La police thaïlandaise a officiellement ouvert une enquête sur la mort en détention d’un imam dans le sud musulman de la Thaïlande. Cinq officiers de l’armée sont l’objet d’une enquête par la police militaire après qu’une enquête a révélé qu’ils étaient impliqués dans la mort récente et apparrement sous la torture, d’un imam des provinces musulmanes du sud, proches de la frontière avec la Malaisie.
“Si les soldats sont reconnus coupables, ils méritent une sanction pénale, sans aucune exception,” a déclaré un responsable militaire “L’armée ne soutient pas l’utilisation de la torture, ou de toute autre forme de violence commis par ses soldats  contre les suspects musulmans.”

L’imam Yapa Kaseng a été retrouvé mort vendredi dernier après avoir été arrêté et détenu par des soldats deux jours plus tôt. Agé de 56 ans le leader local islamique de Ban Kor Tor Narathiwat dans le district Rueso était soupçonné d’implication dans l’insurrection qui a fait plus de 3000 victimes depuis son commencement en 2004.

Des parents qui sont allés le voir le 21 mars ont déclaré que son corps était couvert de contusions et de marques de brûlures, et que ses côtes étaient brisées. Un témoignage confirmé par Human Rights Watch. Les gouvernements successifs ont jusqu’à présent échoué à régler le conflit du sud musulman, faute d’avoir sérieusement considéré une solution politique (un statut spécial d’autonomie par exemple), mais aussi parce que les rebelles séparatistes ne souhaitent pas négocier avec le gouvernement thaïlandais. Ils pensent qu’ils peuvent remporter une victoire militaire et obtenir la création d’un Etat séparé, ce que la Thaïlande n’est pas prête à concéder.
En fait la majorité des Malais musulmans du Sud de Thaïlande ne veulent pas d’un Etat islamique indépendant de Pattani. Ils veulent continuer à vivre en Thaïlande, mais en continuant à conserver leur identité religieuse et culturelle. Les musulmans thaïlandais en général et ceux du Sud en particulier n’éprouvent aucune sympathie pour les groupes de rebelles sanguinaires qui disent se battre pour l’indépendance et leur religion. Mais ils ne se sentent pas pour autant proches des forces de sécurité stationnées dans la région pour les protéger. Pourtant comme l’indique Philippe Migaux “En réalité, ce sont bien les populations locales – non musulmans et musulmans modérés, – qui sont les premières victimes du terrorisme moujahidin en Asie du Sud Est, et non les occidentaux comme prétendaient l’avoir inscrit dans l’histoire les auteurs des attentats de Bali” (L’islamisme combattant en Asie du Sud-Est).

La politique d’ouverture du premier ministre Surayud (nommé en septembre 2006 après le coup d’Etat) en rupture avec celle du gouvernement Thaksin, s’est soldée par un fiasco total : la férocité des attentats commis s’est aggravée en 2007, sans que rien n’indique une quelconque amélioration.

Mais le nouveau gouvernement, formé après les élections de décembre dernier et la victoire du PPP, (dirigé par Samak Sundaravej), ne semble pas vraiment avoir une politique bien arrêtée en ce qui concerne le Sud musulman. Le ministre de l’Intérieur Chalerm Yoobamrung avait dans un premier temps proposé en février un statut d’autonomie spéciale pour le Sud, mais avait été démenti dès le lendemain par le premier ministre Samak.

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