Le Classement mondial de la liberté de la presse met en évidence une détérioration globale en 2014. Éprouvée par les conflits, la menace accrue d’acteurs non étatiques, les exactions commises lors de manifestations et par la crise économique et financière, la liberté de la presse régresse sur les cinq continents.

Les indicateurs retenus par Reporters sans frontières sont sans appel. 2014 est l’année d’une régression brutale pour la liberté de l’information.

Les deux tiers des 180 pays figurant au Classement mondial de la liberté de la presse 2015 affichent de moins bonnes performances, en valeur absolue, que dans l’édition précédente.

La Thaïlande passe de la 130e à la 134e place en dans le classement 2015 de la liberté de la presse publié par RSF, très loin des scores où elle se situait au début des années 2000.

La Thaïlande se retrouve ainsi plus mal classée que l’Ukraine (129) et peu avant l’Indonésie (138), le Cambodge (139) ou la Birmanie (144).

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Depuis la création du classement RSF en 2002, la position de la Thaïlande s’est nettement dégradée

 

Après le coup d’Etat du 22 mai 2014, la situation de la presse s’est nettement dégradée en Thaïlande.

Le Conseil national pour la paix et l’ordre (National Council for Peace and Ordre, NCPO) a annoncé, le 25 juin 2014, la création de commissions de contrôle du contenu des médias. La raison officielle invoquée par les militaires : éviter que ceux-ci ne deviennent des outils de diffusion de fausses informations pouvant inciter à la violence et la haine publique contre la monarchie.

Les programmes de radios, la télévision, la presse écrite, les médias en ligne, les réseaux sociaux et les médias étrangers seront désormais surveillés chacun par un comité différent. Différents panels seront créés afin de contrôler le contenu des médias.

Ils seront composés de représentants de la police royale (Royal Thai Police), de l’armée, de la marine, de l’armée de l’air, du ministère des Affaires étrangères (foreign affairs ministry), du bureau du Premier ministre (Office of the Prime Minister), du département des relations publiques (Public Relations Department) ainsi que de plusieurs autres organes étatiques.

Les médias ayant diffusé un contenu inapproprié (inappropriate content) pourraient être poursuivis pénalement. Les “fausses” informations diffusées seraient immédiatement rapportées auprès du général Prayuth tandis que les comités seront censés préparer régulièrement des rapports destinés au général.

“La création de ces comités constitue une étape supplémentaire dans le musellement de l’information par la junte militaire thaïlandaise. La junte est-elle en train d’instaurer un modèle de censure à la birmane ?”, s’interroge Benjamin Ismaïl, responsable du bureau Asie-Pacifique de Reporters sans frontières.

L’indice annuel exprimant l’intensité des atteintes à la liberté de l’information dans le monde culmine à 3719 points, soit une hausse de 8% par rapport à 2013 et de près de 10% depuis 2012. Un recul qui concerne tous les continents

En Asie, le Timor-Oriental (103e) accuse une chute de 26 places. La création d’un conseil de la presse et l’adoption d’un code de déontologie fin octobre 2013 ont déçu. En 2014, une loi répressive contre les médias est proposée, qui incite à l’autocensure généralisée.

Les hausses

Elles sont peu nombreuses. La Mongolie (54e) signe la plus belle progression au Classement avec 34 places gagnées. Très peu de violations y ont été recensées en 2014, tandis que les bénéfices des lois sur l’accès à l’information commencent à se faire sentir. Des problèmes demeurent, notamment sur le plan législatif, mais la situation est en nette amélioration.

Le Népal (105e) gagne 15 places grâce à une baisse des violences perpétrées par les forces de l’ordre contre les journalistes, notamment lors des manifestations. Une amélioration qui reste à confirmer sur l’année 2015.