Les téléphones mobiles et iPhone 3G sont disponibles depuis bientôt un an en Thaïlande, mais la mise en place du réseau dit de troisième génération, a pris un retard considérable. Lourdeurs bureaucratiques et pressions de l’opérateur public TOT ont réussi à bloquer le dossier de l’attribution des fréquences, une fois de plus repoussé au printemps 2010.

L’opérateur historique TOT, qui détient une fréquence 3G depuis 2000, promet de lancer la technologie à Bangkok début décembre, à travers un réseau de 548 stations relais. Mais d’autres opérateurs attendent depuis six ans qu’on leur attribue une fréquence pour proposer ce service à leurs abonnés. Les enchères étaient prévues en décembre 2009, mais elles ne devraient avoir lieu au plus tôt qu’en février 2010.

Un dossier parasité par les enjeux politiques

Les raisons de ces retards sont multiples. Le royaume a d’abord dû attendre la création d’un organisme régulateur indépendant, capable de gérer l’attribution de fréquences entre les différents opérateurs. La NTC (National Telecommunications Commission) n’a vu le jour qu’il y a quatre ans. Aujourd’hui la qualification de cet organisme est elle même en question puisque la nouvelle constitution de 2007 promulguée après le coup d’Etat de 2006 a mis en place une nouvelle commission, la NTBC (National Broadcasting and Telecommunications Commission) qui pourrait aussi avoir son mot à dire sur la 3G.

Le dossier des télécoms est un sujet hautement politique en Thaïlande, car c’est la concession de téléphonie mobile attribuée à AIS (filiale de la holding Shin Corp), qui à permis à Thaksin de faire fortune en un temps record et de s’imposer comme l’homme politique le plus populaire de l’histoire du royaume. C’est également la revente de Shin Corp au fonds Temasek de Singapour qui a précipité sa chute.

L’introduction de la 3G est ensuite parasitée par des débats à connotation nationaliste visant à disqualifier des groupes comme AIS (actionnaire principal : Temasek, Singapour) ou DTAC (actionnaire principal Telenor, Norvège), dont les capitaux sont en grande partie détenus par des sociétés étrangères. Mais le sort des opérateurs historiques, TOT et Cat Telecom, constitue le point de blocage le plus important.

Pour Laurent Perche, responsable Solution et Marketing chez Alcatel-Lucent (Thailand), la 3G est pourtant indispensable à l’image de la Thaïlande.

« Quand une compagnie se demande où elle va installer son siège, les télécoms sont un facteur primordial. C’est comme s’interroger sur l’alimentation en électricité ! Aujourd’hui, l’accès au haut débit est relativement limité. La 3G, en apportant plus de compétition, permettrait une diminution des coûts et des services de meilleure qualité. Le royaume se veut à la pointe de la technologie avec un nouvel aéroport, un Skytrain. Mais si cela continue, il sera le dernier pays à avoir la 3G. »

Les revenus de TOT, l’opérateur historique, au centre du dossier

Jusqu’à présent, les fréquences radios GSM -900Mhz et 1800Mhz- étaient détenues par les deux opérateurs publics (TOT et CAT), qui louaient le droit d’utilisation de ces fréquences à des opérateurs privés, comme AIS ou DTAC, obligés d’accepter des conditions très défavorables. Encore aujourd’hui, le « locataire » doit investir dans les équipements, transférer leur propriété à l’opérateur historique, et enfin lui reverser 20 à 30% de ses revenus.

La Thaïlande sera t-elle el dernier pys de l'Asean à proposer la 3G ?
La Thaïlande sera t-elle le dernier pays de l'Asean à proposer la 3G ?

L’année dernière, TOT a par exemple tiré 19 milliards de bahts (390 millions d’euros) de ce « partage des gains ». En achetant une fréquence 3G, les opérateurs privés de type AIS ne devront plus reverser que 6,5% de leurs recettes à TOT, ce qui représenterait un manque à gagner importants pour les opérateurs historiques. Alors que la 3G est dans les tuyaux depuis des années, aucune solution alternative ne leur a été proposée.

Après de longues années de discussions et de reports, la mise aux enchères des quatre fréquences devrait officiellement commencer en février ou mars 2010. Pour garder l’usufruit de la licence, l’opérateur doit s’engager à développer le réseau sur 50% du territoire d’ici 2 ans et 80% d’ici 4 ans. Le prix de réserve des fréquences a récemment été fixé à 4,6 milliards de bahts (95 millions d’euros) pour les 3 licences de 10Mhz et 5,2 milliards bahts (108 millions d’euros) pour celle de 15Mhz. AIS, DTAC, True et Cat Télécom se sont montrés intéressés, même si certains jugent ce montant minimum trop élevé. La plupart des opérateurs espèrent surtout que la fin du tunnel est pour bientôt.

La Thaïlande dernier de la classe pour la 3G

En effet, la Thaïlande fait figure de pays « à la traine » en matière de téléphonie mobile. Le premier réseau 3G a été déployé au Japon… en 2001, et tout les pays de l’Asean ont commencé à offrir un accès à la 3G sauf le Laos et le Vietnam. Le mois dernier, le directeur général de DTAC a prévenu les autorités que tout nouveau retard risquait de décourager les investisseurs.

Ces délais sont d’autant moins compréhensibles que l’impact de l’arrivée de la 3G sur le PIB sera très important : une étude de la NTC prévoit la création de 80000 emplois et jusqu’à 2.3% de croissance supplémentaire grâce aux retombées du nouveau réseau. Une opinion confortée par Laurent Perche.

« Aujourd’hui, on estime qu’entre 80 et 90% de la population est équipée d’un portable. C’est un marché concurrentiel et accessible : les téléphones sont vendus à tous les coins de rue, le prix à la minute fait partie des plus bas au monde. Pour les opérateurs, le déploiement de la 3G représente des investissements de plusieurs centaines de milliers de dollars. Cela nous permettrait aussi à nous, fournisseurs, de créer beaucoup d’emplois localement. C’est justement en temps de crise que la Thaïlande doit donner une impulsion à ce type d’investissements ».

Et les consommateurs dans tout ça ? A ce jour, aucune régulation des prix des forfaits 3G n’a été mise en place. Les associations de protection des consommateurs craignent donc que ce service soit, au moins dans les premiers mois, proposé à des prix prohibitifs.

Marie Normand

La 3G en pratique

– La 3G, c’est quoi ?

Une nouvelle technologie qui permet de voir son correspondant avec son mobile (visiophonie), de surfer sur Internet plus rapidement ou de télécharger de la musique. Au-delà du « gadget », la 3G permet le développement de toute une forme de micro-économie (accès à l’information facilité pour les professionnels), de micro-finance (paiement avec son portable), ou encore d’éducation à distance.

– Quand pourra-t-on enfin l’utiliser en Thaïlande ?

A moins d’un nouveau retard, les premiers forfaits TOT seront proposés en décembre. Les autres opérateurs devraient lancer les leurs début 2010. Attention, tous les téléphones ne supportent pas la 3G, demander conseil à votre opérateur.

– Je veux changer d’opérateur pour passer à la 3G. Comment garder mon numéro ?

Une nouvelle régulation permettra la portabilité du numéro en cas de transfert d’un forfait GSM à un forfait 3G. Gratuitement.

1 comment
  1. เมื่อไหร่จะใช้ได้สักที ประเทศไทยน่าอายชาวโลก เพราะในขณะที่เรากำลังปรับปรุงระบบ3จี ประเทศอื่นก็กำลังข้ามเข้าสู่4จี น่สมเพชจังเลย รอมาตั้งแต่ปี2548แล้วนะ อย่าคิดว่าไม่ติดตาม

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