L’homme d’affaires russe Viktor Bout, aura finalement passé plus de deux ans dans les prisons thaïlandaises, avant d’être extradé vers les Etats Unis. Une décision qui suscite des critiques de la part de la Russie qui estime que les motivations américaines dans cette affaire sont avant tout politiques.

Le ministère russe des Affaires étrangères a exprimé vendredi sa déception à l’ambassadeur de Thaïlande en Russie Chalermpol Thanchit suite à la décision de la Cour d’appel thaïlandaise d’extrader l’homme d’affaires russe Viktor Bout aux États-Unis d’ici trois mois.

Nous avons exprimé notre déception et incompréhension face au verdict politiquement motivé de la Cour d’appel thaïlandaise qui infirme le refus d’extrader M.Bout vers les Etats-Unis en raison de l’insuffisance des preuves présentées par la partie américaine, jugement rendu par la Cour pénale thaïlandaise en août 2009

a noté le ministère dans un communiqué.

Homme d’affaires russe spécialisé dans les transports aériens de fret et la vente d’armes, Viktor Bout a été arrêté par la police thaïlandaise à Bangkok le 6 mars 2008 à la demande des États-Unis qui l’accusent de trafic d’armes au profit des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC). Il encourt la réclusion à perpétuité. Viktor Bout estime pour sa part être victime d’un procès politique.

Ancien officier de l’armée de l’air soviétique reconverti dans les affaires, M.Bout a été arrêté le 6 mars 2008 en Thaïlande au terme d’une opération menée sous l’égide d’Interpol. Lors des audiences, le prévenu a plaidé non coupable et déclaré être victime d’un procès politique. En août 2010, le tribunal thaïlandais a pris la décision d’extrader M. Bout vers les Etats-Unis où il pourrait être condamné à perpétuité.

La Russie juge inadmissible la pression exercée par Washington sur les autorités exécutives et judiciaires de la Thaïlande en vue d’amener ce pays à extrader le ressortissant russe Viktor Bout vers les Etats-Unis, a déclaré le porte-parole de la diplomatie russe Andreï Nesterenko.

Notre attention a été retenue par les publications parues dans la presse thaïlandaise et dans d’autres médias étrangers au sujet des tentatives incessantes de la partie américaine visant à faire pression sur les autorités exécutives et judiciaires de la Thaïlande afin d’obtenir l’extradition de Viktor Bout vers les Etats-Unis. Nous considérons ces démarches déployées en dehors des normes juridiques comme inacceptables et entravant l’examen équitable du dossier Bout

a affirmé le diplomate.

L’affaire Viktor Bout avait commencé de manière spectaculaire le 6 mars 2008, avec son arrestation dans un hôtel, en  plein coeur Bangkok après avoir été piégé par des agents américains. Ils  se faisaient passer pour des responsables de la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) cherchant à acheter des armes.

La biographie de Bout reste en grande partie à écrire : quarante-deux ans, né au Tadjikistan et parlant plusieurs langues, il aurait appris l’anglais, le français, mais aussi le persan et le zoulou. Il aurait vécu aux Émirats arabes unis, puis en Afrique du Sud. Viktor Bout est-il vraiment un trafiquant ou un simple intermédiaire au service de puissants personnages en Russie et en Ukraine ?

Ancien officier de l’armée de l’air soviétique, Viktor Bout est accusé d’avoir vendu des armes aux quatre coins de la planète, y compris pour des pays placés sous embargo a sur la vente d’armes par l’ONU, comme l’Angola, Sierra Leone, République démocratique du Congo… Bout, dont la vie a inspiré un livre – “Le marchand de mort” – et un film – “Lord of War” – aurait réalisé ces trafics grâce à plusieurs compagnies aériennes, dont Air Cess, basée à Sharjah, aux Émirats arabes unis. Faisant l’objet d’un mandat d’arrêt international, il se réfugie en 2001 à Moscou, où il échappe aux tentatives d’arrestation grâce à ses cinq passeports, et ses différentes identités. À partir de 2002 et d’une plainte de la Belgique pour le blanchiment de 325 millions de dollars, Interpol recherche Viktor Bout, mais ce n’est qu’en avril 2005, que le Trésor américain gèle ses comptes aux Etats Unis.