Le conflit qui oppose le gouvernement et l’opposition dirigée par le PDRC depuis plusieurs mois semble être entré dans une nouvelle phase, qui se traduit par une pression accrue sur les soutiens financiers du PDRC.

Ce n’est pas un hasard si la seule arrestation effectuée à ce jour par la DSI (police d’investigation thaïlandaise) dans le cercle des proches de Suthep Thaugsuban est celle de Sonthiyarn Chuenruethai-naitham, qui a été décrit par les médias thaïlandais comme un des conseillers au Bureau de la propriété de la Couronne. Le CPB (Crown Property Bureau) est l’organisme qui gère la fortune royale.

Arrêté par la police lundi pour son rôle dans l’organisation des manifestations, il a été remis en liberté après sept jours de détention.

Sonthiyarn Chuenruethai-naitham a été décrit par Tharit Pengdit, le secrétaire général du Département des enquêtes spéciales (DSI, équivalent du FBI américain en Thaïlande), comme la personne «la plus importante après Suthep” dans le mouvement de protestation, car il serait notamment en charge de contacter les soutiens financiers du PDRC.

Des soutiens qui préfèrent rester discrets

Le CMPO ( The center for maintaining peace and order) a annoncé le 12 février qu’il détenait suffisamment de preuves pour incriminer 136 entreprises et personnes susceptibles de financer la campagne du PDRC et dont il menace de publier les noms.

Un financement devenu illégal depuis la mise en place du décret d’urgence à Bangkok et ses alentours. Les entreprises ou individus qui financent le PDRC risquent donc des poursuites judiciaires et une amende de 40.000 baht.

Alors que les différents groupes politiques sont en pleine guérilla judiciaire, cette enquête sur les soutiens financiers du PDRC se place comme une nouvelle tentative pour affaiblir  le parti de Suthep Thaugsuban.

Pourtant si le CMPO affirme détenir son lot de preuves sur certaines entreprises et personnes, ces allégations pourraient se retourner contre lui si il n’avance pas suffisamment d’éléments probants. Certaines organisations ont d’ailleurs menacé d’engager des poursuites contre le centre pour diffamation.

Le quotidien The Post Today a dressé une liste de 19 entreprises suspectées de soutenir financièrement le PDRC incluant plusieurs grands groupes de distribution et chaines hotelières de premier plan.

De son côté le PDRC insiste sur le fait que ses fonds proviennent principalement de donations publiques et non du soutien de société privées. Akanat Promphan, un porte parole du mouvement, a déclaré au Bangkok Post qu’environ 500,000/1 million de baht en liquide sont récoltés chaque jour depuis que les comptes du PDRC on été gelé par le gouvernement.

Les donations sont encore plus importantes les jours ou Suthep marche avec les manifestants : ce dernier aurait d’ailleurs récolté 10 millions de baht ce mardi durant la marche entre Ekamai et Asoke.
Cette version reste néanmoins peu crédible au vue des moyens financiers énormes nécessaires à l’organisation des points de rassemblement dans Bangkok.

100.000 dollars par jour

Selon un article paru vendredi dernier dans le New York Times, les dirigeants ont estimé eux même à 100.000 dollars par jour (environ 3,2 millions de baht) le cout des sites occupés, y compris la location des écrans géants et sonos installées aux intersections que les manifestants bloquent à Bangkok.

D’autant que si la plupart des donateurs préfèrent rester dans l’anonymat par soucis légaux, certains n’hésitent pas à affirmer leur soutien au PDRC. Ainsi la jeune héritière des bières Singha, Chitpas Bhirombhakdi, est très présente sur les lieux des manifestations en compagnie de Suthep.

Cette dernière a d’ailleurs déclenché la colère des pro-gouvernement en déclarant que beaucoup de thaïs n’avaient pas de « vraie compréhension » de la démocratie « en particulier dans les zones rurales ». Colère qui a eu pour effet un boycott officieux des bières Singha et Leo appartenant à la famille Bhirombhakdi.

 

1 comment
  1. Arrêté lundi et nous sommes maintenant samedi….., cela devient un peu flou, je n’arrive pas comme dans votre commentaire à compter 7 jours, un peu plus de précision et de justesse dans vos commentaires bien trop souvent orientés serait un bien.
    Cordialement

Comments are closed.

You May Also Like

Pourquoi la Malaisie et la Thaïlande veulent-elles rejoindre les BRICS ?

Les BRICS, dont le nom remonte à un rapport de Goldman Sachs en 2001, ont longtemps lutté pour trouver un objectif économique ou géopolitique, car ses pays membres ont peu de points communs, hormis le fait d’être grands et non occidentaux.