L’arrestation d’une quatrième personne dans la diffusion de rumeurs sur la santé du monarque thaïlandais confirme l’intransigeance des autorités concernant tout ce qui a un rapport avec la monarchie. Les charges retenues contre les trois personnes déjà interpellées et libérées sous caution, semblent cependant manquer de consistance.

Pour éviter la propagation de rumeurs, plus ou moins invérifiables, le plus simple ne serait-il pas tout simplement d’informer les médias avec des informations fiables ? La censure et le tabou qui entourent toutes les informations autour la monarchie ne peut que conduire à des effets indésirables, sous formes de rumeurs qui conduisent à des arrestations souvent inutiles.

Selon l’ONG de défense de la liberté de la presse RSF, les trois internautes  interpellés et poursuivis pour “propagation de fausses nouvelles sur la santé du roi mettant en danger la sécurité nationale” ne devraient pas être poursuivis. Reporters sans frontières demande que les charges portées à l’encontre de ces trois internautes soient abandonnées.

La bourse de Thaïlande (SET) avait perdu 7,2% en deux jours les 14 et 15 octobre derniers sur fond de rumeurs sur la santé du roi Bhumibol Adulyadej, soit la plus importante baisse de l’année sur deux jours consécutifs.Le plus ancien monarque en exercice au monde, qui fêtera ses 82 ans le 5 décembre prochain, était hospitalisé depuis bientôt un mois à l’hôpital Siriraj de Bangkok, pour une infection au poumon avec de la fièvre. Les accusés avaient simplement posté en ligne des articles tentant d’expliquer la chute de la Bourse de Bangkok du mois dernier par l’état de santé du roi Bhumibol Adulyadej, hospitalisé le 19 septembre à l’hôpital Siriraj de Bangkok. Theeranan Vipuchan avait traduit une dépêche de l’agence financière américaine Bloomberg, puis avait mis en ligne sa traduction après la chute de la Bourse

Le Computer Crime Act de 2007 ne cite pas le crime de lèse-majesté. Mais comme il vise les crimes menaçant la sécurité nationale et que le crime de lèse-majesté menace, selon le droit thaïlandais, la sécurité nationale, ce délit peut être puni par la loi anticyberciminalité. De nombreuses entreprises du secteur Internet coopèrent avec les autorités en leur donnant toute information requise sur les internautes pour ne pas être fermées. La Cour suprême n’a encore jamais statué sur le Computer Crime Act.

Reporters sans frontières rappelle qu’environ 55 000 sites seraient actuellement bloqués en Thaïlande et que 34 poursuites sont en cours pour crime de lèse-majesté. Du coup la Thaïlande se retrouve en 130e position, en compagnie de la Malaisie et du Vietnam pour le classement 2009 de la liberté de la presse dans le monde de RSF.

Le roi de Thaïlande n’a aucune prérogative constitutionnelle, mais bénéficie d’une très forte autorité morale, et reste souvent considéré comme la seule personnalité capable de réunir les Thaïlandais, surtout en cas de crise grave. T rois ans après le coup d’Etat sans effusion de sang qui a renversé Thaksin Shinawatra, en septembre 2006, l’impasse politique persiste en Thailande où règne un sentiment diffus mais durable de malaise.

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