Le 5 décembre, toute la Thaïlande célèbre le 85ème anniversaire de son roi, Sa Majesté le Roi Bhumibol Adulyadej couronné en 1950 sous le nom dynastique de Rama IX.

Le 5 décembre est donc un jour férié dans le royaume, qui est aussi celui de la fête des pères.

Le roi Bhumibol Adulyadej est né le 5 décembre 1927 à Cambridge (Massachusetts , États-Unis), et a été couronné en 1950 sous le nom dynastique de Rama IX. Il est donc le neuvième roi de la dynastie des Chakri, fondée en 1782, prenant la succession des rois d’Ayutthaya défaits par les Birmans.

Ce changement dynastique fut aussi l’occasion de la fondation de Bangkok comme capitale du royaume. Les rois Chakri prirent le nom dynastique de « Rama » ; neuf d’entre eux se sont succédé sur le trône depuis 1782.

Affiche officielle des célébrations pour le 85e anniversaire du roi Thaïlande. La lettre dorée qui apparaît en grand sous le portrait du roi représente le chiffre 9 dans l’alphabet Thaï, chiffre considéré comme porte bonheur par les Thaïlandais.

L’actuel roi de Thaïlande est aussi le plus ancien chef d’État en exercice actuellement. 

Monarchie constitutionnelle depuis la promulgation de la première constitution du Royaume en 1932, l’institution continue aujourd’hui d’inspirer un profond sentiment  de respect et sert de force unificatrice pour le pays. Plus encore, la monarchie est étroitement associée au sentiment national d’être thaïlandais.

Le plus ancien monarque en exercice dans le monde

Le 5 décembre dans tout le pays, façades de maisons, édifices publics et bureaux seront illuminés et parés de décorations affichant aussi une profusion de photos du respecté monarque.
 À Bangkok, la zone comprise entre le Chittlâdâ Palace, l’Assemblée nationale et le Grand Palais sera le théâtre de nombreuses  manifestations : films et spectacles en plein air, danses et concerts, feux d’artifices et de nombreuses autres surprises animeront ce jour férié cher au cœur des Thaïlandais, qui est aussi celui de la Fête Nationale.

Souverain constitutionnel, chef de l’État et protecteur des religions de Thaïlande, Sa Majesté le Roi Bhumibol Adulyadej jouit d’une immense estime de la population thaïlandaise. La longueur de son règne, son constant intérêt pour le développement des zones défavorisées du royaume et ses actions conciliatrices et sages lors des conflits, expliquent cette dévotion, qui le place parmi les souverains les plus vénérés, en compagnie de son aïeul, le roi Chulalongkorn Rama V.

De 1958 à 1963, le roi Bhumibol a multiplié les déplacements en province, présentant  l’image d’un souverain au style renouvelé,  et sensible à la problématique du développement durable des campagnes. Son intérêt prononcé pour les questions scientifiques et agricoles le conduit à patronner de nombreux projets de développement (aujourd’hui près de 1000), dont ceux relatifs aux cultures de substitution, à l’amélioration des espèces agricoles et à la reforestation.

Les apparitions du roi et ses prises de position publiques sont rares et elles ont un retentissement majeur, lui permettant d’apparaître, depuis le milieu des années 70, comme le protecteur de l’ordre social. Témoin de 17 coups d’Etat et de 16 changements constitutionnels, Rama IX a vu défiler 25 Premier Ministres sous son règne.

Bien que n’ayant officiellement aucun pouvoir, il a contribué à la sortie de graves crises politiques qui ont secoué le pays. En octobre 1973, son intervention à la télévision, au cours de laquelle il annonce la démission du gouvernement Thanon, s’est révélée décisive pour apaiser la révolte des étudiants.

En 1981, il réprimande les auteurs d’un coup d’Etat et assure le maintien au pouvoir du Général Prem. En1992, il appelle les deux principaux protagonistes du conflit, le général Suchinda et le général Chamlong, à se réconcilier.

La monarchie thaïlandaise: une autorité morale « indiscutable »

La vénération du peuple thaïlandais pour leur roi est en grande partie la conséquence de l’autorité morale que le Roi Bhumibol Adulyadej a gagné durant son règne. Dans le même temps, elle est enracinée dans les attitudes qui peuvent être retracées aux premiers jours de la Thaïlande comme un État-nation, et dans certains des monarques du passé qui continuent à servir de modèles pour la royauté.

Par ailleurs le roi est littéralement considéré comme une sorte de demi dieu, incarnation vivante des vertus bouddhistes. Les concepts de la monarchie thaïlandaise ont leurs origines dans le royaume de Sukhothai, fondé au début du 13ème siècle et généralement considéré comme le premier royaume thaï réellement indépendant.

A cette époque, et particulièrement sous le règne du roi Ramkhamhaeng le Grand (1275-1317), est né l’idéal d’un dirigeant paternaliste attentif aux besoins de son peuple et conscient du fait que son devoir est de les guider. Cette conviction fait  partie du Dasavidha-rājadhamma, ou les dix préceptes de la royauté, qui – enracinée dans la tradition du bouddhisme Theravada – englobe des vertus telles que la volonté de donner , le sacrifice pour le plus grand bien, la moralité, l’honnêteté, l’ouverture d’esprit, de diligence, la compassion , la persévérance et la droiture.

Encore récemment un sondage menée par l’ABAC de  l’ « Assumption University », sur  l’indice de bien-être chez les thaïlandais montre qu’ils apportent encore massivement leur soutien à la monarchie (indice de satisfaction de 9.3). Mais lorsqu’il s’agit du sujet de la monarchie, la part d’autocensure dans les réponses et difficile à mesurer.

Le règne de l’autocensure

La même précaution s’impose pour tout débat public (ou privé, puisqu’un SMS peut désormais coûter 5 ans de prison…) et notamment dans la presse, où l’autocensure est de règle. Voici la position officielle du gouvernement sur le rôle de la monarchie

Aujourd’hui, la Thaïlande est une monarchie constitutionnelle dotée d’une forme démocratique de gouvernement. Le monarque thaïlandais règne, mais ne gouverne pas. Il s’acquitte de ses rôles en conformité avec la constitution du pays et reste au-dessus de la politique partisane, tout en continuant à contribuer au développement et au bien-être du Royaume et de son peuple.

Mais le nombre de personnes condamnées en vertu de la loi de lèse-majesté a beaucoup augmenté au cours des dernières années et surtout depuis le coup d’Etat de 2006. La mort de Ampon Tangnoppakul en prison en mai dernier, condamné pour de simples messages SMS a choqué une partie de l’opinion publique, et a relancé le débat sur la réforme de cette loi, dite article 112.

L’Etat de santé du roi est aussi un sujet sur lequel l’information circule peu : les apparitions publiques du souverain sont de plus en plus rares, et il a élu domicile à l’hôpital depuis plus de deux ans. La succession du monarque reste aussi un sujet délicat même si l’héritier de la couronne a officiellement été désigné en la personne de son fils, son altesse royale le prince (héritier) Maha Vajiralongkorn, né le 28 juillet 1952.

Lire aussi La Thaïlande, une démocratie médiévale – A la Une, Edito – thailande-fr