous vivons dans un monde démocratique, mais nous devons aussi nous interroger pour savoir comment la Thaïlande peut être faire face aux nombreux défis que la démocratie apporte.

Nous devons faire des réformes dans de nombreux domaines : les méthodes d’administration, le système budgétaire, et même le système électoral – le point de départ de la démocratie elle-même. Les freins et contre-pouvoirs doivent être améliorées. La dictature parlementaire doit être supprimée.

Retour à la normale

Tous ces problèmes ont crée des conflits dans la population thaïlandaise. Nous étions malheureux en tant que nation. Donc, je me suis demandé “comment pouvons-nous laisser cela continuer?”

Rappelez-vous que nous avions déjà tout essayé pour résoudre le problème par des moyens pacifiques. Aucune démarche n’a abouti. Cette situation a duré depuis plus de 9 ans, et les 6 derniers mois ont été les plus intenses. Il y eu beaucoup de morts, des blessés, des pertes et des problèmes juridiques dont beaucoup sont encore en suspens.

Donc, ce que nous faisons aujourd’hui est d’essayer de tout ramener à la normale. Nous avons l’intention de rendre le bonheur à tout ceux qui vivent en Thaïlande, les Thaïlandais et les étrangers; élargir la coopération avec nos partenaires, et nous préparer pour la Communauté de l’ASEAN et de l’AEC dans un proche avenir.

La communauté internationale doit faire preuve de patience

Quant à la communauté internationale, nous faisons appel à votre patience pour nous donner le temps de reconstruire notre pays, notre démocratie, une vraie démocratie pour les Thaïlandais avec l’ordre et la compréhension, une démocratie avec de la bonne gouvernance en conformité avec les philosophies ensignées au peuple thaïlandais par Sa Majesté le Roi.

Je comprends qu’il est très dangereux d’utiliser le pouvoir absolu pour résoudre les problèmes économiques et financiers nationaux, en particulier sur le long terme. Mais les problèmes les plus importants auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui concernent l’énergie, la fiscalité, les prix des marchandises, et les réseaux de créanciers non vérifiées. Tout cela doit être traité dès que possible, mais avec une attention minutieuse.

Mon intention est de créer l’unité parmi la population thaïlandaise. Les gens doivent sentir qu’eux et leurs propriétés sont protégés; qu’ils vivent dans une société juste et morale – une société qui ne tolère pas la corruption.