L’euro est passé aujourd’hui au-dessus des 38 bahts après avoir touché un plus bas annuel à 34,12 bahts le 5 février 2025. Au 3 avril 2025, les données les plus récentes montrent effectivement un taux EUR/THB dépassant légèrement les 38 bahts.
C’est une relative bonne nouvelle au milieu de la tourmente qui s’annonce (la guerre commerciale tous azimuts déclenchée par Donald Trump), ce qu’on pourrait appeler le « silver lining », comme disent les Américains.
D’autant plus que le choc du « Jour de la libération » de Trump survient quelques jours à peine après un autre événement marquant ayant fragilisé l’économie thaïlandaise : un tremblement de terre en Birmanie qui a ébranlé les plus hauts bars en plein air du monde…
Si vous possédez un compte bancaire multidevise (comme Revolut ou Wise), c’est peut-être le moment de commencer à regarnir votre portefeuille en bahts en vue de vos prochaines vacances en Thaïlande.

Cette évolution un peu inattendue marque en effet une progression notable depuis le creux de 34,12, soit une hausse d’environ 11,5 % en deux mois.
Ce franchissement des 38 bahts s’explique par plusieurs dynamiques. Le baht thaïlandais est sous pression après l’annonce des tarifs de 36 % imposés par Trump sur la Thaïlande (effectifs le 9 avril), qui pèsent sur les perspectives d’exportation et affaiblissent la devise.
Ensuite le récent tremblement de terre rsique fort de provoquer une chute des entrées de devises touristiques.
Parallèlement, l’euro bénéficie d’un regain relatif, porté par une légère correction du dollar et des anticipations d’une politique monétaire européenne moins restrictive. La volatilité des marchés asiatiques, avec des indices comme le Nikkei en chute libre ce matin, a aussi amplifié les mouvements de devises, favorisant ce rebond.
Cependant, cette tendance pourrait être fragile : les incertitudes économiques en Europe et les retombées incertaines des tarifs américains sur la Thaïlande pourraient limiter la hausse de l’euro ou provoquer des oscillations importantes. Mais pour l’instant, l’euro s’est bel et bien installé au-dessus des 38 bahts, un seuil symbolique qui reflète les tensions commerciales et monétaires actuelles.
Envolée temporaire ou changement de direction?
La récente appréciation de l’euro face au baht coïncide avec un événement majeur : l’annonce, le 2 avril, des nouveaux tarifs imposés par Trump—36 % sur les exportations thaïlandaises dès le 9 avril—qui a bouleversé les marchés asiatiques et fragilisé les monnaies de la région. Ce matin, le Nikkei a enregistré une baisse de 4 %, tandis que le baht, fortement dépendant des exportations (dont 17 % destinées aux États-Unis), a subi une pression immédiate.
Cette volatilité pourrait être un sursaut conjoncturel, amplifié par une fuite vers des devises perçues comme plus stables, comme l’euro, dans un contexte de panique passagère. Historiquement, l’EUR/THB a montré des rebonds similaires—par exemple, un pic à 37,09 en septembre 2024—avant de retomber, avec une moyenne sur six mois autour de 36,01. Si les marchés se stabilisent ou si la Thaïlande ajuste ses exportations, le baht pourrait reprendre du terrain, ramenant l’euro sous les 38.
Côté euro, sa force actuelle est relative : il profite d’un dollar hésitant et d’une BCE moins agressive, mais l’Europe reste freinée par des incertitudes économiques (inflation, croissance molle). Sans catalyseur structurel fort, cette poussée pourrait s’essouffler, surtout si les tarifs américains frappent moins durement la Thaïlande qu’anticipé, forçant une réponse monétaire locale.
Un retournement durable supposerait un changement fondamental. Le dépassement des 38 bahts brise une résistance technique clé—le plus haut précédent de 37,89 (3 avril) est désormais un support potentiel. Si l’euro tient ce niveau, il pourrait viser 39 ou 40, comme certains l’espèrent.
Les prévisions de tauxde.com pour avril (38,10) et mai (39,01) soutiennent cette idée. D’autant plus que le baht, sous la menace des tarifs, risque une dépréciation prolongée si les 160 milliards de bahts de pertes estimées se concrétisent, surtout sans riposte thaïlandaise efficace.
L’euro, bien que fragile, pourrait aussi bénéficier d’un rôle accru comme valeur refuge relative face à un dollar volatil et des devises asiatiques chahutées. Si la guerre commerciale s’intensifie—par exemple, avec des représailles chinoises ou des tarifs européens—l’EUR/THB pourrait s’installer dans une nouvelle fourchette plus élevée, marquant un vrai shift après des mois de stagnation sous les 37.
Pour l’instant, les données penchent vers une envolée temporaire. La hausse est trop liée à un choc exogène (tarifs de Trump) et manque de fondations solides pour un trend haussier durable. L’EUR/THB a grimpé de 11,5 % depuis février, mais sans un plan de soutien l’économie clair en Europe ou un effondrement structurel du baht (peu probable), un retour vers la moyenne (36-37) reste probable à moyen terme.
Cela dit, si l’euro se maintient au-dessus des 38 d’ici fin avril et que les impacts tarifaires s’aggravent, un retournement pourrait se dessiner. À court terme, surveillez les 38,5 comme prochain test : un échec à ce niveau renforcerait le scénario d’une hausse temporaire.